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POSTAL (critique – comédie)

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postal-01Mondo-mètre :
note 2
Carte d’identité :
Nom : Postal
Père : Uwe Boll
Livret de famille : Zack Ward (le postier), Dave Foley (Dave), Chris Coppola (Richard), Michael Benyaer (Mohammed), Jackie Tohn (Foi), Erick Avari (Habib), Ralf Moeller (John)…
Date de naissance : 2007
Nationalité : Allemagne
Taille/Poids : 1h54 – 15 millions $

Signes particuliers (+) : 2-3 gags déjantés.

Signes particuliers (-) : Un monument de nullité crasse nourrie à la débilité et au potache graveleux quand il ne flirte pas avec le raciste et le mauvais goût.

 

LE BON GOÛT PAR LE MAUVAIS UWE BOLL

Résumé : Un postier looser dans une petite ville américaine, se retrouve à la rue à causes des dépenses excessives de son infidèle de femme. Il trouve refuge chez son oncle et ensemble, les deux bonhommes décident de se remettre à flot en braquant le parc d’attraction du coin. Ils ne savent juste pas qu’une armée de talibans infiltrés sur le sol américain ont eu la même idée qu’eux…

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Adaptation cinématographique d’une série de jeux vidéos éponymes mettant en scène un employé de poste devant commettre un maximum de meurtres, Postal est surtout la première excursion dans le registre de la comédie pour le germanique Uwe Boll plus habitué aux nanars horrifiques qu’au jeu de zygomatiques. Des zygomatiques qu’il fait travailler d’ordinaire mais plus par un enchaînement de bâillements devant des films d’une nullité souvent atterrante et parfois bien ennuyeux. Mais récemment son Rampage avait redonné de l’espoir. Uwe Boll était sauvable et n’était finalement peut-être pas un cas désespéré. L’occasion donc de se replonger dans la riche carrière du teuton (qui tourne à la vitesse de la lumière) à commencer par ce Postal qui n’aura, comme les autres, pas connu les joies d’une distribution en salles bien évidemment…

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Postal est probablement le film le plus con qui nous ait été donné de voir depuis… depuis… depuis… Mince, depuis si longtemps que ça ?! Uwe Boll doit être schizophrène. Car sans une sombre histoire de trouble de la personnalité, il est difficile de trouver une explication plausible au fait que le cinéaste allemand qui a pondu le nerveusement bon Rampage en 2009, sorte de relecture plus bourrine du chiantissime Elephant De Gus Van Sant, puisse être le même auteur que ce sombre et stupide nanar pathétique et déplorable dont la seule visée semble être de faire rire sans choquer étant donné que le cinéaste part du principe que le public est forcément rangé derrière son second degré. Pour situer, Postal est un joyeux mélange cherchant à renouer avec l’esprit des ZAZ, de Leslie Nielsen, de Torrente, excellent et hilarant petit film parodique espagnol et d’un humour décapant à la Troma. L’ennui est qu’au final, on est plus proche d’un Police Academy 12 que d’un classique de l’humour loufoque à la sauce Hot Shot.

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Le plus navrant est le principe sur lequel semble reposer tout le film. Uwe Boll s’amuse à prendre tous les sujets dits « tabous » possibles et imaginables en termes d’humour, pour les passer à la moulinette de la parodie et du rire potache. Il existe en effet tout une série de sujets sur lesquels la dérision est souvent mal percue. On en revient au fameux, « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » (et surtout pas forcément n’importe comment et dans n’importe quel contexte). Boll décide de donner un coup de pied dans la fourmilière et de tourner en dérision à grand renfort d’humour graveleux tout ce qui potentiellement choquer. Dès lors, tout y passe : les talibans, le terrorisme, le 11 septembre, le gouvernement américain, les nains, les handicapés, les obèses, les nazis, la police et ses bavures… Tout est matière à rire.

