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LA NUÉE de Just Philippot : la critique du film

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Spectateurs

Carte d’identité :

Nom : La Nuée
Père : Just Philippot
Date de naissance : 2020
Majorité : 16 juin 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h41 / Poids : NC
Genre : Drame, Thriller, Épouvante

Livret de Famille : Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne…

Signes particuliers : Entre le drame social et le film d’épouvante, une belle tentative de genre made in France.

 

 

TERREUR AGRICOLE

NOTRE AVIS SUR LA NUÉE

Synopsis : Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice avec celle de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles…  

Entre Teddy et La Nuée, le cinéma de genre français avait quelques beaux arguments à défendre en de début d’année 2021 (avant que la crise sanitaire et la fermeture des salles ne repoussent leur sortie). Pas étonnant en tout cas que le binôme ait tout raflé à la dernière édition du festival de Gérardmer. L’un parle de loup-garou, l’autre de sauterelles. Mais leur penchant animal est loin d’être la seule caractéristique qui les rapproche. L’un comme l’autre sont des films qui ne comptent pas que sur leur positionnement fantastique. L’un comme l’autre sont des films qui essaient de véhiculer quelque chose de plus, quelque chose qui domine leur seul spectacle horrifique. L’un comme l’autre ont une profondeur sociétale dans laquelle s’insère (intelligemment) le genre. L’un comme l’autre enroule leur histoire sur une réalité concrète, comme du lierre sur une façade. Pour La Nuée, comme pour Teddy, ce sens aigu d’une écriture soignée maximise l’impact horrifique, le fait de lui offrir un socle tangible (une agricultrice veuve avec deux enfants à charge qui galère pour s’en sortir) validant totalement l’irruption de l’incongru fantastique et le rendant d’autant plus inquiétant car on y croit. Certains ont souvent coutume de dire que le cinéma français ressent toujours ce besoin de glisser un propos social derrière chacune de ses sorties comme s’il était incapable d’assumer le « pur divertissement ». Peut-être. Mais dans le cas du cinéma de genre, ou du moins dans le cas de ces deux exemples, ce choix renforce leurs qualités et donnent une puissance supplémentaire à l’effrayant car le fantastique s’y sublime en apparaissant moins artificiel.

Fruit d’un gros travail collectif entre scénaristes et réalisateur, La Nuée est un drame familial d’épouvante qui brasse énormément de références, de La Mouche à Petit Paysan en passant par John Carpenter, Alien, Take Shelter, Les Dents de la Mer ou le documentaire Anaïs s’en va t-en-guerre. Ces « inspirations » de fond avouées par les auteurs se comprennent vite à la découverte du long-métrage de Just Philippot. Dans La Nuée, le mélange drame-épouvante est indéfectible, l’horreur est plus organique que spectaculaire, la tension monte lentement, menant vers une terreur souvent tapie derrière l’image et la narration, une terreur qui épouse davantage la forme d’une oppression sourde. Une terreur qui bourdonne à l’oreille plus qu’elle n’explose la rétine.

Si l’on peut avoir l’impression d’un film court en durée mais long en ressenti, le pari de La Nuée est d’essayer d’intriguer, d’aspirer le spectateur dans une étrangeté qu’il ne maîtrise pas. Contrairement à Just Philippot qui, lui, maîtrise follement son entreprise. Plus le film progresse, plus ce même spectateur se rend compte qu’il n’a pas vraiment d’échappatoire. Il est tenu par une angoisse palpable qui n’attend que son heure, il est tenu par cette bouleversante tragédie familiale qui, au passage, évoque la société ultra-moderne déshumanisante poussant à la productivité folle pour s’en sortir. Déshumanisante, c’est tout le sujet, une mère qui perd progressivement son « humanité » en se transformant mentalement, socialement, physiquement. Et La Nuée de devenir une allégorie du monde moderne via un drame-thriller anxiogène au nihiliste déchirant.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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