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CANDYMAN de Nia DaCosta : la critique du film

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Spectateurs

Carte d’identité :

Nom : Candyman
Mère : Nia DaCosta
Date de naissance : 2020
Majorité : 29 septembre 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h31/ Poids : NC
Genre : Horreur

Livret de Famille : Yahya Abdul-Mateen IITeyonah ParrisNathan Stewart-Jarrett

Signes particuliers : Un remake supérieur à l’original.

 

 

LE FILM D’HORREUR DE L’ANNEE !

NOTRE AVIS SUR CANDYMAN

Synopsis : D’aussi loin qu’ils s’en souviennent, les habitants de Cabrini Green, une des cités les plus insalubres en plein cœur de Chicago, ont toujours été terrorisés par une effroyable histoire de fantôme, passant de bouche à oreille, où il est question d’un tueur tout droit sorti de l’enfer, avec un crochet en guise de main, qui pourrait apparemment être convoqué très facilement par qui l’oserait, rien qu’en répétant son nom 5 fois devant un miroir. Dix ans après que la dernière des tours de la cité ait été détruite, l’artiste peintre Anthony McCoy et sa petite amie Cartwright, directrice de galerie d’art, emménagent dans un appartement luxueux, sur le site de l’ancienne cité, aujourd’hui complètement nettoyé et reconverti en résidence réservée à une classe sociale jeune et aisée. Alors que la carrière d’Anthony est au point mort, il rencontre par hasard un ancien habitant de la cité d’avant sa rénovation qui lui raconte ce qui se cache réellement derrière la légende du CANDYMAN. Désireux de relancer sa carrière, le jeune artiste commence à se servir des détails de cette macabre histoire comme source d’inspiration pour ses tableaux, sans se rendre compte qu’il rouvre la porte d’un passé trouble qui va mettre en danger son équilibre mental et déclencher une vague de violence qui en se propageant va le forcer à faire face à son destin.

1992, Bernard Rose adaptait Candyman, la formidable nouvelle de Clive Barker. A l’arrivé, pas forcément un très grand film en soi, mais une série B devenue culte au fil des années et qui a poussé toute une génération d’adolescents à se faire peur devant leur miroir en répétant cinq fois le nom de Candyman. Quasi 30 ans plus tard et après avoir épaté Sundance avec son modeste Little Woods, la réalisatrice afro-américaine Nia DaCosta est choisie pour en diriger le remake (ou suite ou reboot, les trois fonctionnent) produit et écrit par ce petit malin à la mode nommé Jordan Peele (Get Out, Us). Et Tony Todd, largement starifié par le rôle il y a 29 ans, de rempiler dans le costume du boogeyman aux abeilles.

L’histoire nous a appris à se méfier des pseudos suites tardives aux grands classiques de l’horreur qui ont, généralement, pour véritable vocation de rebooter une saga à fort potentiel endormi. Et ce même si quelques exceptions ont su séduire comme le nerveux La Colline a des Yeux d’Alexandre Aja ou le bluffant Halloween de David Gordon Green. Reste qu’il y a des choses que l’on n’ose souvent pas dire pour éviter des levées de boucliers révoltés… comme quand un remake supplante outrageusement son modèle. Candyman version 2021 va pouvoir s’enorgueillir d’ajouter son nom à la courte liste des films ayant réussi cet exploit. Avec une conviction féroce et un sens virtuose de la mise en image de l’horreur pure, Nia DaCosta signe ce qui restera probablement comme l’un des meilleurs films d’épouvante de l’année 2021, si ce n’est le meilleur. En l’observant sous les tous les angles possibles, ce nouveau Candyman est une claque aussi monumentale qu’inattendue. Un vrai bijou de frayeur et de mise en scène à la fois terrifiant dans l’atmosphère et remarquablement intelligent dans le discours de fond qui supporte l’histoire.

Premier challenge brillamment relevé par Nia DaCosta, la peur. On aura beau tourner et retourner un film d’horreur dans tous les sens, ce qu’on en attend en priorité, c’est qu’il réussisse à imposer ce pourquoi il est fait : apeurer son audience. Et pour le coup, Candyman terrorise, Graal tant recherché par l’immense majorité des films de genre mais si rarement atteint. Cette terreur, Nia DaCosta la conjugue à deux temps, dans l’image explicite et dans l’ambiance sourde. Quand son Candyman n’est pas à l’écran, la cinéaste parvient à instaurer un climat constant d’angoisse palpable qui se personnifie dans l’état de folie qui envahit le héros obsédé par ses recherches et bouffé par ses découvertes. Mais dès qu’il apparaît, le gore graphique éclabousse la toile tout en maintenant et prolongeant cette terreur totale dans des séquences foutrement affolantes et particulièrement immersives.

