Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : Guardians of the Galaxy
Père : James Gunn
Livret de famille : Chris Pratt (Peter Quill), Zoe Saldana (Gamora), Bradley Cooper (Rocket), Vin Diesel (Groot), Dave Bautista (Drax), Karen Gillan (Nebula), Michael Rooker (Yondu), Josh Brolin (Thanos), Glenn Close (Nova Prime), Benicio Del Toro (le collectionneur), John C. Reilly (Rhomann), Djimon Hounsou (Korath)…
Date de naissance : 2014
Majorité : 13 août 2014 (en salles)
Nationalité : USA
Taille : 2h01 / Poids : 170 M$
Signes particuliers : Un Marvel original, clairement différent des ses voisins peuplés de superhéros en collants. Malheureusement, le film de James Gunn ne fonctionne jamais à pleine puissance, sans cesse cantonné au « à moitié » à trop vouloir se focaliser sur son envie incessante d’être cool.
LES GARDIENS DE LA DÉCEPTION
LA CRITIQUE
Résumé : Peter Quill est un aventurier traqué par tous les chasseurs de primes pour avoir volé un mystérieux globe convoité par le puissant Ronan, dont les agissements menacent l’univers tout entier. Lorsqu’il découvre le véritable pouvoir de ce globe et la menace qui pèse sur la galaxie, il conclut une alliance fragile avec quatre aliens disparates : Rocket, un raton laveur fin tireur, Groot, un humanoïde semblable à un arbre, l’énigmatique et mortelle Gamora, et Drax le Destructeur, qui ne rêve que de vengeance. En les ralliant à sa cause, il les convainc de livrer un ultime combat aussi désespéré soit-il pour sauver ce qui peut encore l’être… L’INTRO :
C’était peut-être le blockbuster le plus attendu de l’été, celui qui allait pimenter ce mois d’août à la météo tristounette par une pointe de fun salvatrice soufflant un vent d’air frais dans l’univers ciné Marvel. Parce que c’était Les Gardiens de la Galaxie, un comics un poil différent des traditionnels Spiderman, Iron Man et autre Captain America. Parce que c’était James Gunn aussi, un cinéaste en marge des faiseurs hollywoodiens, le mec geek et cool qui nous aura offert des folies du genre Super. Les multiples bandes annonces entrevues nous avaient vendu du rêve, notamment celui d’un blockbuster à personnalité, décalé et décomplexé, au passage incarné autour d’un sacré casting pléthorique : Chris Pratt, Zoe Saldana, Bradley Cooper, Vin Diesel, Dave Bautista, Karen Gillan, Michael Rooker, Josh Brolin, Glenn Close, Benicio Del Toro, John C. Reilly, Djimon Hounsou, Lee Pace etc… Et ça c’est rien que pour les têtes d’affiche car il y a derrière toute la galerie de guest « cachés » allant de l’inénarrable Lloyd Kaufman au série-guy Alexis Denisof en passant par Rob Zombie, Nathan Fillion ou Stan Lee. Bref, Les Gardiens de la Galaxie s’annonçait comme le must marvelien prouvant que le studio n’est pas tombé dans l’enfer du parachutage de produits marketing copier-coller. Ou du moins pas totalement.
L’AVIS :
Globalement apprécié par la critique et adoubé par une bonne partie du public, Les Gardiens de la Galaxie et son réalisateur James Gunn ont atteint leurs objectifs. Pondre un Marvel hors des sentiers archi-balisés par les derniers exploits blockbusteriens de la firme. Il faut bien admettre que le film ne ressemble à aucun autre de l’écurie dont il porte les couleurs. En quittant l’univers des petites productions pour mettre les pieds dans le grand bain du méga-budget, James Gunn a su limiter la casse question dépersonnalisation. Le réalisateur ne s’est pas fait bouffer par le système (du moins artistiquement) et le voilà qui livre un long-métrage qui a du style, son style, et qui ne répond pas (totalement) à des recettes préfabriquées. Cool, fun, drôle, spectaculaire, distrayant, autant d’adjectifs qui collent parfaitement au travail qu’il aura couché sur pellicule. Les Gardiens de la Galaxie, avec ses personnages originaux, son casting affriolant, sa musique eighties, son mélange des genres, est un petit trublion salvateur qui amuse. Du moins un moment…
Car au-delà de ses qualités entraperçues, le film ruissèle de défauts dont on se serait bien passé, pour beaucoup par excès de zèle ou de volonté de bien faire. Visuellement ? Une facture schizophrénique, partagée entre des réelles ambitions formelles et un production design déconcertant au regard du budget investi, le tirant régulièrement vers le côté sombre de la série B voire vers le côté moche des pires blockbusters (Green Lantern par exemple). Narrativement ? Si le film fait quelques efforts question écriture, il ne peut s’empêcher d’ouvrir des portes qu’il ne peut explorer pleinement ensuite. On ne parlera pas de son rythme pas toujours des mieux géré, de sa finesse discutable ou de sa redondance (on a tous perdu quelqu’un, les copains d’abord et la cool-attitude en toutes circonstances, ok, on a bien compris) amenant parfois à décrocher par léger ennui. Artistiquement ? Nul ne dira que James Gunn n’a pas essayé d’injecter un ton, un style, une personnalité à son travail car c’est incontestable. Le souci est qu’à force de suivre à la lettre des références qui cherchent absolument une résonance dans le cœur des cinéphiles geeks (le petit manuel Star Wars de A à Z), Gunn en oublie parfois de se concentrer sur son propre film et assène une enfilade de séquences faussement originales, pâtissant au passage d’une impression de laborieux notoire annihilant ses velléités de space opera déjanté dont le souffle épique ne prend pas, d’ailleurs. Musicalement ? Farcir le tout de mélodies eighties sorties du placard histoire de confectionner un ton décalé se posant en alternative des thèmes musicaux habituels rebattus (bonjour The Runaways, Blue Swede, David Bowie, The Jackson Five, Marvin Gaye etc…) c’est bien et c’est chouette. Mais quand le film se transforme en playlist déroulée avec l’intention d’en caser un maximum histoire de faire vibrer à l’excès la fibre nostalgico-culturelle du public, l’overdose pointe le bout de son nez…
Au final, Les Gardiens de la Galaxie n’est pas un mauvais film. C’est une tentative doucement audacieuse assumant sa différence. Peut-être un peu trop justement. D’un anti-produit calibré, Gunn tomberait presque dans l’extrême opposé, dans la confection cynique du film-pour-geek aux codes rétro essayant d’élaborer un univers (qui lui est bien présent, on le lui concède) décalé mais freiné par la poussivité de l’ensemble. Et au final, tout est seulement « à moitié ». A moitié sympathique avec ses touchants Groot et Drax ou son savoureux Rocket, à moitié charismatique avec son Star-Lord/Chris Pratt mi-cool mi-endive, à moitié sexy à l’image de sa Gamora-Saldana mal exploitée, à moitié prenant à l’image de son méchant clichesque qui en touche une sans faire bouger l’autre, sorte de Dark Maul maquillé comme un Avatar du pauvre avec une grosse voix de Barry White malade… C’est dommage, il y avait de l’idée mais le tout est trop maladroit pour convaincre totalement. En tout cas, voilà le blockbuster le plus surcoté de l’année.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux