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ROBOCOP 2 (critique – SF)

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note 4.5
Carte d’identité :
Nom : Robocop 2
Père : Irvin Kershner
Livret de famille : Peter Weller (Murphy/Robocop), Nancy Allen (Anne Lewis), Dan O’Herlihy (le vieux), Tom Noonan (Cain), Robert Doqui (Reed), John Glover (Salesman), Mario Machado (Wong), Leeza Gibbons (Perkins)…
Date de naissance : 1989
Nationalité : USA
Taille/Poids : 1h50 – 35 millions $

Signes particuliers (+) : Quelques scènes d’action distrayantes.

Signes particuliers (-) : Un nanar vulgaire dénué de toute once d’intelligence à l’inverse du premier, préférant forcer le trait sur l’action et la violence plutôt qu’essayer de retrouver l’esprit qui animait le chef d’œuvre de Verhoeven. Une réal digne d’un téléfilm bis.

 

IRVIN ET LE ROBOT

Résumé : Robocop se lance dans une croisade contre une nouvelle drogue dangereuse, le Nuke et fait face à la volonté de l’OPC de développer un nouveau cyborg de deuxième génération…

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1987. Le néerlandais Paul Verhoeven signe l’un des films les plus marquants de la décennie des eighties, un véritable chef d’œuvre à la fois palpitant, spectaculaire et livrant une profonde réflexion quasi philosophique sur es dangers de l’excès d’ordre, d »autorité, sur les dérives totalitaires sous couvert d’intentions louables pour le citoyen. En somme, Robocop était presque comme un « film alarme » rappelant aux gens de rester sans cesse aux aguets, lucides, en alerte permanente sur ce qu’il se passe autour de soi, dans la société, afin de ne pas se faire surprendre un jour, au dernier moment, par des dérives tragiques et irrattrapables que l »on n’aura pas sentie poindre. Véritable film de SF se doublant d’une puissante charge politique sur l’évolution du monde et de la société, Robocop était et est toujours un chef d’œuvre grandiose. Bientôt 25 ans après sa sortie, il fait toujours preuve d’une perfection totale que ce soit par sa musique envoûtante, ses scènes chocs mémorables, son récit d’une rare intelligence ou la réalisation parfaite d’un grand Verhoeven. Robocop n’avait quasiment pas de défauts, ce qui explique probablement son statut d’œuvre culte aujourd’hui, le célèbre policier informatique étant comme l’un des personnages les plus emblématiques du cinéma eighties.

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Et c’est bien évidemment dans une logique commerciale imparable, qu’un tel film allait engendrer des suites, deux pour être précis au cinéma, avant que ne débarquent un téléfilm, deux séries animées et une série télévisée. Mais dans un premier temps, ce sera une suite directe, sortant sur les écrans trois ans après le chef d’œuvre de Verhoeven. Et c’est à se demander ce que le grand Irvin Kershner (L’Empire Contre-Attaque) est allé y foutre ! Sur un scénario épuré, expurgé et détourné de Franck Miller, Kershner livre un Robocop 2 vulgaire et poussif ne s’attachant qu’à remplir le fameux adage du « la suite doit être toujours plus que son modèle ». Mais plus quoi ? Plus tout. Et c’est bien là le problème. Verhoeven avait réussi à trouver la formule, le mélange parfait entre scènes d’action, scènes de SF, scènes intimistes tragiques et scènes servant un discours politique d’ensemble, visionnaire. Clairement, Verhoeven avait su tirer le meilleur de cette passionnante histoire pour la transcender.

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Kershner n’a pas ce fameux mélange et Robocop 2, qui est pourtant considéré comme une œuvre culte par beaucoup, est d’une bêtise incommensurable que seule le troisième volet pourra battre. Les scènes d’action s’y révèlent outrancières, le film se vautre dans une violence dégoulinante et exagérée là ou Verhoeven avait su la doser de manière à renforcer l’impact et de donner du sens aux séquences les plus éprouvantes. Pire que cela, Robocop 2 brille par le vulgaire de ses intentions du « toujours plus ». Plus de méchants, plus de violence urbaine, plus de chaos anarchiste… Même les gamins de dix ans sont présentés comme ultra-violents comme si l’on était dans le Orange Mécanique ou le Mad Max de la SF à la gratuité éprouvée. Tout cela pour traduire la dégradation et le pourrissement de la société capitaliste… Oui, mais sauf que le classique de Verhoeven brillait par la finesse de son discours parfaitement intégré dans le récit. Ici, la « tentative » de discours alternatif au récit est d’une lourdeur navrante, comme si l’exagération et la caricature était le seul moyen pour faire passer une idée.
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Kershner nage dans ce naufrage en faisant de ce Robocop 2 comme un piètre téléfilm vulgaire où le scénario dénature complètement l’esprit et le caractère de ce qu’est Robocop à la base : une machine entièrement reconçue et remodelée, un programme qu’un passé perturbe tel un bug (marquant au passage le pouvoir progressif dès 1987 de l’emprise de la technologie sur l’homme et l’humain). Ici, tiraillé entre sa part humaine et sa part mécanique, notre Alex Murphy de ferraille tend plus à devenir un ridicule humanoïde. Un humain mais au corps d’acier. On se retrouve dès lors avec des scènes sentimentalistes ou émotionnelles ridicules avec un Peter Weller qui a légèrement tendance au cabotinage même s’il se montre par ailleurs impressionnant dans quelques scènes. Robocop n’est plus Robocop. Les quelques séquences « psychologiques » voire « humoristiques » détonnent complètement d’avec le principe du personnage et nous font très vite regretter notre feu Robocop tel qu’il était dans le premier opus ! Il est évident que les scénaristes n’ont pas su gérer un point crucial dans l’évolution du personnage. Parasité par des images de son passé qu’il ne comprend pas et qu’il ne sait comment interpréter, Robocop est dérangé dans son système et son fonctionnement par une infime partie d’Alex Murphy toujours là. Mais Verhoeven avait clairement gardé et mis en avant le côté machine et les réactions d’une machine. Ici, le scénario essaie d’enchaîner la suite de cette idée et part à contresens. Robocop se souvient de tout et ça le ronge, ça lui fait mal, ça lui fait de la peine.. mais en tant qu’être humain. Et c’est là que le problème se pose. Là où l’aspect machine aurait dû prendre le dessus, les producteurs/réal/scénaristes ont privilégié l’aspect humain du personnage par volonté de pouvoir glisser psychologie à deux sous, empathie, tragédie et fore des émotions. Autant de choses que Verhoeven parvenait à soulever sans pour autant avoir un protagoniste humain.

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Ce Robocop ne ressemble en rien au vrai Robocop si ce n’est dans le charme eighties de son esthétique d’ensemble et dans certaines scènes réussies augmentant d’autant plus notre frustration. Mieux vaut revoir dix fois le premier et oublier au plus vite cette suite honteuse, certes spectaculaire, mais gratuite, idiote, fade et insipide. Quel gâchis.

Bande-annonce :

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