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BAD ASS (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Bad Ass
Parents : Craig Moss
Livret de famille : Danny Trejo (Frank Vega), Ron Perlman (le maire Williams), Andy Davoli (Renaldo), Charles S. Dutton (Panther), Harrison Page (Klondike), Joyful Drake (Amber), Patrick Fabian…
Date de naissance : 2012
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h30- Petit budget

Signes particuliers (+) : Fun. Un hommage amusant au vigilante movie des 70’s avec une trogne qu’on voit pas assez dans des 1er rôle.

Signes particuliers (-) : Un manque de générosité et de rythme.

 

PAPI DÉFONCE !

Résumé : Frank Vega, un vétéran du Viet Nam qui essaie de survivre comme il peut dans sa petite vie tranquille entre son commerce de hot dog et ses amis, intervient un jour dans le bus pour venir en aide à un malheureux, dérangé par de petites frappes. La rouste qu’il leur met est filmée et fait rapidement le tour des Youtube et consorts au point que Frank devient une star urbaine surnommée « Bad Ass »…

A la base, il est une vidéo phénomène sur les réseaux de partage, celle d’un papi hargneux défonçant la gueule d’un bonhomme qui lui cherchait des noises, dans un bus. Le cinéaste Craig Moss, auteur de deux séries B voire Z parodiques singeant, pour la première, le film 41 ans, Toujours Puceau et la saga Twilight pour la seconde,  s’empare du sujet, le déforme un brin à la base pour éviter toute taxation problématique (la vidéo faisant le buzz en montrant un blanc lattant un noir fut accusée de racisme) puis le réforme ensuite en profondeur en venant y ajouter une sombre histoire relevant du thriller. Mais le but final était un bon vieux actionner à l’ancienne surfant sur des films du genre Le Justicier dans la Ville et surtout, plus récemment, Harry Brown avec Michael Caine ou un gentil pépé retraité décidait de faire le ménage dans sa citée pour venger le meurtre de son meilleur ami. C’est d’ailleurs exactement la même trame que reprend Bad Ass. L’intérêt ? L’intérêt est certes mineur mais Craig Moss va puiser une tierce inspiration, celle de la récente mode des films rappelant l’époque du Grindhouse. Tarantino et Rodriguez ont ravivé la flamme il y a peu et les quelques fausses bandes-annonces qu’ils avaient intercalé dans leur duo de films, ont fait leur bonhomme de chemin. Tout d’abord, il y a eu Machete, toujours de Rodriguez et déjà avec l’inénarrable Danny Trejo qui venait jouer des muscles mexicains, machette à la main. Craig Moss ne va pas chercher bien loin et son Bad Ass pourrait presque au choix, être perçu soit comme une autre adaptation d’une de ces bandes-annonces soit comme un film formant un dytique avec le piètre Machete. Sauf que dans le cas de ce dernier, Rodriguez avait poussé le bouchon un peu trop loin. A vouloir retrouver l’esprit de ces bobines pourries des seventies et eighties, le cinéaste avait accouché d’une péloche elle aussi bien miteuse, gonflante à souhait par sa médiocrité et par la nonchalance dont faisait preuve Rodriguez qui semblait avoir torché son métrage à la va-vite entre deux projets plus intéressants à ses yeux.

Craig Moss délaisse les expérimentations formelles et signe un film esthétiquement plus « normal » tout en s’inscrivant pourtant dans l’esprit Grindhouse dans l’idée et les thématiques. Mais en modernisant l’affaire et en lui offrant un look un brin plus sérieux plutôt qu’en cherchant à faire dans le copier-coller d’un look rétro caricaturé. Bad Ass se présente du coup comme une petite série B formellement classique mais au pitch assez fendard. Un pitch qui d’ailleurs, se résume sur un coin de serviette, fidèle à l’esprit des films Grindhouse. Totalement crétin et improbable, le scénario du film n’est certainement pas son point fort. Assez mauvais, il se contente du strict minimum syndical, en ne souciant guère d’éviter les clichés et les raccourcis, pas plus qu’il ne cherche à se montrer un poil ambitieux ou intelligent. Loin de là, Bad Ass ne vise qu’une chose et une seule, s’amuser d’un Danny Trejo toujours aussi imposant qui s’en va castagner nonchalamment de l’abruti en mode « ppai costaud et… bad ass ! » Un Danny Trejo qui, après des années d’actionner où il mettait au service de ses rôles, tout son passif d’ex-taulard flippant et patibulaire, révèle un potentiel comique insoupçonné ! Car en plus d’être assez marrant sur le fond, Bad Ass sait aussi être drôle ! Le personnage composé pour Danny Trejo est un mix emballant entre gentil papi touchant et fun au look sorti de nulle part et expert en bastonnade qui sait jouer des poings avec brio comme un authentique GI’s à qui il faudrait pas voir à trop les briser menue. Un régal de loufoquerie !

Sur le fond, difficile de qualifier Bad Ass de bon film. Petit budget, il manque d’ambition soit par manque de talent du côté de son auteur, soit par manque de moyens. On serait tenté de pencher du côté de la première option car un rien ne demandait un budget colossal non plus dans l’affaire. La mise en scène de Craig Moss est techniquement assez pauvre à l’image de son script manquant d’idées mais surtout, le tout aurait pu faire l’effort d’être davantage fun. On ne l’en aurait pas blâmé. Car Bad Ass déroule quand même très tranquillement. Trop peut-être. Mais curieusement et malgré ses défauts et carences évidents, il se dégage un petit côté sympathique de cet exercice mineur mais qui offre déjà, à Trejo, un premier rôle dans un film plus digeste que le Machete précédent, qui en venait à gâcher le plaisir de retrouver cette trogne atypique d’Hollywood. Et finalement, même si c’est très moyen, on apprécie le spectacle qui reste con comme ses pieds, maladroit et pas très bien rythmé, mais qui a le mérite de fournir quelques séquences assez sympa et un esprit d’ado attardé assez réjouissant.

Bad Ass a ses limites, on les perçoit très vite. Mais le film de Craig Moss, qui conserve un côté parodique fidèle aux « œuvres » précédentes du bonhomme, a une âme d’enfant amusante. On aurait juste aimé un peu plus, que ce soit dans l’écriture de l’histoire ou dans les seconds rôles pas suffisamment exploités (celui de Charles S. Dutton mais surtout de Ron Pearlman). En tout cas, d’une bouse redoutée, on a un gentil nanar sympathique qui, s’il avait été plus généreux, aurait presque été jubilatoire. En l’état, il est simplement divertissant et rigolo.

Bande-annonce :

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