La Mondo-Note :
Carte d’identité :
Nom : Ray & Liz
Père : Richard Billingham
Date de naissance : 2018
Majorité : 10 avril 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : Angleterre
Taille : 1h48 / Poids : NC
Genre : Drame
Livret de famille : Ella Smith, Justin Salinger, Patrick Romer…
Signes particuliers : Les fans du travail de Richard Billingham apprécieront.
UNE FAMILLE ANGLAISE VUE PAR LE FILS
LA CRITIQUE DE RAY & LIZ
Synopsis : Banlieue de Birmingham dans les années 80. Ray, Liz et leurs trois enfants se débrouillent tant bien que mal dans une existence déterminée par des facteurs qu’ils ne maîtrisent pas. Le photographe et cinéaste Richard Billingham retrace en trois souvenirs et trois époques différentes le quotidien tumultueux de sa famille.
Pour ceux qui ne connaitraient pas Richard Billingham, le britannique est à l’origine un photographe qui s’est illustré avec sa célèbre série photographique Ray’s a Laugh, centrée sur la vie de son père alcoolique (Ray) et de sa mère fortement tatouée (Liz). L’artiste a multiplié les publications avant de rapidement passer au cinéma via de nombreux courts-métrages dont Ray in Bed et Ray en 1999 et 2016. Depuis une vingtaine d’année, Billingham chérissait l’idée de faire un jour un long-métrage. C’est désormais chose faite avec Ray & Liz, portrait glauque limite vomitif (mais jamais vindicatif) de ses parents, nourris par ses nombreux souvenirs d’enfance. Une œuvre remarquée qui a fait le tour de festivals et glanée pas mal de récompenses.
Rien de nouveau sous le ciel de Billingham. Bon film ? Mauvais film ? Difficile de vraiment juger ce Ray & Liz tant il relève d’une pure question d’affinités envers l’univers de son auteur. Exactement comme avec ses photographies en somme. Et le film de drainer dans son sillage toujours ce même vieux débat sur le travail de Billingham âprement discuté depuis des lustres. D’un côté, il y a les partisans fascinés par sa peinture tragi-comique du monde prolétaire sous Thatcher et par la sincérité avec laquelle l’artiste pose son regard authentique sur ses parents, sur son enfance, sur son parcours chaotique, avec une dureté viscérale pas loin d’une forme de « trash Ken Loach » (du moins, le Loach des années 80 et 90). De l’autre, il y a ses détracteurs rebutés par l’obscénité morale, la complaisance misérabiliste et le voyeurisme sordide de ses travaux à la lisière du social porn, avec dans le cas de Ray & Liz, une reconstitution aux traits forcés volontairement grotesques. Car s’il montre quelque chose de tragique en soi, Billingham utilise une sorte de pseudo-humour qui empire les effets et l’impact de ses illustrations, qu’elles furent photographiques avant ou cinématographiques ici.
Des choses intéressantes, il y en a dans cet effort très personnel. A commencer par cette intelligente construction en trois souvenirs sur trois époques, avec comme un fil unificateur, un Ray vieillissant passant ses journées allongé dans sa chambre miteuse et s’offrant de rares incursions près de la fenêtre pour picoler ses bouteilles alignées en rang d’oignon. L’idée (proche de celle employée par Danny Boyle sur son Steve Jobs) est bonne et offre quelques beaux instants de cinéma fugaces tout en puissance et en émotion. Puis il y a ce regard, dur, douloureux, sans concession, mais non dénué d’une forme de tendresse, que Billingham tente d’injecter dans son œuvre autobiographique pour la cimenter et lier ce portrait autour de ses souvenirs d’enfance. Mais pour ceux qui auront du mal à appréhender cette plongée dans une horreur écœurante, observée avec un ton entre rire étouffé et malaise ressenti, cette tendresse ne suffit pas à sauver le film de son image de repoussoir vulgaire et crasseux, image peu aidée au passage par une absence totale d’efforts apporté à l’esthétique (Billinghalm est photographe plus que cinéaste et ça se sent – quel affreux sens du montage aux enchaînements disgracieux). Comme s’il était écrit quelque part qu’il fallait absolument faire « rudimentairement moche » dans la mise en scène pour mieux surligner la noirceur d’un sujet.
BANDE-ANNONCE :
Par David Huxley