Mondomètre
Carte d’identité :
Nom : Cruel
Père : Eric Cherrière
Date de naissance : 2014
Majorité : 1er février 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h48 / Poids : NC
Genre : Drame, Polar
Livret de famille : Jean-Jacques Lelté, Magali Moreau, Maurice Poli…
Signes particuliers : Un premier film qui avait séduit les festivals de Cognac et Beaune.
PIERRE TARDIEU, PORTRAIT D’UN SERIAL KILLER
LA CRITIQUE DE CRUEL
Résumé : Pierre Tardieu est travailleur intérimaire, dans une grande ville. Il vit dans une vieille maison avec son père, malade. Personne n’a conscience de son existence. Pierre est un tueur en série.
Ecrivain et réalisateur de documentaires, Eric Cherrière signe avec Cruel, son premier long-métrage de cinéma. Le néo-cinéaste y raconte le parcours meurtrier d’un tueur en série toulousain, plongeant dans sa plus proche intimité pour mieux cerner les contours d’un portrait glaçant. Pierre Tardieu, son anti-héros sourdement terrifiant, est un homme normal, ou presque. Tout comme ses victimes d’ailleurs, choisies au hasard dans la rue. Dans Cruel, il n’y a rien d’extraordinaire, et c’est peut-être ce qui rend ce polar dramatique si raide, si terrible, si horrifiant. Pas d’envolées gore, pas de passé tragique explicatif, pas de pulsions sexuelles refoulées ou de motivations réelles. Son tueur est juste un homme ordinaire, à la vie ordinaire.
Les contours de Cruel rappellent de nombreux films passés, de Taxi Driver à Henry Portrait d’un Serial Killer en passant par La Semaine d’un Assassin d’Eloy de la Iglesia. Avec sa texture baveuse, son formalisme minimaliste et son austérité qui impose une tension permanente, telle une chape de plomb qui planerait sur ce drame entre le film noir et la plongée intimiste sans filets, Cruel est un film inconfortable, perturbant, de ces œuvres tellement sèches qu’elles en deviennent angoissantes. Mais que les amateurs de cinéma de genre ne s’y méprennent pas, Cruel n’est pas un film d’horreur égrenant des scènes chocs ponctuant un récit dérangeant. Cruel est avant tout un portrait froid et clinique, d’un homme froid et assassin. Malgré des défauts typiques d’un premier film pas toujours bien maîtrisés, Cruel est une curiosité à la fascination réglée sur courant alternatif. Car il s’en dégage quelque chose de presque addictif, quelque chose qui fait que l’on est saisi, l’œil vissé sur le visage de cet homme étrange, que l’on craint autant qu’on s’y attache. Bizarre.
Cruel est un petit long-métrage fragile, produit pour moins de 350.000€. En somme, un film proche de l’amateurisme financier, presque aussi invisible que son tueur en série. Mais en dépit de ces considérations purement mercantiles, Eric Cherrière réussit à créer une œuvre étonnante, presque envoûtante, à laquelle on reprochera seulement son absence de propos. Cruel est un récit en vase clos, qui se limite à lui-même, mais il a mérite d’attirer le regard et de ne pas le lâcher, en grande partie grâce à son personnage passionnant, incarné de manière brillante par Jean-Jacques Lelté.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux