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INSTALIFE de Matt Spicer : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Ingrid Goes West
Père : Matt Spicer
Date de naissance : 2017
Majorité : 09 mai 2018
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h42 / Poids : NC
Genre
: Drame

Livret de famille : Aubrey Plaza, Elizabeth Olsen, Wyatt Russell…

Signes particuliers : #UnFilmFormidable !

LES RÉSEAUX SOCIAUX NE FONT PAS FORCÉMENT LES BONS AMIS

LA CRITIQUE DE INSTALIFE

Résumé : Ingrid est une jeune fille fascinée par la vie de rêve que font miroiter les starlettes d’Instagram. Elle décide de s’installer à Los Angeles afin de s’immiscer dans la vie de l’influenceuse qu’elle adule. Mais de follower à stalker il n’y a qu’un pas… 

Comme beaucoup de petits films indépendants présentés au festival du cinéma américain de Deauville, Instalife (anciennement titré Ingrid Goes West) aurait pu n’être qu’une éphémère parenthèse pour festivaliers condamnée à demeurer inédite chez nous, voire dans le meilleur des cas, à fleurir sur les plateformes de e-cinema d’ici quelques mois ou années. Heureusement pour lui comme pour nous, ce premier film du jeune réalisateur Matt Spicer a réussi à échapper à une distribution périphérique, pour se frayer un chemin vers les salles obscures, même si l’on ne doute pas que son exploitation restera confidentielle. Le triste sort des petits films fragiles écrasés par les grosses machines. Sauf que c’est souvent du côté de ce versant-là, que le cinéma américain d’aujourd’hui nous offre ses plus belles pépites.

Avec Instalife, Matt Spicer détourne les codes de la comédie pop pour livrer un drame cruel et bouleversant sur l’odyssée d’une jeune femme psychologiquement instable, cherchant désespérément à exister dans le regard des autres, dont elle cherche inlassablement l’approbation. Fraîchement sortie d’un séjour en hôpital psychiatrique, Ingrid est une accroc aux réseaux sociaux. Émotionnellement fragile et éprise d’un terrible sentiment de solitude, elle souffre d’un comportement névrotique qui la pousse à rapidement basculer dans le harcèlement pour avoir (et garder) des amis. Un comportement qu’elle va reproduire quand elle tombera sur le compte Instagram d’une photographe en vogue habitant à Los Angeles. Poussée par ses manques affectifs, Ingrid va tout faire pour devenir son amie et s’imposer dans sa vie. Et Instalife de parler avec une justesse formidable et une tendre compassion, du désespoir social moderne, du diktat des apparences et de la solitude à travers le parcours d’une jeune paumée basculant dans une folie pathologique d’autant plus effrayante qu’elle est tristement banale et symptomatique de nos sociétés actuelles.

Interprétée par une époustouflante Aubrey Plaza qui laisse exploser un talent perceptible depuis longtemps mais qui n’attendait qu’un rôle fort pour éclater, Ingrid est le symbole d’une nouvelle génération sans repères, payant le lourd tribu de la superficialité des nouveaux rapports humains davantage tournés vers l’artificialité du virtuel qu’ancrés dans le concret d’une réalité tangible. Moderne dans son propos comme dans sa mise en scène très inspirée de ce qu’il met en scène, Instalife égratigne les réseaux sociaux et autres technologies addictives qui favorisent la sur-interprétation, la sur-réaction et les rapports superficiels où tout est ultra-exacerbé, dans le positif comme dans le négatif. Superbe réflexion d’actualité habitée par une insondable mélancolie et un soupçon de drôlerie qui allège le style mais n’occulte jamais la gravité du sujet, Instalife développe une empathie déchirante pour son personnage banalement tragique, en plus d’interpeller par son propos intelligent et d’émouvoir par la cruauté de ce qu’il montre de notre monde d’aujourd’hui et des âmes en perdition qui tentent d’y survivre. Tout en restant simple tant dans son approche que dans son récit, Instalife fait mouche sans jamais être prétentieux, et la présence de l’épatante Elizabeth Olsen est toujours un plus pour bonifier un film.

BANDE-ANNONCE : Prochainement


Par Nicolas Rieux

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