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Le saviez-vous ? : « American History X », la fabrication du film fut un enfer

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Aujourd’hui, American History X fait partie des grands classiques des années 90, adulé par des millions de spectateurs et cinéphiles. Bon, un peu moins par la presse qui l’avait modérément accueilli en 1998, plus particulièrement en France où il s’était bien fait descendre. Les Inrocks évoquait un film aux allures de « clip » pendant que Télérama y voyait un truc racoleur proche de la « télé réalité ». Bref, l’histoire retiendra surtout un film culte marqué par des scènes chocs restées dans toutes les mémoires. Mais le résultat fût l’aboutissement d’un douloureux processus symbolisé par une véritable guerre post-tournage entre son réalisateur Tony Kaye et le studio, New Line Cinema.

 

Tony Kaye

Tony Kaye n’a pas enchaîné les films après le semi-échec American History X (23 M$ de recettes dans le monde pour un budget de 20). Et pour cause, le cinéaste a gardé une bien piètre image d’un Hollywood avec lequel il n’aura plus envie de retravailler tant son expérience personnelle sur ce premier long-métrage aura été désastreuse. Il faut dire que Kaye était quelqu’un d’assez extrême voire buté (à tort ou à raison), qu’il était difficile de faire changer d’avis quand il avait une idée en tête. Et cela s’est vérifié dès la phase de casting. A l’origine, le réalisateur voulait Joaquin Phoenix pour le rôle que tiendra finalement Edward Norton. Phoenix et personne d’autre. Mais l’acteur préfèrera décliner, jugeant le sujet « trop intense ». New Line Cinema dégaina alors Edward Norton, un choix que Tony Kaye n’approuvait pas du tout. Il remua ciel et terre pour dénicher un autre choix mais il dut se résigner pour une seule raison qu’il n’hésita pas à clamer à qui voulait l’entendre : il a accepté Edward Norton faute d’avoir pu trouver mieux dans les temps. Ambiance… Surtout que Norton a donné pour le rôle, prenant 25 kg de muscles après s’être rasé le crâne. Sans compter qu’il accepta un cachet réduit (près de la moitié de ce qu’il prenait habituellement) et qu’il refusa le rôle-titre d’Il Faut Sauver le Soldat Ryan (finalement récupéré par Matt Damon) pour faire American History X !

Le tournage passé, le film entra en montage. Et là, le drame. Il fallut plus d’un an à Kaye pour monter le film. Une durée astronomique qui aboutît à une non-validation du studio. Peu heureux du résultat, New Line Cinema via son patron Michael Luca renvoya le film en montage en refusant à Kaye le fameux « final cut ». Le studio mandata Edward Norton lui-même pour superviser cette seconde version plus proche du script originel et plus longue de 20 minutes en comparaison de celle de Kaye. Quand le cinéaste eût vent de l’offense que cette version « nortonnienne » allait être présentée au festival de Toronto, il entra dans une colère noire. Ni une ni deux, alors qu’il tournait une pub en Allemagne, il sauta dans un avion direction le Canada pour convaincre le festival de retirer le film de son line-up.
Puis Tony Kaye (fidèle à son tempérament de réalisateur un peu extrême) dépensa une fortune en frais d’avocats et médiatiques, s’épanchant à gogo dans la presse pour crier son mécontentement, avec à la clé un dossier de 40 pages étayant ses revendications et dénonçant le film. Parmi ses terrains de bataille, la volonté de faire retirer son nom du générique pour y coller le traditionnel pseudonyme « Alan Smithee » (ou à défaut « Humpty Dumpty ») employé par la Directors Guild of America dans ce genre de conflit. Mais la « Guild », qui devait donner son aval selon certains critères pour qu’une telle chose se fasse, retoqua sa demande. New Lina organisa finalement une réunion pour essayer de calmer le jeu. A cette réunion, Tony Kaye viendra avec du renfort : un prêtre, un rabbin et un moine tibétain ! Son but était de symboliser sa volonté d’enterrer la hache de guerre… tout en souhaitant obtenir satisfaction quand même. Si un terrain d’entente fut trouvé lançant une ultime phase de montage définitive, le réalisateur n’obtînt pas tout ce qu’il souhaitait. Les relations resteront donc glaciales et Kaye continuera de renier le film. Au point, selon ses dires, de n’avoir vu le film pour la première fois qu’en 2007 soit… 9 ans après ! C’est en effet cette année-là qu’il acceptera pour la première fois d’assister à une projection publique et d’introduire le film en début de séance. Jusque-là, il n’avait jamais rien vu d’autre que la version « provisoire » d’Edward Norton qu’il trouvait catastrophique. Tony Kaye réalisera même un documentaire sur toute cette affaire baptisé « Humpty Dumpty » (en référence au pseudo qu’il avait tenté d’imposer à New Line pour enlever son nom) mais ce dernier n’est jamais sorti.

 

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