Nom : Les Ogres
Père : Léa Fehner
Date de naissance : 2015
Majorité : 23 août 2016
Type : Sortie DVD
Nationalité : France
Taille : 2h24 / Poids : NC
Genre : Drame, comédie dramatique
Livret de famille : Adèle Haenel, Marc Barbé, François Fehner, Marion Bouvarel, Ines fehner, Lola Dueñas, Philippe Cataix, Christelle Lehallier, Thierry de Chaunac…
Signes particuliers : Un portrait à la fois épique et intimiste sur le monde du théâtre itinérant. Formidable !
CES OGRES QUI DÉVORENT LA VIE
LA CRITIQUE DE LES OGRES
Résumé : Ils vont de ville en ville, un chapiteau sur le dos, leur spectacle en bandoulière.Dans nos vies ils apportent le rêve et le désordre.Ce sont des ogres, des géants, ils en ont mangé du théâtre et des kilomètres.Mais l’arrivée imminente d’un bébé et le retour d’une ancienne amante vont raviver des blessures que l’on croyait oubliées. Alors que la fête commence !L’INTRO :
A peine sortie de son école de cinéma, la jeune cinéaste Léa Fehner s’est immédiatement faite remarquée avec son premier long-métrage, le drame Qu’un seul tienne et les autres suivront, en réalité son travail de fin d’étude qu’elle a pu porter à l’écran. Quelques prestigieuses récompenses plus tard, Léa Fehner s’est alors mise en quête d’un deuxième projet. Il lui aura fallu plus de cinq ans pour réussir à concrétiser Les Ogres, son second film, inspiré de son expérience personnelle et de sa jeunesse avec ses parents dans une troupe de théâtre itinérant. Coécrit à six mains avec entre autre Brigitte Sy (réalisatrice de L’Astragale), Les Ogres met en valeur une nouvelle étoile du cinéma français, la jeune comédienne Adèle Heanel, révélation du film Les Combattants, qui lui aura valu un César de la meilleure actrice après celui du meilleur second rôle obtenu pour L’Apollonide.L’AVIS :
Quand Lea Fehner parle de son nouvel effort, chacune de ses paroles met en avant l’ambivalence du milieu du spectacle itinérant dans laquelle elle immerge le spectateur pour un grand voyage cinématographique entre road trip, drame et comédie. Que ce soit dans le regard porté entre émerveillement, douleur et nostalgie, dans l’essence même de ce monde dépeint, ou encore dans les personnages qui l’illustre, tout n’est que dichotomie, tout n’est qu’affaire de prisme, et surtout, tout n’est que ressentis sans cesse écartelés dans un maelstrom d’émotions diverses, complémentaires ou contradictoires. Égoïsme ou solidarité, monde en vase clos étouffant ou délicieux esprit familial, personnages horribles ou attachants, difficulté d’un quotidien harassant ou effervescence pleine d’énergie et de vie, théâtre de scène et théâtre de vie, ambiance joyeuse et solaire ou gravité d’un univers dur, fantasque et joviale truculence ambiante ou immaturité permanente agaçante, insouciance des impératifs financier ou pénibilité de cette vie de dénuement, fatigue vs passion, vie d’excès vs douleur des drames ramenant violemment sur terre… La liste pourrait être ainsi longue mais tout ramène à une chose essentielle : Les Ogres est la peinture passionnée et déchirée d’un perpétuel partage entre bons souvenirs et regard authentique sur un univers aussi grisant que cruel.Des hauts, des bas, des joies, des peines, des moments poignants, des tensions, des remises en question, des personnages colorés, tour à tour détestables, médiocres et méchants ou au contraire lumineux, vivants, mobiles, libres et bouleversants… Les Ogres est le portrait d’un petit groupe d’hommes et de femmes, avec leurs qualités et leurs faiblesses. Mais surtout, Les Ogres est une histoire de vie, touchant du doigt la quintessence de l’acte d’être et de se sentir vivant. Si le film de Léa Fehner pourra paraître parfois un peu long (2h25), on se sent vite happé par ce monde étonnant, par son quotidien où chaque jour est un nouveau combat, où chaque jour apporte son lot d’incertitudes, de déchirements, de convivialité ou de colère. Et au milieu de cette vie qui n’a rien d’un long fleuve tranquille, le spectateur d’être invité à une plongée immersive au cœur d’une valse entre enthousiasme et peines. Les Ogres est une invitation à entrer, le temps d’un film, dans un monde méconnu qui incarne pourtant à la perfection, tous les visages de l’existence dans ce qu’elle peut avoir de plus beau ou de plus sombre. A fleur de peau, le film de Léa Fehner emporte tout sur son passage, par sa richesse narrative ou formelle, par son caractère insaisissable, par le naturel de sa troupe, par son abondance émotionnelle aussi, où la mélancolie côtoie la liberté, où la vie affronte la survie, où le solaire jouxte la noirceur. Un monde sur un fil fragile, et un film qui fonctionne comme une prouesse d’acrobate, en équilibre précaire sur une corde tissée avec force et bravoure. Subtilement existentiel, follement enraciné dans le réel qu’il dévoile, Les Ogres est une balade magique, un tourbillon tour à tour amoureux ou violent, qui laisse sur le carreau au terme d’une séquence finale aux allures d’ode à la vie.
C’est souvent la triste réalité qui frappe les plus petits films. Comme bien d’autres avant (et après) lui, Les Ogres doit se contenter d’une sortie seulement en DVD, le Blu-ray étant trop coûteux à produire pour un long-métrage à l’équilibre aussi fragile. Dommage car visuellement, Les Ogres est une merveille et la HD lui aurait apporté un véritable plus, au moment d’une redécouverte à domicile. Qu’importe, on se satisfait néanmoins de ce que l’on a, avant que la même réalité ne revienne frapper à la porte. Cette fois-ci, côté suppléments. Ils sont peu sur la galette DVD du film, seulement trois séquences commentées et une bande-annonce. Encore dommage. Mais le film est une telle réussite que l’achat en vaut quand même la peine.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux