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WIND RIVER de Taylor Sheridan : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Wind River
Père : Taylor Sheridan
Date de naissance : 2017
Majorité : 30 août 2017
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h50 / Poids : NC
Genre
: Thriller, Policier

Livret de famille : Elizabeth Olsen, Jeremy Renner, Kelsey Asbille, Jon Bernthal, Julia Jones, Gil Birmingham, Graham Greene…

Signes particuliers : Un film policier classique mais très solide.

ENQUÊTE GLACIALE

LA CRITIQUE DE WIND RIVER

Résumé : Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature… 

Présenté dans la sélection Un Certain Regard au dernier festival de Cannes, Wind River est le second long-métrage du scénariste Taylor Sheridan (le film d’horreur Vile), lequel s’offre une âpre virée dans les grands espaces glacials du Wyoming, après avoir arpenté les terres arides de l’Arizona et du Texas pour le Sicario de Denis Villeneuve et le Comancheria de David McKenzie, dont il était l’auteur des scénarios. Un meurtre dans une réserve indienne, une jeune agent du FBI qui débarque, un autochtone taciturne qui lui apporte son aide, et une enquête retorse qui va nous plonger dans les méandres d’une contrée où la vie est aussi difficile qu’exigeante… Tels sont les principaux ingrédients de ce Wind River, incarné par le duo Elizabeth Olsen et Jeremy Renner, qui se retrouvent après leurs cabrioles communes chez Marvel.

Sur le fond, Wind River ne révolutionne pas grand-chose dans son approche et son ancrage aux codes ultra-classiques du film policier moderne à ambiance nihiliste. Mais comme souvent dans le registre, c’est dans le cadre où il pose son action que le film va aller dénicher sa valeur ajoutée. Ce cadre, c’est le fin fond d’un Wyoming où la vie s’apparente plus à de la survie, où les conditions extrêmes ne sont supportables que pour les carcasses rodées à la dureté éprouvante d’un quotidien auquel où ils se sont soumis. Dans ce microcosme emblématique d’une Amérique à deux vitesses, le sentiment d’abandon est proportionnel à la pénibilité de l’existence, comme si l’on touchait du doigt les frontières de la civilisation américaine. Et justement, c’est ainsi que Taylor Sheridan présente ce deuxième effort derrière la caméra, comme le dernier volet d’une trilogie consacrée aux « frontières américaines modernes » entamée avec Sicario et poursuivie avec Comancheria.

Comme si Dans la brume électrique rencontrait Winter’s Bone avec quelques ingrédients empruntées à la série Banshee, le thriller policier de Taylor Sheridan est suffisamment bien ficelé pour nous prendre au piège de son enquête haletante, nourrie par un suspens aiguisé, un supplément d’émotion né du portrait social dressé de ces laissés pour compte peuplant un monde isolé, et une violence sèche et effroyable qui jaillit sans ménagement, comme pour mieux incarner la dureté sans concession de cet univers loin des villes, plus proche de l’imagerie d’un Far West enneigé que de celle de l’ultra-civilisation moderne. Dans la mélancolie de ces contrées habitées par une souffrance sans cesse palpable, Taylor Sheridan scrute des locaux qui se traînent une sorte de lasse résignation quant à leur condition. Et encore une fois, comme ce fut le cas avec Comancheria, c’est l’authenticité du regard qui marque, au-delà de l’efficacité d’une histoire menée avec habileté et d’un savoir-faire indéniable pour convoquer le tragique au cœur du récit. Imbriquant à merveille sa peinture d’une Amérique désespérée dans une enquête criminelle palpitante aux accents de revenge movie, Wind River navigue adroitement entre la pure série B de genre et le drame d’auteur à propos fort, comme il navigue entre un style épuré et des saillies de violence fracassant le rythme étrange qu’il s’impose. Au final, rien de neuf dans l’absolu, mais comme on dit, c’est parfois dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

 

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