Second challenge allègrement accompli, rendre tout cela d’une beauté horrifique jubilatoire. Candyman n’est pas qu’un roller coster effrayant, c’est aussi un vrai film de cinéma bourré de plans inspirés et de trouvailles visuelles qui régaleront les amateurs de mise en scène recherchée et créative. Une mise en scène constamment au service de l’horreur évoquée précédemment et qui ne se vautre jamais dans l’esbroufe vaine. Là où tant de cinéastes s’ingénient à reproduire des idées qui ont bercé leur jeunesse en se revendiquant du sacro-saint cinéma des années 70-80, Nia DaCosta ne reproduit pas, elle invente, elle impose une vraie modernité du style malgré quelques légers emprunts (dont un à de Palma), prouvant au passage par ses idées que le meilleur visage de l’épouvante terrifiante ne s’incarne pas forcément dans les jump-scare bidons mais plutôt dans l’élaboration d’un carcan angoissant piégeant viscéralement le spectateur. Si ce nouveau Candyman ne reprend pas l’ambiance gothique du premier, c’est pour mieux se donner une personnalité à lui, celle d’un cauchemar urbain traversé de séquences excitantes à l’œil.

Enfin, troisième exploit, rendre tout cela sacrément intelligent. Candyman est animé par un vrai discours porteur qui n’est pas relégué dans la marge mais qui existe autant dans l’horreur, qu’il fait exister cette même horreur. On connaît bien le cinéma de Jordan Peele et son attirance pour les histoires parlant de racisme en sous-texte, mais le cinéaste n’a jamais su canaliser sa verve pour la rendre totalement pertinente (à vouloir dénoncer le racisme, Get Out le devenait lui-même à contresens et Us manquait trop de maîtrise pour discourir adroitement de quoique ce soit). Ici seulement coscénariste (et producteur), Jordan Peele donne son meilleur et laisse ensuite Nia DaCosta travailler avec sa proposition. La réalisatrice semble avoir modelé le travail de son collègue pour en gommer les excès. Résultat, Candyman est non seulement flippant mais au passage passionnant dans la métaphore qu’il déploie sur les souffrances et la trajectoire du peuple afro-américain. Sur la question, cette nouvelle version pousse plus loin les thématiques de la nouvelle de Barker que l’on retrouvait déjà dans le film de Bernard Rose mais avec moins de conviction et de puissance. Ici, c’est par le biais de la gentrification du quartier de Cabrini Green que le film aborde ses thématiques. Ce véritable quartier de Chicago a longtemps été peuplé d’immigrés italiens avant qu’une population noire et globalement pauvre l’investisse. Puis de riches promoteurs immobiliers (blancs) ont chassé cette communauté « miséreuse » pour faire des lieux, un petit coin huppé pour bobos ou affiliés. Candyman exploite à merveille cette authentique histoire pour mixer pure terreur formulée dans des traumas et discours sur le passé raciste de l’Amérique qui continue à trouver des leviers d’expression directs ou indirects. Surtout, le film ne manque jamais de rappeler que le racisme est le véritable monstre, Candyman n’étant que la conséquence de ses ravages.

On a souvent tendance à parler des « maîtres de l’horreur ». En 2021, le maître est une maîtresse et elle vient de pondre l’un des meilleurs films d’horreur de ces dernières années, un « remake/reboot » qui plus est. Non seulement c’est à mentionner mais c’est même très important de le souligner car contrairement à ce que l’on lit un peu trop à droite à gauche, Candyman n’est pas un film « de Jordan Peele », c’est un film de Nia DaCosta. L’influence du premier est là mais le talent de la seconde en a fait une réussite presque totale. Les reproches à faire au film sont rares, un propos parfois trop appuyé, des personnages secondaires trop fonctionnels, une interprétation de Yahya Abdul-Mateen vraiment à la limite du correct et une conclusion un peu confuse. Mais on peut aisément fermer les yeux tant l’excellence est souvent la ligne de conduite du film.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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