Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Tirez sur le pianiste
Père : François Truffaut
Date de naissance : 1960
Majorité : 04 novembre 2015
Type : Sortie Blu-ray
Nationalité : France
Taille : 1h30 / Poids : NC
Genre : Film noir
Livret de famille : Charles Aznavour (Charlie/Edouard), Marie Dubois (Léna), Nicole Berger (Thérèse), Michèle Mercier (Clarisse), Bobby Lapointe (un chanteur), Alice Sapritch (la concierge), Serge Davri (Plyne), Claude Mansard (Momo), Richard Kanayan (Fido), Albert Rémy (Chico), Jean-Jacques Aslanian (Richard)…
Signes particuliers : Le classique de François Truffaut avec Charles Aznavour, pour la première fois en Blu-ray.
UN PIANISTE À BOUT DE SOUFFLE
LA CRITIQUE
Résumé : Charlie Kohler, pianiste dans un petit bar, commence à avoir des ennuis lorsque deux gangsters s’en prennent à son frère qui se réfugie sur son lieu de travail. Dans le même temps, Léna, la serveuse est amoureuse de Charlie alors que ce dernier cache un sombre passé auquel la jeune femme va tenter de le soustraire.L’INTRO :
C’est un François Truffaut encore jeune cinéaste que celui qui réalise Tirez sur le Pianiste en 1960. L’ancien journaliste et critique de cinéma embrasse à peine sa deuxième carrière de metteur en scène, et s’est déjà attiré le respect avec son précédent (et premier) long-métrage, le chef-d’œuvre Les 400 Coups (1959). Fasciné par son voisin Jean-Luc Godard et l’essor naissant de la Nouvelle Vague, Truffaut a souhaité s’insérer dans ce mouvement de la rupture d’avec un ancien cinéma français jugé trop traditionnaliste. Le réalisateur va le faire en rendant hommage au film noir américain et au polar, avec une histoire de gangster adaptée d’un roman policier de David Goodis. Il offre au passage un rôle marquant à un Charles Aznavour alors trentenaire, dont ce sera la première prestation très remarqué après Les Dragueurs de Mocky.L’AVIS :
Jugé par beaucoup comme un chef-d’œuvre emblématique de la Nouvelle Vague aux côtés des premières œuvres de Godard, Rivette et autres Chabrol ou Varda, Tirez sur le Pianiste peut être aussi perçu comme un Truffaut légèrement surestimé. Fidèle à l’esprit de la Nouvelle Vague, François Truffaut a voulu lui-aussi participer à cette philosophie du cassage des codes du cinéma traditionnel en place alors au summum de son académisme et de l’absence de prise de risque. Prenant appui sur le style du film noir américain qu’il connaît bien, lui le cinéphile-journaliste-critique, Truffaut prend le contrepied total des œuvres à la Lino Ventura et consorts, qu’il n’apprécie guère au demeurant. Mais sa tentative n’est pas aussi bien maîtrisée que celle de son camarade Godard, qui venait de le précéder. Fasciné par le magistral A Bout de Souffle et l’effort de nouveauté qu’il propose, Truffaut imite, plus qu’il ne réalise son propre film d’ailleurs. De fait, Tirez sur le Pianiste ressemble en bien des points au classique avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg. Le montage osant des libertés et des ruptures radicales, les cadrages aux antipodes du classicisme, les mouvements de caméra, certains plans (comme lorsque Aznavour marche dans les rues parisiennes avec Marie Dubois), la mise en scène vérité, l’utilisation de la musique, du jazz notamment, le renouveau du langage narratif… Mais ce qui passait pour une radicalité sincère chez Godard, paraît plus maniériste et moins instinctive chez Truffaut. Au point que l’ironie avec laquelle il se joue des codes du film noir, passerait presque pour un geste créatif impertinent et légèrement hautain, plus que comme une œuvre sincère et impétueuse façon A Bout de Souffle. D’autant que Truffaut n’affiche pas encore la même maîtrise que Godard. A copier plus qu’il ne s’approprie, Truffaut se perd parfois dans les limbes de ses désirs et intentions, avec ce pastiche de polar se moquant du genre avec une étonnante irrévérence qui, cela dit, lui confère toute son originalité. Le résultat apparaît souvent comme un peu confus et cabotin, autant dans son interprétation que dans sa mise en scène.Mais même s’il pourra apparaître comme un brin surestimé donc, quelques fulgurances et traits créatifs ne manqueront pas de fasciner, associés à des thématiques qui deviendront récurrentes dans le cinéma truffaldien. La force de Tirez sur le Pianiste, c’est avant tout ses personnages loin des clichés du genre, et pour cause, puisque le film s’éloigne du ton typique du genre. Des