Nom : A perfect day
Père : Fernando León de Aranoa
Date de naissance : 2015
Majorité : 16 mars 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : Espagne
Taille : 1h46 / Poids : 7 M€
Genre : Drame, Comédie
Livret de famille : Benicio Del Toro, Tim Robbins, Mélanie Thierry, Olga Kurylenko, Fedja Stukan, Eldar Residovic, Sergi López…
Signes particuliers : Surprenante pépite au casting étoilé en provenance d’Espagne, un drame déguisé en comédie pour mieux nous cueillir à l’arrivée. A ne pas manquer !
LE SURRÉALISME DE LA GUERRE
LA CRITIQUE
Résumé : Un groupe d’humanitaires est en mission dans une zone en guerre : Sophie, nouvelle recrue, veut absolument aider ; Mambru, désabusé, veut juste rentrer chez lui ; Katya, voulait Mambru ; Damir veut que le conflit se termine ; et B ne sait pas ce qu’il veut.L’INTRO :
Si son nom demeure peut-être encore méconnu, on ne peut que lui souhaiter de ne pas le rester bien longtemps. Fernando León de Aranoa n’est pas la dernière pépite du football sud-américain, mais un cinéaste espagnol de grand talent, déjà auteur par le passé de quelques films remarqués tels que Les Lundis au Soleil ou Princesse. Pour son septième long-métrage, le metteur en scène ibérique s’entoure pour la première fois, d’une distribution (très) internationale réunissant Benicio del Toro, Tim Robbins, Mélanie Laurent, Olga Kurylenko ou encore Sergi Lopez. A Perfect Day nous entraîne pour une balade étalée sur deux jours, aux côtés d’un groupe d’humanitaires bossant pour une ONG dans les zones de conflit et essayant d’accomplir leurs tâches du mieux possible, en l’occurrence ici dans l’enfer d’une guerre de Bosnie sur le point de se terminer mais dont les ravages ont, probablement, défiguré le pays à jamais. Un sujet lourd et douloureux, que Fernando León de Aranoa va aborder sur un ton totalement surprenant, adaptant le roman Dejarse Llover de Paula Farias. L’AVIS :
A Perfect Day… En voilà un film qu’il est étonnant. Un film qui est surtout fondamentalement inclassable, ni vraiment drame, ni vraiment comédie, pas réellement film de guerre et suffisamment ancré dans une réalité, pour ne pas être non plus un ovni foncièrement déjanté. En fait, A Perfect Day n’est rien et un peu ça à la fois. Et c’est justement l’impressionnante maîtrise avec laquelle De Aranoa navigue entre les genres, qui confère toute sa saveur à cette pépite aussi à l’aise dans l’humour noir que dans le drame humain bouleversant. Follement audacieux dans sa démarche de faire rire au milieu de la peinture d’une horreur inqualifiable à laquelle il n’ôte jamais son importance tragique, Fernando León de Aranoa entre dans la sacro-sainte catégorie des réalisateurs monstrueusement talentueux en cela qu’il arrive à nous bercer entre un sujet excessivement grave et des pointes de drôlerie ubuesques desserrant l’étau de ce qui aurait pu être un cauchemar pathos à la fois sombre et lacrymal. Un peu comme le Benigni de La Vie est Belle mais dans un tout autre style, un peu comme les frères Coen aussi, encore une fois dans un tout autre style.Deux visages coexistent au cœur de l’exercice de Fernando León de Aranoa. Le drame embrassé sans aucun maniérisme appuyé et avec une pudeur en tout point remarquable, ancre le film dans la dureté de son sujet, l’humour lui permet ensuite de s’élever un peu le temps de respirations délirantes, aussi salvatrices que pertinentes. Car si A Perfect Day se permet de jouer la carte du comique surréaliste, c’est avant tout pour mieux pointer du doigt le surréalisme d’une situation, celui d’une guerre à l’horreur incompréhensible. Véritable régal d’humanité porté par de somptueux comédiens (Benicio del Toro et Tim Robbins en tête), A Perfect Day est une virée dingue au milieu d’un monde qui l’est tout autant. Une virée tour à tour rieuse et poignante, osant un mélange audacieux que son auteur transforme en essai totalement accompli et abouti. Car on ne manquera pas d’en souligner, cerise sur le gâteau, l’incroyable beauté via une mise en scène toute en puissance et en intelligence, sachant naviguer avec adresse entre la créativité artistique et la sobriété quand le récit l’exige, entre le pop rock d’une B.O. d’enfer et les silences imposés par la tension de certaines situations au paroxysme de l’émotionnel et du danger.Ayant lui-même suivi et filmé des missions d’ONG dans un lointain passé de documentariste, Fernando León de Aranoa maîtrise son sujet et surtout, maîtrise les personnalités et sentiments qui peuvent animer ces héros de l’humanitaire. C’est probablement pour cela que l’on sent une telle authenticité se dégager à chaque instant de cette plongée dans l’épouvantable, éclairée par la beauté de ses protagonistes haut en couleurs, qui ne sont pas si drôles pour rien. Quelque part, peut-être est-ce justement cet humour qui leur permet d’affronter le pire, de supporter ce dont ils sont parfois des témoins impuissants, d’apporter un peu de légèreté au milieu d’un quotidien plombé par la gravité. Du vieux baroudeur usé (Del Toro) à son acolyte un brin fêlé (énorme Robbins) en passant par l’utopiste touchante (Mélanie Thierry) ou la gratte-papier qui découvre la réalité du terrain (Kurylenko), A Perfect Day croque des portraits magnifiques et se sert d’eux pour déployer une œuvre plus substantielle et générale, s’ouvrant au-delà de son seul récit historique. Car ce dont il se fait le témoin dans la Bosnie de 1995 n’a rien d’un passé éteint, et se retrouve encore aujourd’hui, juste ailleurs sur le globe. En plus d’avoir pour lui cette portée toujours d’actualité, A Perfect Day est une réussite totale à l’équilibre magistral, doublée d’une grosse surprise. Un coup de cœur à ne pas manquer !
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
Réponse 1 : Michael Shannon
Merci pour ce concours