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LA MARCHE DE L’EMPEREUR (critique – documentaire)

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marcheempaffMondo-mètre :
note 8
Carte d’identité :
Nom : La Marche de l’Empereur
Père : Luc Jacquet
Livret de famille : avec les voix de Romane Bohringer, Charles Berling, Jules Sitruk
Date de naissance : 2004 (sortie le 26 janvier 2005)
Nationalité : France
Taille/Poids : 1h25 – 2 millions €

Signes particuliers (+) : Une merveille de documentaire dont l’idée est parfaitement résumée sur l’affiche : c’est la nature qui nous propose souvent les plus belles histoires. Magnifique, tendre, tour à tour drôle, cruel ou fascinant. Avec la sublime BO d’Emilie Simon pour porter le tout.

Signes particuliers (-) : Un peu court et ne s’ouvrant peut-être pas suffisamment à certaines problématiques.

 

LUC JACQUET N’EST PAS UN MANCHOT

Résumé : Le documentariste Luc Jacquet nous invite à partager la vie des manchots empereurs, sur une année…

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Luc Jacquet, ornithologue et spécialiste en biologie animale, s’est depuis toujours passionné pour l’Antarctique, ce continent à l’extrême sud du globe, à la lisière de la planète extraterrestre tant ses conditions sont extrêmes et hors normes. Grand désert blanc pur, sauvage et immaculé où la vie n’est quasiment plus, cette région a un quelque-chose, il faut l’avouer, de fascinant tant elle inspire des images qui rappelleraient les plus grands récits de science fiction. Lorsqu’en 2004 Luc Jacquet vient y planter ses caméras pour lever le voile sur un animal « atypiquement » spectaculaire, le Manchot Empereur, il nous invite comme à un voyage à l’autre bout de la galaxie, sur une lointaine planète toute droit sortie d’un Star Wars : L’empire Contre-Attaque, peuplé seulement de créatures subjuguantes.

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Après plusieurs documentaires où il a déjà eu l’occasion de s’intéresser aux pingouins et aux terres australes, Luc Jacquet attaque en 2003 son tournage le plus ambitieux avec La Marche de l’Empereur, film qui connaîtra un triomphe retentissant l’amenant jusqu’à la consécration suprême aux prestigieux Oscars américains. Un moyen de récompenser l’incroyable odyssée douloureuse derrière le magnifique résultat final porté par la magique et envoûtante bande originale signée Amélie Simon. 120 heures d’images, un tournage étalé sur un an pour mettre en boîte tout le cycle d’un manchot, une immense rigueur de travail et minutie d’écriture et de montage assorties à des conditions difficiles avec des mois passés à -30 degrés ou plus pour filmer l’infilmable, Luc Jacquet et ses équipes ont réussi un tour de force, un challenge courageux qui va nous permettre de découvrir l’incroyable, le fabuleux, les limites de la vie terrestre avec un impératif de respect absolu vis-à-vis du sujet filmé. Il aura en effet fallu beaucoup de discrétion pour réussir à approcher ces animaux presque sacrés sans déranger leur mode d’exigence réglé comme du papier à musique où l’exigence de chaque geste, déplacement ou action est une condition essentielle à leur survie.

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L’existence même des manchots empereurs, leur rocambolesque mode de vie, la rythmique annuelle de leur cycle de vie comme de reproduction, constituent un hallucinant scénario de fiction quasi-fantastique dont ces animaux étonnants seraient les protagonistes. Comme il le dit lui-même, Luc Jacquet nous emmène à « la frontière de la vie », sur ces terres lointaines qui offrent des images d’une beauté virginale à tomber tranchant avec les difficultés quotidiennes qu’elles impliquent. Avec passion et un immense respect, Luc Jacquet nous retranscrit une bouleversante odyssée qui se répète annuellement, celle du ballet de la vie d’une espèce animale incroyable et atypique. Des longues migrations vers les terres propices à la reproduction au ballet amoureux en passant par les impératifs complexes pour donner la vie dans ces conditions extrêmes, le long jeûne alimentaire ou les attaques de prédateurs, La Marche de l’Empereur nous propose un documentaire mi-épique mi-sensoriel, marqué par une immense délicatesse bouleversante de tendresse, de douceur, d’inspiration. Jacquet construit son documentaire animalier comme une sorte de fiction théâtralisée dont le scénario est tout simplement celui de la vie en milieu extrême, s’attachant à une peuplade des plus uniques. Saisissant, passionnant, à la fois didactique et divertissant, La Marche de l’empereur nous fait passer du rêve aux larmes, entre l’émerveillement face à la nature la plus gracieuse et millimétrée qui soit, et le chagrin des nombreux « drames » découlant des impératifs qui encadrent la vie si difficile à construire lorsqu’autant de paramètres entrent en jeu. Le résultat est séduisant, original, créatif, époustouflant, parfois drôle, parfois cruel, mais toujours doublé d’une ode à la vie plein d’optimisme et de poésie délicate. Et Jacquet ne se contente pas de la facilité de ses images bluffantes s’appuyant uniquement sur un incroyable sujet. Il se fait un point d’honneur à être un vrai metteur en scène, s’infligeant de vrais soucis d’inspiration esthétique pour proposer une aventure prodigieusement intense qui nous cueille par son pouvoir de fascination au son de la merveilleuse partition pop/électro d’Amélie Simon. Ce spectacle contemplé ravive une flamme dans les cœurs et séduira même les plus réfractaires au genre alors que les voix off (Romane Bohringer, Charles Berling, Jules Sitruk) nous permettent d’encore davantage entrer dans la danse proposée par cette invitation à la magie de la nature qui nous sert sans cesse, les plus belles et les plus folles histoires. Si le film épouse seulement le regard de ses « personnages » animaliers sans trop s’ouvrir aux problèmes scientifiques qui les entourent (réchauffement climatique, fonte des glaces, humanité vs nature), il faut vraiment s’acharner et se creuser la tête pour trouver à redire devant un tel spectacle grandiose relevant du conte réel et de la beauté de notre belle planète, de sa faune et sa flore capable de révéler des prouesses de la nature insoupçonnables.

Bande-annonce :

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