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Dans l’idée, pourquoi pas ? On aurait pu être, en effet, en présence d’un film corrosif et impertinent bousculant les valeurs de base. Mais non. Non, car les gags sont d’une potacherie crade et gênante à la limite entre caricature raciste et débilité profonde et maladroite. Et l’on ne sait jamais de quel côté le film se situe. Postal est un étalage de transgressions absolument pas drôle une seule seconde. Au contraire, on est plutôt affligé devant le spectacle navrant offert par celui que beaucoup présentent comme le nouveau Ed Wood des temps modernes. Mais la nuance, c’est qu’Ed Wood… c’était sympathiquement marrant. C’était cheap mais sincère. Et si Uwe Boll a frappé fort avec Rampage, déjà fort impertinent mais intelligent, il est clair et net que l’allemand doit oublier à vie la comédie potache. Car taper sur tous les tabous possibles dans un gros bordel foutraque ne fait pas nécessairement d’une comédie déjantée, une bonne comédie. Encore faut-il qu’il y ait un minimum de talent dans l’écriture des gags, monsieur Boll. Et c’est dommage car le pire, c’est qu’il y avait peut-être matière à sortir quelque chose de cette purge. Il aurait juste fallu une infime dose de talent et ne pas vouloir foncer systématiquement dans la transgression de tabous sans visée ou sens. C’est lassant à la force. Retenez cela Monsieur Boll pour l’avenir… Dans la vie, tout est question de dosage et d’intelligence (bon et de talent aussi en fait) lorsque l’on veut se montrer impertinent, exercice qui n’est clairement pas à la portée de tous.

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Le plus drôle dans l’affaire est probablement les interviews accordées par le géant baraqué, grands moments de connerie humaine. « Il n’y a pas de mauvais goût dans Postal. Le film est un miroir de la réalité. C’est la réalité qui est de mauvais goût. Si vous êtes choqué par Postal, vous êtes soit, a), stupide, soit, b), acheté par les multinationales de l’armement ou du pétrole, ou, c), un fanatique religieux. » Et le cinéaste d’ajouter : « Postal est meilleur que tous les films présentés au Festival de Cannes cette année. Mais quelle que soit la bouse qu’ils aient tournée, ce sont toujours les mêmes réalisateurs qui sont invités. » En gros, si vous n’aimez pas le film, vous êtes un gros débile qui n’avez rien compris. Non, Uwe, c’est juste mauvais et ta provoc ne marche pas. Espérons juste pour lui qu’il soit adepte du second degré dans ces quelques lignes retranscrites et il y a fort à parier que ce soit le cas au vu de la personnalité du bonhomme. En tout cas, Postal est affligeant, la preuve que l’humour déjanté enfonçant les portes du mauvais goût, n’est pas à la portée de tous et requiert bien plus d’élégance qu’on ne le soupçonne. Ce sera la morale de Postal. Car si beaucoup de gags ne sont pas idiots dans l’intention et l’idée, leur traduction visuelle est souvent fort pathétique. Surenchère de bêtise permanente, irrespect impertinent sans justification. Choquer pour choquer, sans visée, est souvent le symbole de la nullité et de l’idiotie. Le vrai talent est de savoir le faire avec « grâce ». Boll le fait mais avec « crasse ». Toute la nuance est là.

Bande-annonce :

2 thoughts on “POSTAL (critique – comédie)

  1. Bonjour Pierre,

    Merci pour ta réaction. Elle est virulente et on n’a d’ailleurs pas compris le pourquoi mais bon… Tu as tout à fait le droit de penser que l’on n’a aucune culture ciné et que l’on ne sait pas faire dans l’analyse du langage cinématographique etc… (enfin, dans l’absolu, pour ma part, j’ai fait des études d’histoire et d’analyse du cinéma quand même…) mais bon, rassures-toi, on se sent investi de rien et n’a pas la prétention de quoi que ce soit. Nos avis modestes restent nos avis modestes, rien de dogmatique. On a monté ce site par seul plaisir et parce que ça nous amuse et on espère que ça va le rester avec des papiers simples quand ils doivent l’être et plus approfondis quand c’est nécessaire. L’analyse du langage etc, on gardera ça pour un Lars Von Trier, pas pour un Uwe Boll.

