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STAR WARS : L’ASCENSION DE SKYWALKER de J.J. Abrams : la critique du film

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Spectateurs

La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : Star Wars : Rise of Skywalker
Père : J.J. Abrams
Date de naissance : 2019
Majorité : 18 décembre 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h30 / Poids : NC
Genre : Aventure, Action, SF

Livret de famille : Daisy Ridley, Adam Driver, Oscar Isaac, Carrie Fisher, John Boyega, Billy Dee Williams, Mark Hamill, Keri Russell, Anthony Daniels, Domhnall Gleeson, Ian McDermid, Dominic Monaghan, Amir El-Masry…

Signes particuliers : Un ultime opus qui laisse un sentiment mitigé, entre émerveillement et petite déception.

L’HEURE DES ADIEUX A SONNÉ

NOTRE AVIS SUR L’ASCENSION DE SKYWALKER

Synopsis : La conclusion de la saga Skywalker. De nouvelles légendes vont naître dans cette bataille épique pour la liberté.

L’heure a sonné. La saga Star Wars s’apprête à vivre un tournant en refermant l’immense page Skywalker entamée il y a 42 ans. Disney annonce en grande pompe un « ultime volet ». On l’aura tous très bien compris, ce ne sont que l’univers des héros Skywalker et la nouvelle trilogie qui vont prendre fin, la maison de Mickey n’entend absolument pas lâcher de sitôt la poule aux œufs d’or. Une nouvelle trilogie est déjà en préparation pour 2022, avec de nouvelles aventures et de nouveaux personnages en perspective. Mais en attendant, place aux adieux, que l’on espérait dignes et à la hauteur de la notoriété des légendes concernées. Après un épisode VIII signé Rian Johnson qui a fortement divisé, J.J. Abrams est de retour aux commandes, quatre ans après avoir réveiller la force. Et cette fin d’année s’inscrira sous les étoiles d’une galaxie lointaine, très lointaine…

Le problème avec Star Wars, surtout quand on est fan et qu’on a été biberonné au lait de la saga depuis des décennies, c’est qu’il est toujours difficile de parler d’un nouveau chapitre de la franchise car il y a tant de choses à dire et à évoquer, que l’on ne sait jamais trop par où commencer. L’éternelle même rengaine, le scénario, l’univers, les personnages, l’aspect visuel, les références, la place du film dans la trilogie… De quoi perdre pied. Pour faire simple au cas où vous auriez la flemme de tout lire, on dira que ce nouvel et ultime opus laisse une impression mitigée, comme si chacune de ses bonnes idées avait pour mission de compenser la mauvaise qui la précède ou qui la suit. En gros, il y a à boire et à manger dans cette Ascension de Skywalker, épisode fleuve qui emporte par son panache autant qu’il ne gêne par ses défauts, voire aberrations. Branché sur courant alternatif, le film de J.J. Abrams oscille sans arrêt entre le plus et le moins, sans jamais vraiment réussir à se poser dans une polarité établie. A l’image de cette instabilité, le spectateur est balloté entre l’emballement et la retenue, entre l’émerveillement et les yeux qui clignent d’agacement. D’agacement, car ce neuvième opus n’est pas mauvais, loin de là, il est juste frustrant tant il y avait mieux à faire.

En vrac, L’Ascension de Skywalker déroule un scénario qui manque de surprises, et celles qu’il tente d’imposer au spectateur ne sont pas toujours très bien amenées, parfois tractées par des ficelles aussi énormes que la durée du film (pas loin de 2h30), parfois expédiées manu militari ou sorties du chapeau en tirant quelques cheveux. Néanmoins, on arrivera toujours à trouver une certaine logique aux choses en allant puiser dans les animés, dans les jeux, dans les recoins les plus obscurs de la saga. C’est l’une des forces du film d’Abrams, se coltiner un script capable d’être « what the fuck » mais qui s’appuie toujours sur quelque chose de potentiellement acceptable dans le vaste univers de Star Wars. C’est l’avantage quand le réalisateur est lui-même un fan, même si cela peut aussi être un mal quand il manque de recul sur son travail, et c’est d’ailleurs le cas à 2-3 moments.

Visuellement, on nage là aussi au royaume de l’intermittence du spectacle. Si le film est globalement séduisant grâce à ses moyens considérables qui lui permettent d’en mettre plein la vue et d’assurer la transposition de l’imaginaire des scénaristes et des production designer, tous placés sous la houlette d’un J.J. qui sait y faire en matière de spectacle et d’émerveillement, reste que l’on frôle quelques fois la saignée des yeux. Alors que l’on ne s’est pas encore remis de l’horreur The Irishman en matière de maîtrise du rajeunissement numérique, Star Wars enterre tout avec l’un de pires plans jamais vu. Mais c’est un micro-détail, impossible d’appuyer un quelconque argumentaire là-dessus. En revanche, si globalement le film envoie une direction artistique que l’on qualifiera de « propre », elle est toutefois ponctuée ça et là de petites fausses notes qui dépareillent, en plus de manquer un peu d’imagination.

