Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : 20th Century Women
Père : Mike Mills
Date de naissance : 2016
Majorité : 1er mars 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h58 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique
Livret de famille : Annette Bening, Elle Fanning, Greta Gerwig, Billy Crudup, Lucas Jade Zumann…
Signes particuliers : Une chronique bouleversante, portée par une immense Annette Bening.
TOUTES LES FEMMES DE MA VIE
LA CRITIQUE DE 20th CENTURY WOMEN
Résumé : Santa Barbara, 1979. Trois femmes racontent à un jeune garçon leur expérience des hommes, des femmes, de l’amour et de la liberté.
On connaît par cœur ces jeunes réalisateurs démarrant leur carrière en apothéose avant de peiner à retrouver la grâce et la fraîcheur de leurs débuts volontaires. Mike Mills est le contraire, de ces cinéastes qui se bonifient avec le temps, gagnant en maturité au fil des films. Après Âge Difficile Obscur (2005) puis Beginners (2011), le metteur en scène américain, tout juste cinquantenaire, signe sa plus belle œuvre avec 20th Century Women, peut-être celle qui marquera à jamais sa carrière. Fin directeur d’acteurs (sous sa direction, Lou Taylor Pucci a glané l’Ours d’argent à Berlin et Christopher Plummer a pu embrasser l’Oscar de Meilleur Second Rôle), Mike Mills offre aujourd’hui à la prodigieuse Annette Bening, l’occasion de briller et de retrouver enfin un rôle à la juste mesure de son talent, incarnant ici une magnifique femme du XXème siècle, libre, totale, incroyable et généreuse. Une grande dame du quotidien, naturellement fascinante, dont le rayonnement sur les siens irradie cette fresque féministe et humaniste, touchée par la beauté et la lumière.
20th Century Women baigne dans cette catégorie de films sans intrigue particulière, seulement dirigés par le récit de la vie fantastique de personnages fantastiques. Dorothea n’a pourtant rien de spécial. Seule, elle élève juste du mieux qu’elle peut son fils, dans sa vieille maison qu’elle partage avec quelques locataires recueillis. Elle est divorcée, elle travaille, elle vit, elle a ses qualités et ses failles, elle va de petits bonheurs en petits malheurs. Rien de particulier, si ce n’est un charisme, une volonté de traverser sa vie en étant une bonne personne, d’élever son enfant pour faire de lui, quelqu’un de bien. A travers elle, son fils en pleine construction et la galerie de personnages qui les entourent (interprétés par Elle Fanning, Billy Cudrup ou Greta Gerwig), la splendide chronique de Mike Mills s’élargit vers la fresque parlant du monde moderne, des changements, la difficulté d’y évoluer, trouver sa place et s’y définir soi-même… Bref, 20th Century Women parle finalement ni plus ni moins que de la vie, sous toutes ses facettes et dans toutes ses dimensions, avec une infinie sagesse qui n’a d’égale que son humilité jamais donneuse de leçons. Car c’est bien ça qu’incarne Dorothea au centre de ce long-métrage bouleversant. Une mère, une femme, qui fait du mieux qu’elle peut, qui commet des erreurs parfois, qui voit juste parfois, qui essaie toujours. Et comme beaucoup de films du même genre, du moins les plus réussis, 20th Century Women est drôle, émouvant, profond. Une balade à travers quelques existences gravitant autour d’une aux allures d’astre solaire.
Remarquable d’intelligence, capable de passer d’un battement de cœur, de la joie à la mélancolie, car la vie est ainsi faite, comme un bateau qui tangue au gré des remous, naviguant entre les réussites et les regrets, 20th Century Women est une parenthèse enchantée et enchanteresse, un hommage à ces petites héroïnes du quotidien qui ont accompli une chose peut-être plus grande que tous les exploits inscrits dans les Guinness, faire de leur d’enfant d’aujourd’hui, un homme bien de demain. Rendant hommage à des personnages qu’il a réellement connu et qu’il a construit en songeant à eux, sa propre mère en premier lieu, Mike Mills signe ce qui restera comme l’un des grands films de cette nouvelle année 2017, une œuvre absolue, solaire, chaleureuse et irrésistible, dominée par une tendresse bienveillante qui touche en plein cœur, et par une Annette Bening à qui l’on peut d’ores et déjà promettre, une avalanche de prix.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux