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JOURNEY TO THE WEST : CONQUERING THE DEMONS de Stephen Chow
Blu-ray Import – critique (fantastique)

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Spectateurs

452331Mondo-mètre :
note 6.5
Carte d’identité :
Nom :
Père : Stephen Chow et Chi-kin Kwok
Livret de famille : Huang Bo (Tang Sanzang), Qi Shu (Miss Duan), Zhang Wen (Roi Singe), Show Luo (le Prince), Lee Sheung Ching (Moine de sable), Chrissie Chau (4eme tueuse), Chen Bing Qiang (KL Hog), Cheng Si Han (le maître sans nom), Xing Yu (Poing de l’étoile du Nord)…
Date de naissance : 2013
Majorité au : inconnue
Nationalité : Chine, HK
Taille : 1h50
Poids : 33,7 millions $

Signes particuliers (+) : Pour son très attendu retour, Stephen Chow signe une fresque ambitieuse incarnant parfaitement son cinéma. Un film audacieux, généreux, fou, décalé, drôle, intense, surprenant, impressionnant. Les plus illustres légendes chinoises se matérialisent dans son esprit décalé et le résultat n’est pas sans magie jubilatoire.

Signes particuliers (-) : Les ambitions de Chow sont souvent contrariées par les limites du cinéma chinois en matière d’effets spéciaux. Un problème récurrent qui ne date pas d’hier. Le film souffre aussi d’un déséquilibre qualitatif.

 

LE GRAND RETOUR DE STEPHEN CHOW !

LA CRITIQUE

Résumé : Moine bouddhiste, Tang Sanzang fait l’impossible pour protéger un petit village chinois de l’attaque d’un démon incarné en poisson monstrueux. Il comprend qu’il a tout à apprendre pour devenir un véritable chasseur de démon. Mais il rencontre Miss Duan, experte en la matière…

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L’INTRO :

En voilà un come-back qui fait chaud au cœur ! Cela faisait maintenant près de quatre ans que le génial Stephen Chow avait complètement disparu des écrans radars. Ni film en tant qu’acteur, ni film en tant que réalisateur… C’est simple, depuis CJ7 en 2008, Chow s’était tout simplement volatisé. Pour son retour sur la scène cinématographique chinoise, l’accueil aura été à la mesure de l’attente puisque son petit dernier, la comédie fantastique Journey to the West : Conquering the Demon, s’est fendue d’un véritable carton monumental au box office local, explosant tous les records domestiques à sa sortie en février 2013, avec plus de 200 millions $ engrangés en seulement quelques semaines. Le père de Shaolin Soccer et Crazy Kung-fu peut être aux anges, ses fans ont répondu présent. A tel point qu’une suite à d’ores et déjà été mise en branle… Mais d’abord, ce Journey to the West disponible en DVD/Blu-ray à Hong-Kong et

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Avec Journey to the West, Stephen Chow se ré-empare du célèbre roman classique chinois éponyme daté du XVIème siècle et ancré profondément dans les plus illustres légendes chinoises, dont celle du Roi Singe. Ce qui ne manque pas de nous renvoyer nostalgique à l’excellente version du Roi Singe de Jeff Lau dans laquelle jouait Stephen Chow en 1994. L’artiste n’apparaît pas cette fois-ci en tant que comédien et officie seulement derrière la caméra où il signe la mise en scène d’une œuvre très ambitieuse, aidé de Derek Kwok (le film de SF 2002 mais aussi Gallants ou Frozen plus récemment). Il fallait bien quatre mains pour matérialiser les folles idées sorties de l’esprit d’un Stephen Chow en grande forme, qui aura mis plusieurs années à faire aboutir ce projet. Voilà à quoi il était occupé tout ce temps. L’accouchement de Journey to the West aura été laborieux, au moins autant qu’un Green Snake de Tsui Hark en son temps, mais la grande et éternelle question est surtout de savoir si le résultat en valait la peine…

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L’AVIS :

