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INDEPENDENCE DAY de Roland Emmerich : la critique du film

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Spectateurs

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note 4.5 -5
Carte d’identité :
Nom : Independence Day
Père : Roland Emmerich
Date de naissance : 1996
Majorité au : 02 octobre 1996
Nationalité : USA
Taille : 2h20
Poids : 75 millions $

Livret de famille : Will Smith (Steven Hiller), Bill Pullman (Président Whitmore), Jeff Goldblum (David), Mary McDonnell (Première Dame Whitmore), Vivica Fox (Jasmine), Harry Conick Jr (Jimmy), Randy Quaid (Russell), Judd Hirsh (Julius), Margaret Colin (Connie), Robert Loggia (Général Grey)…

Signes particuliers (+) : Un gros spectacle vibrant, visant le grand divertissement à l’état pur, et où chaque dollar dépensé se retrouve à l’écran sous la houlette d’un Emmerich toujours aussi mésestimé et pourtant ô combien généreux. Action tonitruante, effets spéciaux dantesques, pointes d’humour ravageur, romance, suspens, tous les ingrédients d’un intense moment d’entertainement sont réunis dans un must aussi léger qu’efficace, porté par un casting 5 étoiles. Calibré à la perfection sur la base d’une recette bien étudiée, ID4 fournit allègrement ce que l’on vient y voir. Une madeleine inoubliable à redécouvrir sous on meilleur visage.

 

INVASION POP CORNESQUE

Résumé : L’espoir de l’humanité d’un contact avec une autre forme de vie devient soudainement réalité lorsque des soucoupes volantes envahissent le ciel de la Terre. Mais le rêve va vite virer au cauchemar et la découverte que nous ne sommes pas seul dans l’univers va se transformer en une guerre intergalactique face à des aliens belliqueux…

independence-day-white-houseL’INTRO :

Montant en puissance dans le registre de la superproduction américaine à grand spectacle avec des ambitions de plus en plus gigantesques, le Roland Emmerich de 1996 poursuivait sa marche en avant vers les sommets du film à méga-budget pour spectacle pop corn dantesque nourri aux effets spéciaux impressionnants. Après l’ambitieux Moon 44 toutefois contraint par des financements limités, après l’actioner efficace Universal Soldier, puis le merveilleux Stargate, le germanique américanisé continuait dans le créneau de la SF en ressuscitant les grandes fresques d’invasions extraterrestres à l’ancienne, mais avec modernité et en usant des dernières technologies cinématographiques à sa disposition. Le tout avec pour objectif d’offrir un spectacle généreux et démesuré, sa marque de fabrique qui durera par la suite. Deux ans après son voyage à l’autre bout de l’univers sur fond de mythologie égyptienne, Emmerich livre Independence Day, référence du blockbuster des années 90. Portant à bout de bras son projet avec l’aide de son fidèle complice Dean Devlin, le cinéaste allemand démarcha les studios avec une idée de film ambitieux : porter à l’écran une invasion alien apocalyptique ultime, à base de destruction massive de notre planète et de guerre rageuse entre militaires combattant au nom de la race humaine et aliens belliqueux impitoyables et sur-évolués. Le budget nécessaire à ses intentions grandiloquentes semblaient affolant sur le papier, mais Emmerich a un talent dingue et beaucoup de créativité pour emballer à moindre frais ce qui semble, en apparence, nécessiter des sommes astronomiques. Pour convaincre les exécutifs, le metteur en scène va y aller au culot. Il va tourner de son côté une démo, la fameuse scène de destruction de la Maison Blanche. Une petite maquette du siège du gouvernement ricain, une caméra, des explosifs, et le voilà qui cloue dans leurs fauteuils les pontes de la Fox en leur prouvant que pour seulement 75 millions, il peut être capable de tourner le film le plus incroyable et le plus spectaculaire du genre, pour l’époque. Personne n’y croyait mais Emmerich était convaincu de ses possibilités grâce à sa maîtrise des effets, sa vision et à sa malice. Independence Day était né.

