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DETENTION (critique)

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Carte d’identité :
Nom : Detention
Parents : Joseph Kahn
Livret de famille : Josh Hutcherson (Clapton), Dane Cook (Le principal Verge), Spencer Locke (Ione), Aaron Perilo (Mike), Carrie Wiita (Cendrillon), Parker Bagley (Billy), Will Wallace (Doug), Brooke Haven…
Date de naissance : 2011
Nationalité : États-Unis
Taille/Poids : 1h33 – 10 millions $

Signes particuliers (+) : Un joyeux bordel décalé multipliant les références nostalgico-cultes.

Signes particuliers (-) : Trop, c’est trop. Excessif dans tout ce qu’il fait, Detention est surtout gonflant à l’arrivée.

 

DETENTION : LA PIRE DES PUNITIONS

Résumé : Riley, une jeune étudiante, essaie tant bien que mal de survivre à ses années lycée difficiles. Et parce que sa scolarité cauchemardesque ne suffit pas, un tueur sadique sévit dans l’établissement…

 Clipper de renom ayant bossé pour des tas d’artistes aux univers divers et variés comme U2, Garbage, Britney Spears, Les Backstreet Boys, Snoop Dog, Dr Dre, Courtney Love, Mariah Carey, Janet Jackson, Aguilera, Blink ou Eminem (et la liste est encore longue), Joseph Kahn s’est essayé une première fois à la réalisation de long-métrage avec le bisseux Torque avec Ice Cube. Il passe la seconde avec un deuxième projet hautement plus personnel et qui a fait un sacré buzz sur internet et dans les festivals où il a circulé : Detention. OVNI complètement barré entre la comédie, la parodie, l’horreur gore et la SF, Detention est tellement surréaliste que l’on ne sait même pas par quel bout le prendre pour en parler.

Pour essayer de le cerner au mieux, on pourrait dire que le film est une version trash de Scott Pilgrim ou plutôt, qu’il est un croisement parodique entre un film de Gregg Araki et une production potache made in Troma. Une chose est sûre, plus qu’un film, c’est un véritable délire ubuesque et loufoque que propose le cinéaste quadragénaire, un trip revisitant les conspuées années 90 avec une flopée de références aussi bien filmiques que musicales dans un gigantesque portnawak déconstruit et fou, sautant de chapitre en chapitre avec beaucoup d’humour et une vague histoire SF empruntée à une vision de Retour vers le Futur version hardcore, que le cinéaste croise avec le slasher parodico-sanguinolent.

Detention aura de quoi soit devenir votre nouveau film culte, soit vous rebuter au bout de 20 minutes. L’avantage, c’est que l’on est assez vite fixé sur l’adhérence envers cette œuvre car elle est à la base de tout. Tout est question de feeling. Il y aura ceux qui ne se laisseront pas embarquer dans ce trip sous acide à la narration totalement éclatée sautant de saynètes en saynètes avant de les resituer dans un tout geek et déjanté. À l’opposé, il y aura ceux qui, au contraire, seront enchantés par ce vent de fraîcheur assumant sa différence et proposant d’entrer dans un univers singulier mariant les styles et les genres à la force d’une énorme débauche d’énergie et de références culturelles qui feront mouche aussi bien pour ceux qui ont vécu les nineties en tant que jeunes adultes, que pour ceux qui les ont traversé en tant qu’ados.

Detention erre quelque part entre la couillonnade fun et décomplexée, brillante même par moments (le chapitre sur l’étudiant collé depuis 19 ans et qui revisite ses samedis de colle au gré des musiques des époques) hilarante à d’autres (profusion de gags drôles et de clins d’œil à des films comme Breakfast Club, Scream, Retour vers le Futur, 2001, le slasher moderne, le film HK, les années Patrick Swayze ou Kevin Costner…) et la daube totale faute de la part de Kahn, de n’avoir su tempérer sa folie donnant lieu à un patchwork nonsensique assumé mais excessif virant au bordélique exaspérant à la longue. Le joyeux bordel cinématographique de Kahn se perd en route à force de trop vouloir en permanence jouer la carte blanche du « What the Fuck » en démultipliant les délires pour imposer une peinture pas si éloignée que ça de la réalité (dans une vision parodique) d’une génération incompréhensible à laquelle le cinéaste s’assimile d’ailleurs, et c’est ce qui en fait sa justesse de ton. Les yeux écarquillés devant des idées dingues comme une mascotte universitaire d’ours abritant une machine à voyager dans le temps, on traverse un parcours chaotique avec Detention, sans tout y comprendre, sans toujours raccrocher les wagons entre eux, mais en se posant sans cesse la question récurrente : « mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? »

Joseph Kahn accouche d’un film dont on ne sait trop que penser. Delirium jubilatoire et instantanément culte ou navet informe se perdant dans le dédale des nombreuses pistes qu’il veut suivre en même temps, en fonçant à toute vitesse sans regarder dans le rétro le résultat de sa cavale effrénée, on ne sait pas trop. La raison est simple, le film relève d’une pure question d’affinité comme la plupart des objets filmiques non identifiés. On verra bien ce que le temps en dit mais faut quand même être sacrément motivé pour se lancer dans cette pastille incongrue et grandement décalée du cinéma traditionnel. En tout cas, on en ressort au pire mi-étonné mi-saoulé et au mieux, amusé mais à coups sûr épuisé. A moins que ce ne soit justement trop générationnel pout toucher tout le monde…

Bande-annonce :

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