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LOLO de Julie Delpy : la critique du film

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Spectateurs

Lolonote 2.5 -5
Nom : Lolo
Père : Julie Delpy
Date de naissance : 2015
Majorité : 02 mars 2016
Type : Sortie vidéo
Nationalité : France
Taille : 1h40 / Poids : NC
Genre : Comédie, Romance

Livret de famille : Julie Delpy, Dany Boon, Vincent Lacoste, Karin Viard, Antoine Lounguine, Elise Larnicol…

Signes particuliers : L’étrange rencontre de Julie Delpy et Dany Boon…

UN LOLO QUI DONNE DU FILS À RETORDRE

LA CRITIQUE

Résumé : En thalasso à Biarritz avec sa meilleure amie, Violette, quadra parisienne travaillant dans la mode, rencontre Jean-René, un modeste informaticien fraîchement divorcé. Après des années de solitude, elle se laisse séduire. Il la rejoint à Paris, tentant de s’adapter au microcosme parisien dans lequel elle évolue. Mais c’est sans compter sur la présence de Lolo, le fils chéri de Violette, prêt à tout pour détruire le couple naissant et conserver sa place de favori.lolo_film_1L’INTRO :

C’est toujours avec une profonde affection que l’on retrouve le cinéma de Julie Delpy. Parce qu’à travers son œuvre, l’actrice-cinéaste parvient toujours à nous parler, au-delà des générations, au-delà des nationalités, des sexes et autres catégorisations. Grâce à son talent d’observatrice et à sa façon de restituer des bribes de vécus aussi personnels qu’universels, Julie Delpy a pour elle, ce don d’émerveiller tout en dialoguant avec le spectateur. C’est ce qui ressortait de la trilogie des Before sur laquelle elle a officié en tant que coscénariste (sur Before Sunset et Before Midnight). C’est aussi ce que l’on avait pu remarquer au détour de Two Days in Paris ou Le Skylab.lolo_film_2L’AVIS :

Avec Lolo, Julie Delpy parle encore fois du couple, plus précisément, des débuts d’une relation, ce moment magique de la rencontre où l’on est pas sûr de savoir où l’on met les pieds, ce moment où l’on se pose des questions sur nos différences, ce moment où l’on est tout foufou et incapable de passer deux minutes sans envoyer un texto. Mais aussi, Lolo évoque l’inquiétude dans les familles recomposées, comment les enfants de chacun vont appréhender cette « intrusion sentimentale », quelle relation a t-on avec eux quand on a pris l’habitude de vivre à deux sans figure paternelle dans le tableau ? Et pour asseoir ce portrait croqué avec appétence, le film de s’amuser également des clichés opposant arrogants parisiens et naïfs provinciaux.lolo_film_3Justement souvent considérée (à tort) comme l’auteur « d’un cinéma très bobo-parisien », Julie Delpy s’associe avec le très populaire Dany Boon pour donner vie à Lolo, sorte de comédie romantique « à la Delpy« , errant entre authenticité drolatique et acidité jouissivement cruelle. L’authenticité du portrait d’une relation nouvelle, l’acidité avec l’histoire d’un fils manipulateur qui va tout faire pour la détruire (la laconique Vincent Lacoste) afin de garder sa mère pour lui, dans l’esprit de la relation exclusive qu’ils se sont ensemble constitués depuis longtemps. Comme à son habitude, Julie Delpy réussit à dégager beaucoup de justesse de son nouvel exercice. Une justesse qui opère à la fois de façon comique avec dialogues et situations désopilants de véracité, caressant la caricature sans jamais vraiment y verser, mais aussi une justesse pertinente apposée dans les thématiques de fonds qu’embrasse Lolo, notamment lorsqu’il discourt sur ces divorcés quadragénaires qui ont réussi professionnellement mais échoué dans leur vie personnelle. Son sens de l’observation aiguisé fait une nouvelle fois mouche lorsque la cinéaste croque des moments de vécu dans lesquels tout un chacun peut se reconnaître entre jalousie, passion énamourée ou incertitudes. Malheureusement, ce sera dès que la cinéaste quittera la chronique humoristique pour entrer plus fermement dans le fil de sa narration, que Lolo s’étoilera progressivement, gardant ses bonnes idées en toile de fond mais sans réussir à les mettre en valeur au détour d’une histoire tout en subtilité, basculant au contraire dans l’absence de saveur, voire parfois dans une lourdeur étonnante.lolo_film_4Dans ses premières minutes, Lolo se revendique ouvertement du cinéma de Julie Delpy et l’on adore. La bobo quadra parisienne hautaine qu’elle interprète amuse, sa bonne vieille copine libérée et vulgaire régale (excellente Karin Viard qui incarne le meilleur visage du film), la vision de la province perçue comme un repère de beaufs égaye le tout en reprenant à son compte, cette vision parisienne si arrogante de « l’ailleurs en France, chez les ploucs« . Très rieur, Lolo est parti sur les voies du sympathique délicieusement brocardeur et séduisant. Dommage de voir que cette entame en fanfare ne va alors pas tenir sur la durée. S’empêtrant dans une écriture poussive et perdant de vue ses qualités emplies de dérision observatrice, Lolo se met ensuite à ressembler à une comédie romantique à la fadeur déconcertante, voyant sa fraîcheur s’épuiser lentement mais sûrement, au profit d’un déroulé quittant l’authenticité du portrait au vitriol pour virer au pataud de la sur-écriture grotesque. Lolo pèche ainsi non pas par ce qu’il raconte mais par l’histoire qui enferme ce qu’il veut raconter, et impose de fait une évidence : Julie Delpy n’est jamais aussi talentueuse que quand elle s’applique à tourner autour de situations vraies en se concentrant sur elles pour en tirer un film, au lieu de faire l’inverse.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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