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L’AVIS :

Écrivant un scénario aussi simple qu’efficace avec Dean Devlin, pensant minutieusement et peaufinant son affaire avec des storyboard millimétrés de ses scènes centrales de destruction des grandes villes américaines, de New-York à Washington en passant par Los Angeles, Emmerich avait un but : livrer un spectacle maximal, généreux et encore jamais vu sur grand écran, révolutionnant le cinéma pop corn. On prend les mêmes et on recommence. Tatopoulos et Len Wiseman (déjà sur Stargate) reprennent du service aux effets spéciaux, David Arnold est à la musique (pour un score encore brillant), reste le casting. Et il va être aux petits oignons ! Le jeune Will Smith en tête, formera un duo fouyrement bien trouvé avec Jeff Jurassic Park Goldblum. D’un côté, Will Smith (qui a triomphé avec Bad Boys) joue les gros bras en pilote de chasse de l’armée américaine. De l’autre, Goldblum est le scientifique à lunettes un brin intello (on a vraiment l’impression de retrouver le savoureux duo Kurt Russell/James Spader de Stargate). Côté « seconds rôles », que du bon. Bill Pullman sera un Président américain sur-héroïque, totalement idéalisé mais fun et exaltant, Marie McDonnell une élégante première dame (avant de passer directement Présidente pour la série Battlestar Galactica, dans les années 2000), la sexy Vivica Fox incarne une femme courageuse, Judd Hirsch joue les papa juif amusant et incarnant la sagesse, Margaret Colin est la femme séparée de son mari (Goldblum) et conseillère du Président, Randy Quaid joue les doux déjanté alcoolo soi-disant enlevé par des extraterrestres il y a dix ans, et tout plein de gueules connues, de Robert Loggia à Harry Connick Jr en passant par Adam Baldwin, viennent compléter cette belle distribution… Foison de personnages qui vont, pour une fois dans le cinéma d’Emmerich, exister vraiment, avec de véritables personnalités et un sens du charisme. Si l’on a souvent pu reprocher à Emmerich l’absence de caractérisation de ses personnages dans son cinéma (et c’est pas faux, surtout dans ses films les plus récents), autant dire qu’il a su éviter cet écueil dans un Independence Day, où il parvient à rendre tous ses protagonistes attachants à l’instar de ceux de son précédent Stargate. A commencer par ce Capitaine Steven Hiller (W. Smith), militaire tête brûlée dévoué à son métier, apportant humour, cool attitude et gros bras dans cette guerre intergalactique où notre belle planète bleue devient un terrain de combat ravagé. Son duo complice avec un Jeff Goldblum, tout aussi drôle dans son registre, va fonctionner à merveille, les deux comédiens interagissant tardivement dans le script, après leur trajectoire personnelle.

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Mais ID4 (comme on le surnomme souvent) est bien plus que ça. Roland Emmerich va s’imposer (avec Michael Bay) comme l’un des grands papes du cinéma ultra-spectaculaire à l’américaine. Et il ne va pas usurper son statut. Independence Day est une nouvelle étape le confortant dans sa position. Film ultra-généreux, il brille par la qualité d’un script qui ne fait pas dans l’originalité mais dans la savante gestion de sa recette bien calculée, de ses temps forts et de son rythme. Rondement mené, jamais ennuyeux, ménageant humour, action, suspens, romantisme et drame, le script pondu par les deux acolytes est d’une précision chirurgicale dans ses climax comme dans sa narration. Emmerich sait faire monter la sauce, lentement mais sûrement, nous emmenant tout doucement mais sans jamais nous faire languir, vers l’attendu, vers le moment de bravoure d’un film qui va finalement en compter plus d’un. Toute la longue introduction participe d’une merveilleuse progression dramatique faisant monter la tension selon des codes narratifs à l’ancienne : présentation du contexte, des personnages, préparation à l’invasion, disposition tactique, compte à rebours enclenché, avec comme seule nuance une mise en situation immédiate, le film démarrant dès la première seconde sans traîner la patte à grand renfort de remplissage inutile. Dans cette folie qui éprend la Terre, fascinée par ce « premier contact extraterrestre », un homme décrypte un code et sait que l’inéluctable arrive, que les intentions de ces chers visiteurs ne sont pas aussi bonnes qu’on se prêterait à le souhaiter (enfin non puisque l’on veut du spectacle). C’est bien une apocalypse destructrice qui s’annonce, à l’image d’un film qui se voudra plus une « épopée catastrophe ». Emmerich fait bouillir la sauce jusqu’à ce que la casserole déborde… Au point de non-retour, il va nous offrir, pour l’époque, l’une des plus grandioses séquences de destruction massive de la planète (ce qui va devenir une marque de son cinéma, lui qui va devenir « le cinéaste qui aime tout faire péter »). L’attaque extraterrestre va être le point d’orgue jubilatoire d’un film visuellement bluffant, clouant le spectateur dans son fauteuil par la qualité des effets spéciaux proposés et leur abondance. L’Empire State Building, la Maison Blanche, les rues new-yorkaises, celles de L.A., les immeubles, les tunnels… C’est dans un déluge dantesque d’effets pyrotechniques qu’Emmerich va lâcher, en démontrant son savoir-faire pour souffler le spectateur, pour l’enfoncer dans son confortable fauteuil, bouche ouverte. Visuellement, la séquence est énorme, longue, généreuse, totale. Impressionnant, ID4 le devient soudainement et brutalement. Va alors débuter une formidable guerre pour la survie de l’humanité, pour la liberté, pour l’Independence selon ce discours ultra-patriotique d’un Président engagé aux côtés de ses hommes.