faibles, des lâches, des timides, des misogynes, des torturés, qui veulent être de « vrais hommes » mais qui en semblent loin. Des personnages, mais aussi une trivialité impertinente dans laquelle baigne une histoire mettant en valeur les femmes dans un univers habituellement masculin. Ces femmes auxquelles Truffaut rendra si souvent hommage. Elles sont le cœur de Tirez sur le Pianiste. La femme romantique, la femme érotique, la femme résignée… Truffaut les met toutes en valeur. D’un côté, la douce fraîcheur de Marie Dubois qui incarne l’amour profond et une certaine élégance simple, de l’autre, Michelle Mercier qui personnifie le désir physique, à l’image de ce plan nue dans le lit où Truffaut brise le tabou de la pudeur en laissant exploser à l’écran, cette poitrine volumineuse que l’on « cache d’habitude au cinéma » comme le dit Charlie/Aznavour. Des femmes gouailleuses, des femmes rêveuses, des femmes détachées, des femmes modernes surtout, qui ont enfin un vrai rôle à jouer dans ces « histoires d’hommes » habituellement misogynes, comme le souligne la chanson triviale Framboise chantée par Boby Lapointe qui vient entrecouper la beauté plus artistique des mélodies jouées par le pianiste Aznavour.Enfin, on s’étonnera des dialogues pimentés d’un Truffaut qui en appelle (étrange, étrange) à ce qu’il détestait alors dans le cinéma de l’époque : Michel Audiard. « Les dialogues de Michel Audiard dépassent en vulgarité ce qu’on peut écrire de plus bas dans le genre » disait Truffaut, vite recadré par le brillant dialoguiste avec toute sa verve contre laquelle personne ne pouvait lutter. « Oh ! les terribles révoltés que voilà. Truffaut est passé par là. Charmant garçon. […] ‘J’suis un insoumis, un terrible’. Un œil sur la manuel du petit anar et l’autre accroché sur la Centrale catholique, une main crispée vers l’avenir et l’autre masquant son nœud papillon, Mr Truffaut aimerait persuader les clients du Fouquet’s qu’il est un individu dangereux. […] La Nouvelle Vague est morte. Et on s’aperçoit qu’elle était, au fond, beaucoup plus vague que nouvelle. » répliquait l’artiste des mots, non sans un brin d’exagération énervée dans ses propos. Fallait pas s’y frotter, surtout si c’était pour l’imiter. Car au final, sans s’en rendre compte, Truffaut venait de le faire avec Tirez sur le Pianiste. Mais trêve de digressions. Tirez sur le Pianiste n’est peut-être pas le plus grand bijou de François Truffaut, mais c’est un film qui a le mérite d’appartenir à un mouvement important, et de déployer quelques qualités indéniables, en plus de dessiner certains horizons du futur cinéma truffaldien.
L’ÉDITION BLU-RAY
Pour une première édition Blu-ray, on aurait voir le classique de François Truffaut être restauré au préalable. Datant de 55 ans, Tirez sur le Pianiste a un peu souffert des ravages du temps. Et si le master qui aura servi à cette édition n’est pas trop dégradé, il n’aurait sans doute pas été contre un nettoyage. Problème, l’entreprise aurait été onéreuse. Techniquement, le Blu-ray de Tirez sur le Pianiste présente une image que l’on qualifiera de « correcte », à la fois satisfaisante mais imparfaite. Le plus gros problème viendra en revanche du son, qui en revanche, aurait bien eu besoin d’un travail plus poussé pour le remettre en état. La piste son proposée manque d’égalisation, de pureté, de puissance, en plus d’être parasitée par du souffle. On sera alors tour à tour obligé de tendre l’oreille ou d’augmenter le volume pour rendre intelligible certains dialogues. Dommage. Mais c’est une première édition et qui sait ce que l’avenir nous réserve.
Côté « suppléments », l’édition TF1-Mk2 présente quelques « petites choses » intéressantes. A commencer par une présentation du film par Serge Toubiana (3 minutes env.), qui resitue Tirez sur la Pianiste dans la carrière d’un Truffaut alors lancé par le succès des 400 Coups et qui avait à coeur de jouer la carte du contrepied. Ensuite, ce sont deux éclairages très pertinents qui sont apportés sur le film avec deux versions commentées d’une part par la comédienne Marie Dubois, et d’autre part, par le chef opérateur Raoul Coutard (le même Coutard qui avait officié sur A Bout de Souffle). Enfin, archives rares, des bouts d’essai de Marie Dubois avec Aznavour et Truffaut (2’51).
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
ma domabe ratrakodesro n jamifa dio pipi acacabekaze
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