Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : 3 Days to Kill
Père : McG
Livret de famille : Kevin Costner (Ethan Renner), Amber Heard (Vivi), Hailee Steinfeld (Zooey), Connie Nielsen (Christine), Tomas Lemarquis (l’albinos), Richard Sammel (Le loup), Marc Andreoni (Mitat)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 19 mars 2014 (en salles)
Nationalité : France, USA
Taille : 1h57
Poids : 28 M$
Signes particuliers (+) : On retiendra surtout la démarche d’un Luc Besson (producteur) toujours volontaire pour essayer de proposer du gros blockbuster d’entertainement made in France, rivalisant avec nos voisins d’outre-Atlantique. Ça et la présence d’un Kevin Costner que l’on prend toujours plaisir à revoir.
Signes particuliers (-) : Peu inspiré, ennuyeux et brouillon, le dernier film du tâcheron McG ne passera pas le mur du son en terme de d’efficacité. Si les sursauts sont bel et bien spectaculaires, ils demeurent noyés dans un trop long-métrage bavard qui n’a pas la saveur bis assumée d’un Taken (qu’il copie) ni son sens du plaisir coupable régressif bourrin et décomplexé. Il se veut ainsi mais passe à côté, la faute à une absence de rythme intense.
2 HEURES À TUER…
LA CRITIQUE
Résumé : Ethan Renner est un redoutable agent secret résolu à renoncer à sa vie trépidante pour se rapprocher enfin de sa femme et sa fille, qu’il a longtemps tenues à distance pour les protéger. Lorsqu’on lui impose une ultime mission, il doit mener de front les deux combats les plus difficiles de sa carrière : traquer un dangereux terroriste et s’occuper de sa fille adolescente pour la première fois depuis dix ans…
L’INTRO :
Paris, des mafieux patibulaires mais presque, une grosse star américaine en tête d’affiche, de l’action en veux-tu en voilà et des velléités de spectacle rassasiant… On reconnaît bien là la recette d’une production Luc Besson. Le « nabab français » persévère dans la philosophie EuropaCorp de bouger notre morne cinéma franchouillard en essayant de le hisser au niveau de son voisin américain par des productions ambitieuses et internationales conférant aux blockbusters made in France. Bien ou pas et quoiqu’en dise, on respecte en tout cas la démarche d’un bonhomme décidément pas avare en efforts pour essayer de montrer que la France peut elle-aussi être capable d’œuvrer dans l’entertainement ultra-spectaculaire à gros moyens. Après Liam Neeson, Guy Pearce, Zoé Saldana, le trio De Niro-Tommy Lee Jones-Michelle Pfeiffer et prochainement Scarlett Johansson (avec le SF Lucy), Luc Besson se paie cette fois-ci le revenant Kevin Costner (et la bombe Amber Heard), balancé dans la capitale en ex-agent de la CIA traquant des trognes venues de l’Est avec la menace de sa vie soumise à un chrono qui tourne… L’affaire est mise en boîte par le tâcheron McG, coupable des adaptations ciné de Charlie et ses Drôles de Dames et de Terminator Renaissance.
L’AVIS :
La recette des productions bessoniennes est là. Des flingues, des bagnoles puissantes, des mafieux étrangers, des putes ou assimilé (Amber Heard maquillée comme une voiture volée, se la joue femme fatale old school à la limite du ridicule). 3 Days to Kill avait l’ambition d’être un nouveau Taken, le sympathique actioner fun de Pierre Morel qui, on doit l’avouer, dépotait sévère en mode plaisir coupable régressif hautement jubilatoire. Des qualités qui malheureusement ne se retrouvent pas dans ce copier-coller cuisiné dans la même casserole mais par un chef nettement moins talentueux. Si Taken avait l’avantage d’être une distraction aussi basique que radicalement décomplexée, focalisée avec sincérité sur ses maigres intentions assumées avec panache, 3 Days to Kill pâtit d’un scénario plus brouillon et moins bien ficelé, en faisant un thriller d’action mou du genou entre deux sursauts, bavard et traînant en longueur.
Malgré des séquences d’action musclées et efficaces, le film de McG n’arrive jamais à se dépêtrer de l’ennui mortel dans lequel il est englué par manque de rythme. Très long actioner copieur sans la régularité du tempo ultra-dynamique tout en concision et en punch cher à Taken et alignant les improbabilités en rang d’oignon, prêtes à se faire dézinguer par le spectateur atterré, 3 Days to Kill est bâtit de bout en bout avec de grosses ficelles semblables à des cordes nécessaires pour hisser les scénaristes au-dessus des obstacles narratifs inhérents à leur affaire sans queue ni tête, souvent coincée devant l’énormité de sa propre bêtise. Taken n’en était pas loin lui-aussi, mais Pierre Morel esquivait brillamment l’écueil par un amour affiché de la série B bourrine et sans prétention. Symbole de cette chienlit qui n’en finit jamais (2h00 quand même), le vétéran Kevin Costner tente de surnager en trimballant son charisme fatigué aux quatre coins d’une capitale clichée transformée en terrain de jeu, avec un air permanent de touriste se demandant ce qu’il fout là.
Finalement, le meilleur dans cette nouvelle production EuropaCorp qui fait un effort pour satisfaire Arnaud Montebourg et son made in France en remplaçant les BMW par des Peugeot (tout en gardant les Mercedes, faut pas pousser quand même), c’est peut-être son hilarant générique de début, lorsque apparaît fièrement la mention « sur une idée originale de Luc Besson ». Sérieusement ? On ne saurait même pas dire ce qui est le plus drôle entre « idée » ou « originale »… Besson a franchi un premier palier déjà respectable en parvenant à monter des projets comme celui-ci en France. Reste juste maintenant à passer le second en faisant en sorte à ce qu’ils soient bons. On était pourtant prêt à accueillir comme il se devait cette nouvelle Bessonade généreuse et calibrée portée par une icône, en la prenant pour ce qu’elle était sans chercher plus loin parce que dès fois, ça fait du bien. Mais l’on espérait quand même davantage de second degré et surtout de s’y amuser un peu plus. A l’arrivée, reste seulement le spleen d’un profond embêtement.
Bande-annonce :
Par Nicolas Rieux