La réponse est oui et non. Journey to the West n’est clairement pas le meilleur film de Stephen Chow à ce jour. Et pourtant dans le temps, on y retrouve des passages touchés par le génie divin ainsi que l’essentiel de son cinéma avec tout ce qu’il faut de personnages marginaux, de loufoquerie cartoonesque et de potentiel comique débridé, le tout dans un véritable travail plastique et mythologique assez sublime d’inventivité et de folie. Du moins, jusqu’à ce qu’il rencontre ses limites. Car à l’instar de l’évoqué Green Snake il y a 20 ans, Journey to the West souffre du syndrome des « yeux plus gros que le ventre ». Traduction, Stephen Chow et Derek Kwok avaient communément des ambitions extraordinaires calquées sur une volonté et une direction artistique qui voyait très grand. Mais le duo de metteurs en scène s’est retrouvé confronté aux limites technologiques et du savoir-faire du cinéma chinois en matière d’effets spéciaux. Exactement comme Tsui Hark en 1993. Journey to the West essaie d’en mettre plein la vue et y parvient mais irrégulièrement, la faute à des éternels CGI en souffrance du côté du pays du milieu. Toutefois, loin de nous de dire qu’ils sont tous ratés car le film recèle néanmoins quelques séquences absolument somptueuses, pour ne pas dire démentes, à l’image du dédoublement du chasseur de démon tigre, de la métamorphose du chasseur au pied de géant ou de la destruction des démons de la taverne, explosant en sable sous le coups d’un anneau magique. Mais pour autant de séquences magnifiques et maîtrisées, quantité d’autres traduisent le fossé qui sépare encore l’industrie chinoise de l’excellence en matière d’effets digitaux. Cela étant dit, en occultant ce rendu versatile qui peut faire sourire les non initiés, habitués à l’excellence générale du cinéma américain, Journey to the West est quand même épatant sur une bonne partie du métrage.

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Narrativement comme qualitativement parlant, Journey to the West est une affaire d’acte. D’abord, sa première moitié. Concrètement, la meilleure. Chow et Kwok nous acoquine à un jeune chasseur de démon débutant et maladroit (excellent Wen Zhang qui se prête à toutes les facéties qui lui sont imposées et elles sont nombreuses) qui va se lancer dans une aventure épique et initiatique au cours de laquelle il découvrira à la fois les difficultés de la profession et rencontrera au passage l’amour avec une belle « consœur » (magnifique Shu Qi à croquer) qui jettera sur lui son dévolu. Façon Le Seigneur des Anneaux, sa progression le mènera jusqu’à l’ultime ennemi, le redoutable et redouté Roi Singe. Pendant une bonne heure, Journey to the West est visuellement hallucinant, mêlant action barrée et comédie complètement nawardesque dans un gros divertissement assez jubilatoire et ruisselant de quelques séquences cultes. On retiendra notamment une entame grandiose et impressionnante de richesse, entremêlant étroitement comédie délurée, suspens, émotion, et surprises narratives étonnamment audacieuses. La culture de la surprise imprégnera d’ailleurs l’ensemble du long-métrage, Chow ne reculant devant rien pour prendre à revers son public par de l’inattendu permanent jouant autant dans la cour de l’humour, du fantastique ou du drame. Et c’est probablement ce qui donne au film ses lettres de noblesse, cette capacité qu’il a de nous surprendre sans cesse et par tous les moyens.

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Vient ensuite le second acte, avec à la clé une dernière demi-heure plus poussive alors qu’elle essaie ironiquement de se transcender en terme de spectacle. Si c’est dans cette partie là que Chow lâchera le plus la bride en terme d’action et d’épique déjantés, c’est aussi dans celle-ci que la laideur des effets spéciaux se fera la plus criarde, pour la simple et bonne raison qu’ils deviennent presque omniprésents à l’image. Et dans l’abondance, les carences technologiques vont commencer à sérieusement se faire sentir, le plutôt réussi succédant à l’atrocement moche et vice et versa. Côté scénario, le film commence également à connaître ses premières longueurs avec quelques petits soucis de rythme ça et là alourdissant des séquences trop étirées et manquant de tempo et d’efficacité.

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Dresser un bilan de Journey to the West est compliqué tant le film alterne moments de bravoure d’anthologie et passages ratés manifestes. Mais globalement, Chow n’a pas perdu la main. Si son film souffre d’imperfections, il reste quand même un effort louable où le cinéaste réussit à importer son style fou non-canalisé dans une grande histoire mythologique intense reflétant la richesse de la culture chinoise dès qu’il s’agit de toucher aux sacro-saintes légendes. Drôle, virevoltant, sensuel, décalé, touchant, Journey to the West est un espèce de patchwork démesuré à la saveur singulière et au courage admirable. Disponible en Blu-ray et DVD hong-kongais (avec dieu merci sous-titres anglais), Journey to the West attend toujours une sortie en France, au pire en vidéo, au mieux en salles.

 

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

One thought on “JOURNEY TO THE WEST : CONQUERING THE DEMONS de Stephen Chow
Blu-ray Import – critique (fantastique)

  1. Magnifique je l’ai vu en vostfr des que j’ai su que stephen chow etait de retour avec ce film. un regal pour les fans de cine asiat tel que moi

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