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V/H/S 2 (critique – horreur)

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Spectateurs

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note 8
Carte d’identité :
Nom : V/H/S 2
Pères : Simon Barrett, Jason Eisener, Gareth Evans, Edouardo Sanchez, Gregg Hale, Timo Tjahjanto
Livret de famille : Trop de comédiens pour être listés…
Date de naissance : 2013
Nationalité : USA, Canada, Indonésie
Taille/Poids : 1h30 – Budget NC

Signes particuliers (+) : Des segments brillants et inspirés, bien articulés dans un film d’horreur choral diversifié et surtout d’anthologie où certains blocs relèvent de la claque magistrale quand d’autres poussent le trouillomètre à son maximum. Avec même un peu d’humour au détour d’un super segment zombie originalement traité. V/H/S 1 est bel et bien de l’histoire ancienne.

Signes particuliers (-) : Une légère surenchère dans les effets « found footage » et quelques micro-incohérences stylistiques.

 

QUAND V/H/S 2 FAIT OUBLIER V/H/S 1 !

Résumé : Deux enquêteurs privés entrent par effraction dans une maison à la demande d’une mère sans nouvelle de son étudiant de fils. L’appartement est vide mais des téléviseurs allumés à côté de pile de VHS attirent leur attention. Ils vont en visionner quelques-unes espérant découvrir de précieux indices…

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Le cas de V/H/S 2 n’est pas unique et n’est pas sans nous rappeler le sort connu par d’autres petites péloches horrifiques, américaines ou pas, qui, après être sorties à l’étranger et avoir fait parler d’elles, voyaient un deuxième opus se mettre en production, être tourné, sortir, alors que le premier restait toujours énigmatiquement inédit chez nous. Meilleur exemple récent en date, Grave Encounters. Un film d’horreur modeste mais de génie, un deux produit, distribué alors que le premier reste encore indisponible dans nos contrées vallonnées. Une explication ? Non. Et après, on vient se plaindre du téléchargement illégal ! Le cas de V/H/S est le même à la seule nuance que le premier film n’était franchement pas une réussite. Toujours est-il qu’il a beaucoup fait parler par son casting de stars… derrière la caméra. Série B horrifique construite comme une anthologie de courts-métrages compilés derrière un segment qui fait lien, V/H/S 1 réunissait une série de talents comme Matt Bettinelli-Olpin, David Bruckner, Tyler Gillett, Justin Martinez, Glenn McQuaid, Joe Swanberg, Chad Villella ou encore les doués Ti West et Adam Wingard. Lors d’un cambriolage, un groupe de jeunes gens découvraient plusieurs VHS dévoilant des histoires aussi horribles qu’effrayantes. Le succès de V/H/S va amener ses producteurs (le site récent du cinéma de genre, Bloody Disgusting) à rapidement enchaîner avec un second volet. Certains metteurs en scène rempilent, d’autres pas. De nouveaux débarquent dont certains noms qui ne manquent pas d’attirer l’attention. Au rayon des revenants d’abord, le scénariste Simon Barrett, qui avait écrit plusieurs des segments du précédent volet et qui cette fois, prend la direction d’un des blocs et Adam Wingard. Du côté des nouveaux maintenant, des noms sympas voire renommés comme Jason Eisener (Hobo with a Shotgun, un court de l’autre anthologie du moment, The Abc’s of Death), Timo Tjahjanto (Macabre), Eduardo Sánchez (Le projet Blair Witch), Gregg Hale (Say Yes Quickly, producteur sur la série Freaky Links ou sur le film Seventh Moon de Sanchez) et la petite surprise du chef, le génial Gareth Evans, découvert avec Merantau, avant qu’il ne confirme son talent sur la bombe The Raid. Du beau monde pour une séquelle, d’où notre inquiétude car quand déjà un premier n’est pas très bon, cela ne laisse rien augurer de transcendant pour sa suite…

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V/H/S 2 reprend le concept de son prédécesseur. Deux enquêteurs privés pénètrent par effraction dans une maison à la demande d’une mère inquiète de n’avoir aucune nouvelle de son étudiant de fils. Sur place, personne. Dans le salon, des téléviseurs avec des piles de K7 VHS. Le film sera donc un assemblage de segments montés autour de cette histoire servant de fil rouge, le tout tourné à nouveau en found footages. V/H/S 2 va se payer un tour des plus prestigieux festivals doublé d’une sortie en VOD avant une sortie en salles aux Etats-Unis, cet été. Tribeca, Sundance, Boston, le Florida Festival et d’autres…