roland-emmerich-wants-a-series-of-independence-day-filmsPatriotique ? Oui, Emmerich l’est quand il s’agit de parler de sa terre d’accueil. Une Amérique qui lui a ouvert les bras et offert le rêve américain sur un plateau d’argent, à lui l’immigré allemand. Alors oui, Independence Day est patriotique et exacerbe au maximum des sentiments exaltés, caricaturaux parfois. Mais qu’importe, décomplexé, le cinéaste ne prétend pas accoucher d’un chef d’œuvre à l’intelligence débordante ou à la finesse redoutable. Il n’a comme but, que la recherche d’un spectacle absolu, grandiose, qui transcende l’écran le temps d’un intense voyage au sein d’une lutte entre deux espèces, avec la survie de la race humaine en point d’orgue. Independence Day va donc s’inscrire, au même titre que Stargate avant lui, dans le registre du pur film pop corn divertissant. Parfaitement calibré, parfaitement foutu et conçu, le dernier né de l’imagination d’Emmerich remplit haut la main son contrat et scotche. Humour, action, effets spéciaux, émotions, romanesque, courage, sacrifice, spectacle… Des ingrédients qui vont construire et jalonner ID4 pour en faire ni plus ni moins qu’un grand film de SF, certes basique et formaté, mais diaboliquement efficace. Et dans son registre, il est tout simplement parfait ou presque. On y trouvera des défauts, bien évidemment, mais pourquoi aller chercher midi à quatorze heure ? Emmerich a pour seul objectif d’impressionner, de faire la grosse voix avec un film bandant, vif et vivant, alliant comédie et action sur fond de guerre spatiale. Contrat remplit, objectif atteint : Independence Day est énorme.

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Souvent critiqué comme étant un produit simpliste, un blockbuster de base à ranger au rayon des navets insipides, il est vrai que ID4 ne se hisse pas au niveau de certaines productions d’un James Cameron ou d’un Spielberg, mais en même temps, il n’en a pas la prétention. Il se veut juste fun et généreux. Et il l’est. Emmerich a un style, une patte pour filmer l’action démesurée. Il se refuse à multiplier les gros plans où l’on ne voit rien, où l’on ne profite pas (voir le voisin Michael Bay). Plans larges, cadrages offrant toute l’immensité et l’énormité des scènes titanesques, le cinéaste nous permet de profiter au maximum. Excellent divertissement, Independence Day est trop injustement décrié. On peut lui reprocher tout un tas de choses mais il est un exemple idéal du grandiose à l’hollywoodienne, un bon gros spectacle bruyant, son et lumière, assumant à 200% son statut de produit simple, véhiculant des idéologies basiques mais traitées avec un sens de l’efficace gratifiant, alors que chaque dollar dépensé se retrouve à l’écran, sans aucun cynisme. Toutes les envolées lyriques sont permises, toutes les caricatures aussi, on s’en balance, Independence Day, c’est de la distraction bien foutue, c’est du spectacle tonitruant, c’est de l’excitation, de l’exaltation, c’est tout simplement un « kif » mariant à merveille ses ingrédients. Emmerich ne se prend, et ne nous prend, pas la tête. Il fait concis, direct et percutant. Pensé pour être jubilatoire, on tient là une fiction réjouissante, emballée avec un vrai talent de faiseur (et mine de rien, c’est loin d’être aussi facile qu’on ne le croit), avec comme visée finale, d’assouvir ces besoins que l’on a parfois, d’un cinéma léger et cool ! A voir et à revoir, du bon gros entertainement familial qui fait mouche.

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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