Et ainsi de suite pour tout et tout du long. Pour quelques scènes d’émotion poignantes (dont un hommage ultra-espéré à une Carrie Fisher finalement plus présente qu’escomptée), plusieurs rendez-vous attendus complètement ratés ou oubliés. Pour des notes d’humour très très drôles, un lot conséquent de dialogues catastrophiques, à se demander s’ils ont été sérieusement écrits par des professionnels. Pour quelques comédiens impliqués et volontaires, plusieurs qui nous infligent des prestations proches du désastreux. Et pour de bonnes idées narratives ou formelles, bon nombre de portes ouvertes jamais refermées et l’impression que le frein à main était resté coincé, le film ne s’autorisant pas de franches audaces, préférant les désamorcer plutôt que de les assumer jusqu’au bout (le final aurait pu être tellement meilleur avec davantage de couil***).

On en arrive enfin au principal reproche à faire à ce Star Wars : son rythme et sa densité. C’était l’une des questions qui nous chiffonnait depuis des semaines en attendant de découvrir le film : comment Abrams allait-il boucler tout ce qu’il reste encore à boucler en seulement 2h30 ? En étant un minimum lucide, la réalité aurait réclamé au moins deux films encore pour pouvoir bien tout refermer proprement. Car outre l’intrigue propre à cet ultime chapitre, il fallait boucler la nouvelle trilogie, boucler les destins des nouveaux et des anciens personnages, répondre à toutes les questions soulevées par les deux films précédents, sur la Force, sur Rey, sur son lien avec Kylo Ren, sur le pourquoi du retour de Palpatine, sur le devenir de ces potentiels futurs petits apprentis Jedis que l’on voit à la fin de l’épisode 8 et sur tellement de choses encore. Tout cela était énorme d’un point de vue narratif et L’Ascension de Skywalker le paye. Dès le début, tout va très vite, trop vite. On est littéralement assommé par un rythme frénétique qui ne prend jamais le temps de nous re-poser dans l’univers (normal, le chrono tourne). Le film enchaîne les scènes en mode hyperspace et trace sa route à une vitesse supraluminique sans se préoccuper des bases d’une quelconque construction narrative. Puis la densité arrive. Comment faire tenir tout cela dans 2h30 donc ? Très simple, en envoyant chier l’épisode précédent. Après tout, Rian Johnson avait, à sa manière, envoyé balader Le Réveil de la Force en faisant le choix (risqué) d’amener la saga vers de nouvelles directions. A se demander si Abrams n’aurait pas été vexé de ce traitement puisqu’il y répond en faisant… pareil. Par moment, on en viendrait presque à se demander si l’épisode 8 sert finalement à quelque chose tant Abrams semble surtout raccorder ce neuvième volet à son propre chapitre 7, plutôt que d’assurer la cohérence d’une continuité trilogique. Et encore, quand il ne lui envoie pas des piques à peine déguisées (comme un retour de sabre très référentiel). En tout cas, certaines portes ouvertes par Rian Johnson sont complètement évacuées de ce chapitre final, rangées au placard où elles resteront sagement, et tant pis pour les fans. Doigt d’honneur fait au 8 ou simple manque de temps, toujours est-il que du coup, L’Ascension de Skywalker nous laisse encore avec des questions. Peut-être aurait-il pu y répondre au lieu de s’éterniser jusqu’à l’excès sur certains mystères que l’on a tous très vite percé et qu’il entretient jusqu’à flirter avec le grotesque.

A la réflexion, tout ceci fait quand même une bonne grosse liste de défauts digne d’un massacre en règle. Oui, c’est vrai, on est toujours plus exigeant avec ceux qu’on aime. Mais en réalité, la générosité du spectacle l’emporte et c’est un peu ça qui compte au final. Du moment où la musique explose les enceintes au début jusqu’aux (très belles) images de fin, L’Ascension de Skywalker est un sacré spectacle boosté par une folle envie de bien faire. On sent de la naïveté chez Abrams, celle de croire que la magie occultera tous les défauts béants de son film. Et on serait presque enclin à le suivre, comme quand il essaie de faire plaisir en bourrant (presque trop) son travail de petites touches de fan service plus ou moins habiles. Des passages magnifiques traversent ce neuvième opus, des scènes de spectacle tonitruantes réjouissent les mirettes, des moments émouvants humidifient les yeux et l’on prend quand même un semi-pied devant un film agréable à défaut d’être fabuleux.

Bref, meilleur ou moins bon que l’épisode 7 ? Meilleur ou moins bon que le 8 ? A l’heure où l’on aime hiérarchiser, impossible de dire car chacun aura sa propre réponse en fonction de ses affinités avec l’un ou l’autre des chapitres de cette nouvelle trilogie qui se referme en ayant ravivé la flamme et la passion, sans toujours faire des merveilles mais sans démériter non plus.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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