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THE CARD COUNTER de Paul Schrader : la critique du film

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Nom : The Card Counter
Père : Paul Schrader
Date de naissance : 2021
Majorité : 29 décembre 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h52 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille : Oscar IsaacTye SheridanTiffany Haddish, Willem Dafoe…

Signes particuliers : Immense Oscar Isaac. 

SUR LE CHEMIN DU PURGATOIRE 

NOTRE AVIS SUR THE CARD COUNTER

Synopsis : Mutique et solitaire, William Tell, ancien militaire devenu joueur de poker, sillonne les casinos, fuyant un passé qui le hante. Il croise alors la route de Cirk, jeune homme instable obsédé par l’idée de se venger d’un haut gradé avec qui Tell a eu autrefois des démêlés. Alors qu’il prépare un tournoi décisif, Tell prend Cirk sous son aile, bien décidé à le détourner des chemins de la violence, qu’il a jadis trop bien connus…

Vous aimez les cartes, le poker et le blackjack ? Peu importe en fait, on s’en fout, ce n’est pas l’important dans The Card Counter contrairement à ce que son titre pourrait laisser à penser. Nouveau film d’un Paul Schrader en perdition depuis quelques années (quoique First Reformed remontait un peu le niveau après les horribles The Canyons, Dog Est Dog ou le maudit The Sentinel), The Card Counter est une rédemption, à l’écran comme artistique. Artistique pour un Paul Schrader qui retrouve les sommets, à l’écran pour ce personnage qui se noie dans le monde du jeu pour essayer d’oublier les démons qui le guette. Dans un récent passé, il était soldat dans la prison d’Abou Ghraib où étaient torturés les supposés « terroristes ». Jusqu’à ce qu’il finisse en prison après le scandale de ces photos de militaires se mettant en scène en humiliant les prisonniers.
Paul Schrader a fait le pari d’un cinéma desséché, presque épuré à l’extrême. Ce choix de mise en scène donne la part belle à Oscar Isaac, magnifique et surtout magnétique en héros crépusculaire d’un film lui-même crépusculaire. Le comédien déambule en dégageant une puissance mutique indescriptible et c’est dans les silences, dans l’intensité du regard morne, dans les gestes méticuleux, qu’il incarne avec les tripes son fascinant personnage aux multiples facettes. Ce même choix d’une mise en scène lancinante suivant un homme naviguant dans les eaux troubles de son propre purgatoire (reflétant celui d’une Amérique hantée par ses crimes) aurait pu se retourner contre un film qui, de surcroît, voit double. Il semble parfois que deux films coexistent non sans difficultés dans The Card Counter, l’univers du jeu et celui d’un homme aux prises avec ses traumas symbolisant la culpabilité d’une Amérique qui n’a pas encore exorcisé un récent passé sulfureux. Le mariage des deux thématiques donne au contraire une densité étourdissante à l’entreprise et l’union est aussi chanceuse que gagnante. Il se fait parfois au prix du sacrifice de certains angles maladroitement développés comme la rencontre entre « le jeune » incarné par l’excellent Tye Sheridan et notre anti-héros psychologiquement touché, mais Paul Schrader parvient à vite faire oublier ses petits défauts par son indécente maîtrise tant du discours très engagé que de l’image où le cinéaste aligne des plans tous plus beaux et plus puissants les uns que les autres.
The Card Counter est un grand film hypnotique sur un parcours cathartique et dénonciateur mettant l’administration américaine face à ses erreurs. Guantanamo, Abu Grahib et autres, ces prisons ont été le théâtre des pires exactions et qui a payé pour ça ? Certainement pas les vrais responsables.

 

Par Nicolas Rieux

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