    Juste quelques précisions. Nous n’avons jamais dit que nous n’aimions pas Gus Van Sant, au contraire. Nous n’aimons pas certains films (comme Elephant en l’occurrence) mais cela n’empêche pas que certains soient vraiment épatants comme Paranoid Park, Searching Forrester et d’autres. C’est juste que l’on trouve Elephant prétentieux là où le Rampage de Boll affichait plus de sincérité. A part ça, on ne dit pas tant de mal que ça de beaucoup de cinéastes en si peu de lignes.

    Pour Boll, en effet, on le descend, oui. Rampage est un coup de génie. Le reste de sa filmo est quand même sacrément médiocre. Libre aux gens d’aimer ou pas son style et son travail. J’ai eu l’occasion de le rencontre, son discours est en effet très intéressant. Après, son cinéma… Les intentions ne font pas toujours les bons films. Oui il y a de petites choses à sauver mais l’essentiel de sa filmo tire vers la médiocrité dotée d’un talent très relatif, surtout si l’on entre dans le langage cinématographique et l’analyse.

    Pour finir, oui, nos papiers ne sont pas signés en effet. Le site est notre signature et cela nous suffit. Je doute que les lecteurs aient besoin de savoir que nous nous appelons Pierre, Paul, Pedro ou Martin. Ils s’en foutent pour la plupart.

  2. Bonjour,

    attiré par votre nom qui était le mien de 2007 à 2010 (vente de dvd vhs, affiches, fanzines, bo) et aussi critiques, comptes rendus de festival et autres), je zappe viteuf ce qui me permet quelques remarques: quand on dit autant de mal d’autant de cinéastes en quelques lignes, il est de bon ton de signer l’article. Le problème de la blogosphère, c’est que tout le monde se sent investi pour raconter n’importe quoi n’importe où et n’importe quand.
    J’allais zapper énervé par quelques trucs faciles (positif/négatif, truc de djeuns! sans intérêt pour moi) et par une « critique » convenue de class 1984. Mais essayant Postal que je n’ai toujours pas vu, je me sens obligé de prendre le temps de réagir.
    Bon si vous trouvez Gus Van Sant chiantissime sous prétexte que ce n’est pas de l’exploitation, alors peut-être que le film de Uwe n’est pas si mauvais que celà. De toutes façons, votre titre insultant ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes, là où certains ont décrété un jour sur Tweeter ou dans tout espace aussi inintéressant, que Boll était le plus mauvais réalisateur du monde.
    Quand on a aucune culture, ça peut faire illusion quelques années. A condition de ne pas s’intéresser à la mise en scène et au langage cinématographique, ce qui condamne ce type de rédacteurs à tourner en rond entre analyses de scenarii poussives et réflexions subjectives sur l’interprétation. Il y a toujours des choses à sauver chez Uwe. Il ne fait pas non plus que des interwiews de merde, mais il donne dans la provo après s’en être pris plein la gueule c’est sur.
    On est d’accord sur Rampage, mais tu ne me décourages pas de voir Postal pour autant, c’est même le contraire, tant de mauvais goût m’excite déjà (que veux tu, entre deux gus van sant!). Après j’aimerais bien voir Darfour édité en france un jour, qui d’après un copain maquilleur pour lui, est totalement insoutenable et insortable.
    Non par contre mon seul vrai problème avec le bonhomme est son Auschwitz. Il a transformé une bande annonce ultra provo et efficace (genre je vais vous montrer la mort en direct à l’inérieur d’une chambre à gaz) en docu-fiction où une reconstitution lamentable (genre camp de vacances avec juifs grassouillets et hilares) est entrecoupé d’interviews de lycéens qui n’en ont rien à carer de l’holocauste. Et là tu te dis waow, c’est sur que les teutons ont un sérieux problème à régler sur ce sujet actuellement parce que quand on mesure le décalage entre les intentions et le résultat, au secours!
    bon voilà, j’arrête de jouer les geeks, a part ça qui que tu sois, ton papier est bien écrit, pas besoin de uwebolliser la moitié du septième art pour défendre ou non un film d’exploit! Bonne continuation…

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