Mondociné

THE CANYONS de Paul Schrader
Critique – en salles (thriller)

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Spectateurs

012586.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxMondo-mètre :
note 0.5
Carte d’identité :
Nom : The Canyons
Père : Paul Schrader
Livret de famille : Lindsay Lohan (Tara), James Deen (Christian), Nolan Gerard Funk (Ryan), Amanda Brooks (Gina), Tenille Houston (Cynthia), Gus Van Sant (Campbell)…
Date de naissance : 2013
Majorité : 19 mars 2014
Nationalité : USA
Taille : 1h39
Poids : 250 000 $

 

Signes particuliers (+) : x

Signes particuliers (-) : L’immense Paul Schrader n’est que l’ombre de lui-même dans cette purge imbitable semblable à un médiocre et très ennuyeux épisode de la série 90’s Hollywood Night, lorgnant vers du De Palma ou Verhoeven en mode poussif et sans intérêt. Mal joué, mal filmé, mal éclairé, mal monté, il n’y a tristement rien à sauver de ce The Canyons qui n’a de sulfureux que sa nullité et les noms qui défilent au générique.

 

DANS LES CANYONS, PERSONNE NE VOUS ENTEND DORMIR…

LA CRITIQUE

Résumé : Christian, jeune producteur de films ambitieux, est amoureux fou de Tara, une actrice qu’il abrite sous son toit. Obsédé par l’idée qu’elle le trompe, Christian fait suivre Tara et découvre qu’elle entretient effectivement une liaison. Sa jalousie se fait d’autant plus grande que l’amant de Tara n’est autre que Ryan, ex petit-ami de cette dernière qu’elle a imposé sur le futur projet cinématographique de Christian. Le producteur décide alors de les piéger tous les deux, sacrifiant au passage ce qui lui reste d’humanité dans des jeux pervers et violents…02-the-canyons

L’INTRO :

The Canyons est un projet qui souffle le chaude et le froid rien que par son générique d’ouverture. Les informations défilent, certaines inspirent la crainte, d’autres attisent la curiosité ou réjouissent carrément. Ainsi, on grince des dents en voyant que la starlette trash en perdition Lindsay Lohan en est la star avant d’être intrigué par le fait que le film est basé sur un bouquin de l’illustre Bret Easton Ellis. Mieux, le romancier, auteur d’American Psycho, s’est chargé lui-même d’en écrire le scénario ! Et puis nouveau vent glacial en apprenant que la diva trash Lohan est coproductrice de la chose avant une nouvelle brise chaleureuse lorsqu’apparaît le nom du réalisateur… Paul Schrader ! Le célèbre scénariste-réalisateur fait son retour derrière la caméra après une petite parenthèse discrète qui l’avait vu s’en éloigner depuis 5-6 ans et le drame Adam Resurrected avec Jeff Goldblum. Ce comeback, Schrader aurait sans doute pu l’imaginer meilleur. Le cinéaste n’aura sans doute pas dû être aidé par un budget dérisoire d’à peine 250 000 dollars et une star capricieuse (on vous le donne en mille : Lindsay Lohan) qui a fait vivre à enfer à l’équipe, composé d’acteurs venus du monde du porno. WTF ?! Oui, The Canyons est un thriller sulfureux se roulant dans la fange perverse du milieu du cinéma et laissant une grande place aux scènes très évocatrices…

linday_lohan_james_deen_the_canyonsOn aura dû s’y reprendre à deux fois pour vérifier qu’il s’agissait bien du même Paul Schrader que celui qui se cache derrière les scripts de quelques-uns des classiques scorsesiens comme Taxi Driver, Raging Bull ou La Dernière Tentation du Christ. Celui-là même qui a réalisé des pépites telles que le remake de La Féline avec Nastaja Kinski, Mishima, American Gigolo ou Affliction. Triste constat, il ne s’agit nullement d’un homonyme mais bel et bien du même artiste talentueux, qui avec ses quelques dollars en poche et un appel au système du crowdfunding pour boucler son affaire, tente l’aventure d’un thriller érotisé ambitieux abattant la carte de l’atmosphère perverse amarrée à un jeu dangereux ancré dans le malsain. Sur le papier, The Canyons aurait pu être tentant. On faisait autant confiance à Schrader pour savoir instillé une ambiance sulfureuse qu’à Lindsay Lohan pour ne pas jouer les farouches et se mettre, au sens propre comme au sens figuré… à nu.PHOTOS-Mostra-2013-Paul-Shrader-Bret-Easton-Ellis-et-une-pornostar-mais-pas-de-LiLo-pour-The-Canyons_reference

L’AVIS :

Sauf que tout déraille dès les premières minutes, qui trahissent à elles-seules un film artistiquement compliqué, à l’esthétique épouvantable. Très mal interprété par une ribambelle de comédiens qui n’en sont pas vraiment, soyons sérieux, The Canyons se met alors à cumuler tous les axes de laideur possible et imaginables. Mal filmé et cadré avec des choix ressemblant plus à du dépit qu’autre chose, passablement mal éclairé (voire pas du tout) entre séquences sur- ou sous-exposées, monté sans le moindre sens artistique comme si le cinéaste avait à maille à partir avec des rushes insatisfaisantes qu’il emboîtait ensemble faute de mieux, ce micro-budget trop étroit pour le costard qu’il essaie de se tailler, est définitivement enterré par sa capacité incessante à sonner faux ou à contretemps de chacune de ses scènes ou idées. The Canyons finit par ressembler à un mauvais et ennuyeux épisode d’Hollywood Night (pour ceux qui se souviennent) alors que Schrader se prend pour un ersatz de De Palma sous prozac.canyons-1

Consternant et indigne du talent de son metteur en scène, on a du mal à croire au triste spectacle auquel on est confronté. On sent les références très appuyées à De Palma en premier lieu mais à Paul Verhoeven aussi, mais elles ne servent jamais un film englué dans le vide de son scénario manquant cruellement de ressorts dramatiques pour soutenir les enjeux déjà pas folichons qui façonnent sa pauvre ossature narrative. D’autant que l’essentiel de l’histoire repose finalement sur des personnages auxquels il ne nous est jamais donné la possibilité de s’attacher une seule seconde, tous plus têtes à claque inintéressants les uns que les autres. A l’image du film en définitive. The Canyons passe au final, pour un bien mauvais téléfilm de série B vendu avec une accroche éculée affichant fièrement une addition archi-rebattue « Hollywood, Sexe et Pouvoir ». Creux et au physique ingrat, la preuve que « grands noms » ne riment pas systématiquement avec « grands films ».

Bande-annonce :

Par Nicolas Rieux

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