Mondociné

THE FORTRESS de Hwang Dong-Hyuk : la critique du film [Blu-ray]

Partagez cet article
Spectateurs

[Note spectateurs]

Carte d’identité :
Nom : The Fortress
Père : Dong-hyuk Hwang
Date de naissance : 2018
Majorité : 08 août 2018
Type : Sortie Blu-ray/DVD
Nationalité : Corée du Sud
Taille : 2h19 / Poids : NC
Genre
: Historique, Guerre

Livret de famille : Yun-seok Kim, Park Hee-Soon, Lee Byung-Hun…

Signes particuliers : Un film historique qui tente maladroitement de prendre le contrepied à ce qui se fait habituellement.

LA GUERRE DES IDÉES

LA CRITIQUE DE CLIMAX

Résumé : Hiver 1636. Alors que la Chine tente d’asservir l’Asie, le roi Injo et ses hommes refusent de se soumettre, retranchés dans une forteresse dans les montagnes. Mais les rangs chinois grossissent de jour en jour, et le rapport de force semble très déséquilibré… Autour de cette forteresse va se jouer l’ultime bataille. Pour l’honneur d’un roi. Pour le destin d’un peuple.

La Corée du Sud aime à fouiller dans les nombreux recoins de son histoire pour dénicher des récits propices à devenir des films historiques spectaculaires où l’héroïsme se traduit en souffle épique. Avec The Fortress, le réalisateur Hwang Dong-Hyuk se penche sur un moment clé de l’histoire coréenne, lorsqu’en 1636, les Qing de Chine décidèrent d’envahir le pays pour la seconde fois. L’ennemi marchant à grands pas vers la capitale et les routes ayant été coupées, le roi Injo de Joseon se retrancha dans la forteresse de Namhan, perchée au sommet d’une colline. Le 14 décembre 1636, débuta un siège de 47 jours au cours duquel le monarque et ses ministres eurent de vifs débats sur l’avenir : se soumettre aux Qing et perdre la face ou tenir avec honneur sachant que le rapport de force était déséquilibré ? Pour donner plus de conviction aux débats et aux divergences d’opinions, Hwang Dong-Hyuk réunit pour la première fois à l’écran, deux stars du cinéma coréen. D’un côté, Lee Byung-hun (Les 7 Mercenaires, I Saw the Devil) incarne un Ministre de l’Intérieur calme et charismatique prônant la soumission aux Qing pour éviter un affrontement perdu d’avance. De l’autre, Kim Yoon-Seok (The Chaser, Sea Fog) endosse le costume du Ministre des Rites, partisan de la résistance jusqu’à la mort.

Un duel de talents au sommet, un chapitre décisif de l’histoire coréenne comme sujet, un récit riche en émotions, en tension et en enjeux, Hwang Dong-Hyuk avait à peu près tout ce qui lui fallait pour signer un grand film à la fois dense et captivant. Malheureusement, le cinéaste de Silenced va se lancer sur un terrain sablonneux miné de nombreux dangers. A l’inverse de la plupart des films historiques en provenance de Corée regorgeant d’impressionnantes scènes de bataille destinées à rassasier les amateurs de grand spectacle, l’histoire au centre de The Fortress est un intense duel… de mots. Les vrais enjeux qui ont fait trembler les murs de la forteresse de Namhan ont eu lieu loin du champ de bataille, entre les murs d’une salle de conseil où un roi et ses ministres débattent de la meilleure option à choisir entre le refus de plier le genou menant à une quasi-mort certaine ou la soumission synonyme de lâcheté aux yeux de l’histoire. Basé sur un best-seller loué pour sa capacité à rendre avec minutie les évènements de Namhan, The Fortress va donc se tourner davantage vers le drame historique sur un déchirement moral profond opposant deux visions de la situation, plutôt que vers le grand film d’action épique empilant les scènes de bataille acharnées. Et c’est peut-être là que Hwang Dong-Hyuk risque de perdre une partie du public international.

Si le film a été un énorme succès en Corée du Sud (4 millions d’entrées), The Fortress est loin de ce que le public international attend de ce genre d’épopée historique. Cette différence aurait pu être une force si Hwang Dong-yuk avait su en tirer le meilleur mais le réalisateur loupe son contrepied, livrant un film passablement ennuyeux, se bornant à une succession de scènes de débats entrecoupées de brèves scènes de bataille aussi courtes que frustrantes, en plus de transpirer le déjà-vu mille fois. Abdiquer ou résister, l’unique enjeu du film va être usé jusqu’à la corde pendant plus de deux heures, et le schématisme du film couplé à son attentisme et à sa redondance (The Fortress répétant les mêmes scènes jusqu’à l’abus) va l’empêcher de devenir immersif, palpitant, stressant. On peut louer la volonté de Hwang Dong-Hyuk de signer un film presque anti-commercial, plus porté sur la stratégie diplomatique et les questionnements moraux mais encore fallait-il injecter assez d’intensité pour que l’édifice en devienne irrespirable de tension, ce qu’il ne parvient pas à faire.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux