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ALICE ET LE MAIRE de Nicolas Pariser : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Alice et le Maire
Père : Nicolas Pariser
Date de naissance : 2018
Majorité : 2 octobre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h43 / Poids : NC
Genre : Comédie dramatique

Livret de famille : Fabrice Luchini, Anaïs Demoustier, Nora Hamzawi…

Signes particuliers : Nicolas Pariser décortique les mécanismes de la politique actuelle avec intelligence.

ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA POLITIQUE MODERNE

NOTRE AVIS SUR ALICE ET LE MAIRE

Synopsis : Le maire de Lyon, Paul Théraneau, va mal. Il n’a plus une seule idée. Après trente ans de vie politique, il se sent complètement vide. Pour remédier à ce problème, on décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann. Un dialogue se noue, qui rapproche Alice et le maire et ébranle leurs certitudes.

De plus en plus, le nom de Fabrice Luchini en haut d’une affiche de cinéma est associé à une comédie où l’acteur circulerait en roue libre dans un cabotinage devenu comme une marque de fabrique. Heureusement, il reste encore quelque chose du grand Luchini, un talent qui ne demande qu’un bon script pour s’exprimer. C’est le cas avec Alice et le Maire où le truculent comédien est associé à la douce Anaïs Demoustier pour un film à cheval entre le drame et la comédie dramatique, ni vraiment ni vraiment l’autre, mais dans tous les cas une fable intelligente sur la politique moderne.

Qu’en est-il de la démocratie française au XXIème siècle ? Où en est la Cinquième République ? Dans quel état se trouve le monde politique ? La population peut-elle encore attendre quelque chose de ses dirigeants ? Ce sont quelques-unes des questions que soulève Alice et le Maire tout en essayant d’apporter des pistes de réflexion à travers un drame plutôt amer, certes teinté de subtils éléments comiques moqueurs, mais globalement dirigé par une certaine mélancolie pas loin du fatalisme. En somme, la République est-elle morte ou presque ? Ce n’est pas tout à fait aussi alarmiste, mais clairement Nicolas Pariser offre un visage pas très beau à voir du monde politique actuel régi par la communication, le marketing, les contraintes inextricables, l’égoïsme carriériste, le manque d’audace, de cran et de modestie. Intéressant de voir que le cinéaste a surtout le courage d’éviter la facilité pour mettre les mains dans le cambouis. Beaucoup se seraient contentés de faire dans la farce brocardeuse, dans la paraphrase simpliste car le détail est trop complexe. Audacieux, Pariser y va franchement, quitte à prendre le risque de se couper de la frange populaire du public. Et Alice et le Maire d’être une production étonnante dans le paysage cinématographique actuel. Le cinéaste décortique les rouages d’un milieu cynique, désabusé et désabusant, il n’hésite pas à parler avec verbe et verve, n’hésite pas associer ses discours à des réflexions philosophiques. Bref, Nicolas Pariser ne recule pas devant l’intelligence que réclamait son exercice. Le monde de la politique fait souvent peur pour ça et rares sont ceux qui osent s’y aventurer en profondeur. Dans la lignée des meilleurs films du genre (Quai d’Orsay, L’exercice de l’Etat), Pariser plonge dans les arcanes du pouvoir avec un regard incisif et déploie une formidable interrogation sur l’opposition entre idéalisme et réalisme en politique, ou comment le premier est étouffé par le second.

Seul petit bémol dans cet océan d’intelligence, Alice et le Maire finit par tourner un tout petit peu en rond autour de ses idées de départ. Faute d’une intrigue narrative adossée à des enjeux, le film explore et répète à foison ses critiques et réflexions sur le monde politique pendant 1h45 faute d’avoir autre chose à raconter. Il aurait pu pousser plus loin en faisant de sa fin une « deuxième partie », mais il aurait fallu beaucoup de courage pour se risquer au périlleux exercice de l’anticipation politique et Pariser ne s’y est pas aventuré. Reste un film solide, intéressant, qui nourrit le cerveau autant qu’il titille parfois les zygomatiques, et porté par un duo impeccable.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

One thought on “ALICE ET LE MAIRE de Nicolas Pariser : la critique du film

  1. Conseiller politique moi-meme, j’ai beaucoup apprecie le realisme, le script, le jeu des acteurs principaux mais aussi des autres. Dommage que le film se termine si brusquement. Manque de budget ? Dommage aussi que le son soit si mauvais (ou bien etait-ce notre salle, pourtant habituellement excellente). Un des meilleurs films de cette rentree pour moi. Un tres bon role pour Fabrice Luchini car il peut etre theatral dans ce role politique. A voir sans aucune reserve.

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