La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Matthias & Maxime
Père : Xavier Dolan
Date de naissance : 2019
Majorité : 16 octobre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : Québec
Taille : 1h59 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Gabriel D’Almeida Freitas, Xavier Dolan, Anne Dorval…
Signes particuliers : Deux films en 2019, deux réussites pour Dolan.
XAVIER DOLAN- ACTE II
NOTRE AVIS SUR MATTHIAS ET MAXIME
Synopsis : Deux amis d’enfance s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur. Suite à ce baiser d’apparence anodine, un doute récurrent s’installe, confrontant les deux garçons à leurs préférences, bouleversant l’équilibre de leur cercle social et, bientôt, leurs existences.
En cette année 2019, le boulimique de cinéma Xavier Dolan aura proposé deux longs-métrages. D’abord le bouleversant Ma Vie avec John F. Donovan sorti en mars dernier, puis ce plus intimiste Matthias & Maxime, présenté en compétition officielle au dernier festival de Cannes. De la Croisette, Matthias & Maxime est reparti bredouille, avec des critiques très mitigées dans sa besace. Mais parce que Dolan a cette tendance à polariser les avis, l’attente est restée intacte. Au cœur du film, le sujet de prédilection du cinéaste bien sûr. Lors d’un weekend entre potes, deux amis d’enfance s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur. Un baiser anodin sur le papier mais qui va amener un doute inconfortable, puis un malaise fondé dans le non-dit. Et si…
Dans le sillage cannois où il est devenu de bon ton de « se payer Dolan » presque par principe, on a beaucoup lu que le réalisateur opérait un retour aux sources après le plus hollywoodien (dans l’aspect) John F. Donovan, qu’il faisait dans la redite de ses premiers films, qu’il revenait en arrière, qu’il tournait en rond autour des mêmes sujets… Certes le jeune prodige québécois n’a jamais cessé de tourner autour de la même thématique, de travailler la même matière, de l’approcher sous différents angles. Film sur l’éveil à l’homosexualité et le trouble engendré par une prise de conscience intérieure qui déstabilise des vies bien rangées, Matthias & Maxime n’est ni une régression, ni un retour en arrière ou quoi que ce soit. Dolan est dans la continuité de ce qu’il a toujours fait, dans la continuité de ce qu’il a toujours raconté. Pourquoi serait-ce un mal ? Après tout, Ken Loach a fait des films sociaux toute sa carrière sans qu’on le lui reproche. Almodovar a toujours œuvré dans le même filon, avec le même style et les mêmes thématiques, sans qu’on le lui reproche également. Et quand bien même, dire que Matthias & Maxime sonne comme un disque rayé est une erreur. Car si la thématique n’est pas nouvelle chez Dolan, le style change.
Ce qui surprend en premier lieu à la découverte de ce « nouveau Dolan », c’est de voir l’auteur s’essayer à un registre auquel il ne s’est jamais frotté auparavant : la comédie, voire même la comédie romantique. Rien que sur ce point, difficile de dire que Dolan « tourne en rond ». Pour autant, Matthias et Maxime n’est pas une pure comédie à proprement parler, le film furetant quand même dans un fond plutôt dramatique sur les tourments d’un homme qui se découvre potentiellement homosexuel mais refuse d’accepter cette réalité qui mettrait en péril tout son monde et son équilibre. Néanmoins, sur la forme, Matthias et Maxime approche son histoire en s’inscrivant dans le sillage du « film de potes », ce sous-genre souvent propice à la comédie. Au Canada, Denys Arcand est l’un des chantres du créneau (voir Le Déclin de l’Empire Américain ou Les Invasions Barbares) et d’ailleurs, Dolan ne manque pas de lui adresser plusieurs clins d’œil amusés et amusants. En tout cas, dans ces parties du film où l’on tourne autour de cette bande d’amis fidèles haute en couleurs, Dolan surprend à faire rire, beaucoup. Généralement par des dialogues très drôles, très bien écrits, très bien interprétés aussi avec un naturel qui maximise constamment l’effet. Sur cette base comique, le cinéaste insère ensuite son « drame » sur la difficulté à embrasser un coming out et à s’affirmer contre une nature que l’on a toujours pensé acquise et qui s’en trouve bouleversée.
Capable d’être aussi joyeusement comique que profondément poignant, formidable dans sa capacité à se glisser dans des moments de silence et de gêne qui créent de la tension intimiste et remarquable d’épure dans son écriture sans fioritures, Matthias et Maxime est brillant, un bon Dolan, un solide Dolan, un Dolan inspiré au-delà du simple fait qu’il tourne encore autour de son éternelle thématique de prédilection, avec les mêmes motifs autour d’elle (encore une relation mère/fils compliquée, et coucou Anne Dorval au passage). Mais au fil des films, on a cette impression que Dolan affine son style, comme s’il retravaillait sans cesse une même histoire à la recherche du film idéal. Ici, il synthétise son travail passé, il se débarrasse de certains motifs superflus, en convoque d’autres, tente une autre approche plus mature… toujours guidé par sa sincérité et sa sensibilité. Le résultat est fort, intelligent, juste, entre pudeur effleurée et élan romantique touchant.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux