Marilyn et sa jupe qui s’envole sur une bouche de métro… Qui ne connaît pas cette image qui pourrait illustrer à elle seule, l’idée même de ce qu’est le cinéma. En 1954, Billy Wilder tourne Sept ans de Réflexion avec la star la mieux payée de la Fox à l’époque : l’icône Marilyn Monroe. Le réalisateur connaît un tournage compliquée car déjà à l’époque, Marilyn est imprévisible. Chaque matin, les mêmes questions qui reviennent. Viendra t-elle sur le plateau aujourd’hui ? Sera t-elle dans un bon jour et surtout concentrée ? Connaîtra t-elle son texte ? Réussira t-elle à venir à bout de ses scènes ? Mais qu’importe, tout le monde le savait, Marilyn était difficile à gérer mais à l’écran, elle était capable d’illuminer un film. Il n’y en avait qu’une comme elle. Puis viendra le jour du casse-tête. Le 15 septembre 1954 vers une heure du matin, l’équipe du film se retrouve à l’angle de la 52eme et de Lexington Avenue pour tourner LA scène. Marilyn marche dans la rue avec Tom Ewell et s’arrête sur une bouche de métro car les courants d’air provoqués par les trains qui passent au-dessous, caressent ses cuisses et elle trouve ça agréable. Et là, sa jupe se relève dans un élan d’érotisme savoureux et mythique.
Cette nuit du 15 septembre 1954, ça se bousculait dans l’équipe pour être sur le tournage. Ça se chamaillait même pour être celui qui actionnerait le ventilateur sous la bouche de métro, chose qui faisait beaucoup rire Billy Wilder. Mais le cinéaste ne rira pas bien longtemps. Problème, le tournage de la séquence avait attiré des milliers de badauds venus assister à la chose comme à un spectacle. Sur les lieux, c’était l’émeute, ça hurlait, ça sifflait, les spectateurs étaient déchaînés. Selon les sources, ils étaient 5.000, d’autres disent 20.000. Mais qu’importe. Pendant ce temps là, Billy Wilder et son preneur de son s’arrachaient les cheveux. Impossible d’avoir le silence pour tourner. Marilyn tentera un « chut » langoureux à l’attention de la foule, lequel imposera enfin le calme mais la scène sera loupée… car la jupe de la star est remontée trop haut, dévoilant sa petite culotte ! Ce que bien évidement, la censure alors en vigueur n’aurait jamais toléré. Il fallait donc recommencer. Or, ce qui venait de se passer avait encore plus attisé les hormones d’un public ingérable. Ils étaient désormais déchaînés.
Et comme disait Chirac : « Les emmerdes, ça volent toujours en escadrille ». Pour en rajouter une couche, le mari de Marilyn à l’époque, le footballeur Joe DiMaggio, débarque sur les lieux, très remonté de voir que sa femme est utilisée comme un objet sexuel devant une foule qui se régale. Son état de colère perturbera encore plus une Marilyn déstabilisée, qui peinera à accomplir sa scène. Elle fut filmée… dans la douleur. Mais en regardant les rushes, le couperet tombera : inexploitable. Le brouhaha de la foule avait tout gâché, on n’entendait strictement rien. De son côté, Marilyn verra cette histoire achever définitivement un mariage qui battait de l’aile depuis quelque temps. Tout ça pour presque rien en plus puisque la scène fut retournée… à l’abri des regards dans les studios de la Fox !!! Toute cette nuit de galère et ce divorce précipité pour Marilyn… pour rien puisque les images finirent dans un placard. C’est donc dans les studios bien protégés et au calme de la 20th Century Fox que Billy Wilder retournera sa scène. Et le cinéaste eut besoin de 40 prises pour l’avoir enfin correctement !
Dans le film, c’est un mélange des deux tournages que l’on voit. Les premières images pour les plans de l’endroit, les nouvelles pour les plans plus rapprochés, les plans de dialogue et le coup de la jupe. Détail amusant, la réalité a fini par dépassé la fiction puisque les clichés pris ce jour-là ont dépassé le film lui-même. Quand on repense à la scène aujourd’hui, beaucoup sont persuadés qu’on y voit la culotte de Marilyn (qui en portait d’ailleurs deux sur le tournage dans New-York, par sécurité). Mais en réalité, cette image de la culotte de Marilyn vient des photos du tournage de la première prise loupée. Dans le film, rien de tel, la jupe ne remonte pas si haut et l’on ne voit pas du tout les dessous de la star !
Par Nicolas Rieux