Mondo-mètre
Carte d’identité :
Nom : The Shallows
Père : Jaume Collet-Serra
Date de naissance : 2016
Majorité : 17 août 2016
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h27 / Poids : 13 M$
Genre : Horreur-épouvante
Livret de famille : Blake Lively, Angelo Lozano Corzo, Jose Manuel Trujillo Salas…
Signes particuliers : Blake Lively, un requin, beaucoup d’ennui.
UN REQUIN QUI MANQUE DE MORDANT
LA CRITIQUE DE INSTINCT DE SURVIE
Résumé : Nancy surfe en solitaire sur une plage isolée lorsqu’elle est attaquée par un grand requin blanc. Elle se réfugie sur un rocher, hors de portée du squale. Elle a moins de 200 mètres à parcourir à la nage pour être sauvée, mais regagner la terre ferme sera le plus mortel des combats…
Le cinéma aime les requins et les requins aiment croquer les stars de cinéma. Instinct de Survie, nouveau long-métrage de l’espagnol Jaume Collet-Serra, vient s’ajouter à la longue liste des films mettant aux prises des malheureux en fâcheuse posture et des squales impitoyables prêt à user de leurs dents acérées sur leurs jolies gambettes perdues dans l’immensité aquatique. Ou quand un sympathique barbotage dans l’eau se transforme en cauchemar sanglant. Alors que la série délirante et semi-débile des Sharknado s’éclate à envoyer ces chers bestiaux dans les airs, dans l’espace et on en passe des vertes et des pas mûres, retour en mer avec quelque-chose de plus sérieux, que l’on espérait moins comique et vraiment plus effrayant.
Si le spielbergien Les Dents de la Mer demeure encore aujourd’hui comme le chef-d’œuvre du genre et la référence incontournable et inégalée, quelques petites tentatives mineures auront su nous faire passer de bons moments de stress depuis. On pense par exemple à l’angoissant Open Water ou encore au regardable The Reef, deux séries B bien plus valeureuses et fréquentables que les navets Shark 3D ou Bait, ou le bâclé Peur Bleue de l’ami tâcheron Renny Harlin. Cette fois-ci, direction une plage paradisiaque du Mexique où la sculpturale Blake Lively s’en est allée pour s’adonner à sa passion du surf afin de fuir un deuil traumatisant. Des « vacances » qui vont vite faire place nette à une âpre lutte lorsque la donzelle va se retrouver seule sur un petit bout de rocher miteux, alors que rôde aux alentours, un bon gros requin affamé prêt à en faire, son prochain déjeuner quatre étoiles.Sans faire de vagues et sans nécessairement rechercher une quelconque inventivité, Instinct de Survie aurait pu se contenter de procurer quelques petits frissons jouant avec l’élasticité de notre trouillomètre, le tout en se bornant à revisiter une recette moult fois cuisinée à l’écran. Mais réglé sur fréquence « alimentaire » depuis sa traversée de l’Atlantique pour aller faire mumuse avec les dollars hollywoodiens, Jaume Collet-Serra continue de se perdre dans un cinéma décidément fort insipide (Non-Stop, Night Run). Qu’il semble loin le temps de la petite bombe Esther pour le barcelonais. Alors qu’il s’annonçait comme un thriller horrifique sous tension dans lequel on tremblerait pour le sort de la sexy Lively en détresse, Instinct de Survie n’impose quasiment aucun sursaut et sombre lentement mais sûrement dans les tréfonds de la bisserie sans intérêt. Le principal problème du film est de ne pas savoir comment alimenter son récit dont la consistance tiendrait sur un coin de sopalin usagé. Et alors que l’affrontement entre sa belle moulée dans son joli bikini et son squale en colère se met en place, Instinct de Survie n’a pas d’idées pour dynamiter son script trop sommaire et le vide résonne encore passé le générique de fin. Avant lui, Open Water et The Reef (pour ne citer qu’eux) avaient eu la même équation à résoudre, mais l’un comme l’autre avaient su trouver le moyen d’être efficaces et de ne jamais relâcher la pression, de sorte à piéger le spectateur dans un enfer sans issue mais constamment en mouvement malgré le statisme de leur principe narratif. Tout ce que n’a pas su faire cette « distraction » estivale dont l’indigence scintille sur les eaux bleues qui lui servent de cadre.Tournant très rapidement en rond à l’image de son requin autour d’une Lively à mi-chemin entre la nunuche et la guerrière déterminée à en découdre, Instinct de Survie se paye une ribambelle de clichés artificiels qui viennent répondre aux images insupportables d’un Collet-Serra en mode clippeur prêt pour filmer le prochain championnat du monde de la glisse. Et quand le cinéaste cesse enfin de nous asséner ses pseudo-images sportives pour entrer dans le vif de son sujet, l’ennui commence à faire des ravages sur cette série B courte sur pattes et pourtant longuette dans le ressenti. Mais le pire reste encore à venir quand Collet-Serra viendra nous achever par un final dont le sommet de ridicule semble avoir été soufflé à l’oreille du scénariste par un copain bossant sur des productions Asylum. A oublier.
BANDE-ANNONCE :
Par Nicolas Rieux
jaime la meuf