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THE LIGHTHOUSE de Robert Eggers : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : The Lighthouse
Père : Robert Eggers
Date de naissance : 2019
Majorité : 18 décembre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h49 / Poids : NC
Genre : Épouvante

Livret de famille : Robert Pattinson, Willem Dafoe, Valeriia Karaman…

Signes particuliers : Audacieux, immersif, déstabilisant…

COUP DE GÉNIE OU IMPOSTURE POMPEUSE ?

NOTRE AVIS SUR THE LIGHTHOUSE

Synopsis : L’histoire hypnotique et hallucinatoire de deux gardiens de phare sur une île mystérieuse et reculée de Nouvelle-Angleterre dans les années 1890. 

Il y a trois ans, le nouveau-venu Robert Eggers faisait une entrée tonitruante dans le monde des « masters of horror » avec The Witch, un premier long-métrage aux allures de pari ambitionnant une épouvante très éloignée des codes du mainstream moderne. Pas de jump-scare, pas d’artifices, pas de sensationnalisme, le jeune cinéaste frondeur misait sur une lenteur angoissante, sur une ambiance glaciale, sur une esthétique au cordeau, sur un ton subtilement politisé et sur une autopsie de nos peurs les plus ancestrales. Brillant pour les uns, terriblement pompeux ou ennuyeux pour les autres, The Witch avait divisé. Et aujourd’hui, fort à parier que son second effort connaîtra un sort assez similaire. Rien que sur la forme, The Lighthouse ose un formalisme radical. Image en 4/3, noir et blanc tranchant, deux acteurs seuls sur une île rocailleuse et une ambiance sonore tutoyant la folie, la pilule est aride. Acclamé à Cannes, ce thriller psychologico-historique incarné par Robert Pattinson et Willem Dafoe a été salué par beaucoup comme un nouveau chef-d’œuvre. A juste titre ou imposture ?

The Lighthouse déconcerte, c’est un fait. Une fois de plus, Robert Eggers ne ménage pas le spectateur en lui offrant un produit formaté pour répondre au sacro-saint divertissement frissonnant. Avec son histoire de deux gardiens de phare qui sombrent lentement dans une folie hallucinatoire, The Lighthouse s’offre davantage comme une expérience viscérale, plus que comme un roller coaster à regarder en bouffant son sceau de pop-corn. A l’image de ce qu’il fait vivre à ses personnages, Eggers enferme le spectateur dans un cauchemar vertigineux qu’il espère sans échappatoire. Plus les minutes passent et plus la folie gangrenante envahit l’écran, la salle, contamine une audience médusée par cette virée frénétique et hypnotique. Tout participe à créer ce sentiment de malaise chaotique et dérangeant. L’image d’abord, en 4/3 et en noir et blanc, provoquant une immédiate sensation d’étouffement visuel. Le son ensuite, extrêmement travaillé, avec ce vacarme maritime permanent (les vagues incessantes qui se fracassent contre les rochers de cette île mystérieuse, presque imaginée) et ce son de sirène grave qui vrombit sans arrêt depuis le phare au point d’en devenir obsédant. The Lighthouse démarre comme une gêne angoissante et croît comme un délirium tremens inquiétant puis suffocant, au point de brouiller les idées du spectateur aussi déboussolé, déstabilisé et laminé que les deux pantins qu’il observe dans ce sombre cauchemar anxiogène.

Malheureusement, l’effet brillamment traduit finit par s’étioler sur la durée. La faute à une incapacité d’Eggers à se renouveler en cours de route. The Lighthouse reste sur le même credo, sur le même rythme et vissé aux mêmes motifs d’un bout à l’autre, au point de perdre en intensité précisément là où il aurait dû en gagner. L’effet pervers est que progressivement, le coup de génie immersif, sensoriel et envoûtant se transforme en petite imposture où tout sonne fabriqué. Et à l’arrivée, un sentiment mitigé, entre le coup d’audace surprenant et la frustration d’un effort qui manque de corps pour tenir vraiment la route.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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