Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Aurore
Mère : Blandine Lenoir
Date de naissance : 2016
Majorité : 26 avril 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h29 / Poids : NC
Genre : Comédie
Livret de famille : Agnès Jaoui, Thibault de Montalembert, Pascale Arbillot, Sarah Suco, Lou Roy Lecollinet…
Signes particuliers : Un superbe portrait de femme(s) sur un âge trop souvent invisible.
ODE À LA FEMME ÉPANOUIE
LA CRITIQUE DE AURORE
Résumé : Aurore est séparée, elle vient de perdre son emploi et apprend qu’elle va être grand-mère. La société la pousse doucement vers la sortie, mais quand Aurore retrouve par hasard son amour de jeunesse, elle entre en résistance, refusant la casse à laquelle elle semble être destinée. Et si c’était maintenant qu’une nouvelle vie pouvait commencer ?
Aurore, ou le portrait moderne et solaire d’une femme de cinquante ans d’aujourd’hui. C’est à l’actrice Agnès Jaoui que la cinéaste Blandine Lenoir a choisi de confier le rôle-titre de son deuxième long-métrage. Parce qu’elle voulait une comédienne connectée à son personnage, en adéquation avec sa personnalité, son esprit, son âge, et sa façon de l’assumer. L’alchimie entre les deux artistes a pris instantanément et a rapidement servi un film traversé par une beauté et une sensibilité de chaque instant, qui participent à le rendre magnifiquement attachant.
Aurore a 50 ans. Un âge terrifiant pour cette femme qui se sent vieillir, poussée vers la sortie par une société qui ignore les femmes de son âge. Lors des premières règles, on a coutume de dire « Voilà, tu es une femme, maintenant ». Mais après les dernières, passée la flippante ménopause, que devient-on alors ? Est-on encore une « femme » ? Par cette simple réflexion lâchée avec drôlerie par le personnage brillamment incarnée par une lumineuse Agnès Jaoui, le film de Blandine Lenoir vient de résumer tout son propos. Aurore vit à La Rochelle avec ses deux filles sur le point de quitter la maison. Elle est séparée de son ex-mari, elle perd son boulot, et seul le spectre de la triste solitude semble se profiler à l’horizon. Comment rebondir ? Comment exister de nouveau quand on n’est plus une jeune femme désirable ou une mère potentielle ? A cet âge où l’homme peut s’enorgueillir d’embrasser le passé et le futur, la femme est brutalement réduite à l’oubli.
C’est cette idée effrayante que Blandine Lenoir a su exploiter avec sagacité à travers Aurore, comédie dramatique centrée sur une sublime et banale héroïne, tour à tour drôle et bouleversante, et autour de laquelle gravite tous les âges de la femme via des personnages secondaires aussi pertinents que subtilement bien écrits. Sa fille aînée, enceinte jusqu’aux yeux, qui lui renvoie l’image d’une future grand-mère. Sa fille cadette, post-ado amoureuse à laquelle elle s’accroche, par peur de l’heure où elle prendra elle-aussi son envol en l’abandonnant à son statut de « post-mère à la retraite ». Il y a sa meilleure amie aussi, quadra célibataire belle et libre, qui représente l’épanouissement absolu. Ou encore les personnes âgées de la maison de retraite du coin, heureuses et armées d’une sagesse bienveillante. Toutes ensembles, ces femmes font d’Aurore, un portrait des femmes croqué avec une subtile justesse du regard, et approché avec une émouvante délicatesse qui trouve du répondant dans des salves humoristiques qui font mouche. Intelligent et rieur, Aurore est un petit trésor plein d’humilité, d’esprit, d’entrain et d’émotion. Un coup de cœur inattendu.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
réponse:Pascale Arbillot