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Et le film sera une surprise. On avait l’habitude du phénomène inverse où une petite pépite inattendue dégommait le paysage cinématographique du genre avant qu’une séquelle outrageante ne le suive. Grave Encounters, The Descent, Blair Witch, Cube, Saw, Scream… Récents ou anciens, les exemples sont légion. Autant de films redoutablement efficaces dont l’image a été ternie par une séquelle navrante. V/H/S se paye le luxe inverse. Après un premier volet très moyen voire même pas bon, sorti en 2012, sa suite distribuée dès l’année suivante s’avère… excellente ! Du segment principal aux quatre blocs qui gravitent autour, V/H/S 2 met la barre sacrément plus haut et produit du très bon de bout en bout avec quasiment aucun segment plus faible qu’un autre, même si certains sont clairement au-dessus. Les différents metteurs en scène mettent tous de la rage dans leurs petits moments de bravoure pour accoucher de segments nerveux, terrifiants, bien foutus, sans qu’aucun ne semble prendre pardessus la jambe son affaire. La qualité du résultat s’en ressent instantanément avec des blocs intelligemment construits, pour la plupart mis en scène avec beaucoup de génie, d’inspiration et de talent, autour de scénarios franchement alléchants. On pourra cependant, encore reprocher au film sa surcharge d’effets de dégradation de l’image pour lui donner un cachet très VHS abîmée renfermant des rushes brut de décoffrage  (et c’est d’autant plus idiot que les « trucs » utilisés sont plus numériques qu’analogiques au demeurant, mais bon). Autre détail histoire de boucler les défauts, la cohérence de la mise en scène, pas toujours respectée, avec soi-disant du found footages filmé en vue subjective diégétiquement mais qui se permet parfois d’ajouter une caméra « externe » et extra-diégétique. Mais passons pour au contraire, louer le travail fourni pour élever ce second volet nettement au-dessus du premier.

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Tape 49 sera donc la trame narrative. Elle est l’œuvre de Simon Barrett qui se retrouve avec le travail le plus ingrat, poser les bases du fil rouge dans lequel les autres enfileront leurs chaussons. Malgré cela, Barrett fera un très bon boulot car même si son segment est très entrecoupé, il aura l’occasion de laisser libre court à sa créativité dans un final furieux et bien flippant, à l’efficacité redoutable.

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Phase I Clinical Trial d’Adam Wingard est le premier vrai segment entier. Il tourne autour d’un accidenté de la route qui hérite d’un problème oculaire consécutif à son drame. Un médecin lui propose un implant test qui va enregistrer les ondes captés par son œil afin de mieux le soigner. Sauf que le pauvre quidam va se mettre à voir des choses. Phase I reprend un concept éculé de l’horreur (le même que The Eye ou Sixième Sens) et va le croiser avec un intense moment de furie estampillée found footages style. Le résultat est un roller coaster halluciné de trouille efficace, idéal pour entrer dans l’univers de ce V/H/S 2.

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Idéal avant de partir sur tout autre chose puisque A Ride in The Park, coréalisé par Gregg Hale et Edouardo Sanchez, nous convie aux prémices d’une invasion zombie vécue du côté des zombies ! Le résultat est de très haute volée et ne manque d’intelligence dans la façon dont il est traité. Un jeune sportif part sur un sentier faire une ballade à VTT. Il va se faire attaquer par un couple transformé en zombie. Devenu zombie lui-même, c’est par son regard que l’on va assister à la mise en place d’une invasion carnassière et archi-violente. Un peu à la façon Warm Bodies mais en bien bien plus gore ! Ce second segment est tout aussi efficace que ses prédécesseurs et sacrément bien fichu. Jusque-là, V/H/S 2 nous propose vraiment de l’excellence au menu de ses réjouissances.

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Et ce n’est certainement pas Safe Heaven, du duo Timo Tjahjanto et Gareth Evans, qui va venir affirmer le contraire. C’est probablement le meilleur même. Le tandem nous plonge dans les arcanes d’un mouvement sectaire dangereux mais opaque, grâce aux caméras d’une équipe de journalistes qui arrive à embobiner le gourou troublant pour obtenir le droit de filmer les coulisses de son mouvement. Tétanisant, glaçant, ce segment est une claque que l’on ne voit pas venir, mêlant malsain, réalisme de prime abord (quand on connaît l’organisation de certaines groupuscules aux dérives sectaires dangereuses) avant de virer à l’hallucinant où se croise fantastique barré et horreur viscérale terrible dans un final incroyablement furieux qui met marque les joues d’une claque monumentale. Safe Heaven est un petit joyau plaçant la barre très très haute.

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Enfin, Slumber Party Alien Abduction de Jason Eisener ne relâche malheureusement pas pour le spectateur, la pression. Des amis, un chien, une caméra accrochée à son coup pour déconner et des extraterrestres terrifiants qui débarquent. Mortifiant, ce dernier bloc remet la trouille au centre des choses avec une intensité diaboliquement efficace, « intense » et « efficace » étant au final les deux mots clés qui résument toute l’œuvre entière puisqu’ils seront également au rendez-vous du final reprenant le premier Tape 49 pour sa fin. Slumber Party Alien Abduction est réalisé avec beaucoup d’inventivité, de dynamisme et de folie alors que les aliens en question, sont à la fois bien matérialisés et franchement flippants.

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Au final, les amateurs d’horreur et de flippe cinématographique seront généreusement servis avec ce V/H/S 2 qui non content de surclasser son modèle, vient en prime délivrer une charge horrifique réjouissante. Le film restera sans aucun doute comme l’une des petites pépites du genre de l’année 2013, que l’on recommande au plus haut point. Certes, la réalisation en found footages peut-être fatigante pour les réfractaires mais elle est largement compensée par la qualité du spectacle de peur mis en place. Un vrai régal qui remet l’anthologie des V/H/S au centre du microcosme du genre ! Bravo aux protagonistes de cette affaire que l’on redit être intense, efficace, terrifiante.

Bande-annonce :

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