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NOS ÂMES D’ENFANTS de Mike Mills : la critique du film

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Spectateurs

 

Nom : Cmon, Cmon
Père : Mike Mills
Date de naissance : 2021
Majorité : 26 janvier 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 1h48/ Poids : NC
Genre : Drame

Livret de Famille :  Joaquin PhoenixGaby HoffmannWoody Norman

Signes particuliers : De très belles intentions et ambitions pour un résultat décevant. 

LE MONDE DE DEMAIN VU PAR DES ENFANTS

NOTRE AVIS SUR NOS AMES D’ENFANTS

Synopsis : Journaliste radio, Johnny interroge des jeunes à travers le pays sur leur vision du futur. Une crise familiale vient soudain bouleverser sa vie : sa sœur, dont il n’est pas très proche, lui demande de s’occuper de son fils, Jesse. Johnny accepte de le faire mais n’a aucune expérience de l’éducation d’un enfant. Entre les deux débute pourtant une relation faite de quotidien, d’angoisses, d’espoirs et de partage qui changera leur vision du monde.

 

Quatre films en seize ans. Mike Mills est un cinéaste assez rare mais ô combien passionnant. En témoignent ses précédents (et magnifiques) Beginners ou 20th Century Woman. Pour le premier, il s’était inspiré de son père et pour le second, de sa mère. Avec Nos Âmes d’enfants, c’est en partie en lui que le cinéaste a trouvé de quoi nourrir ce grand projet niché dans l’intime mais parlant de considérations universelles. Jeune père depuis quelques années, Mike Mills avait d’envie de projeter cette expérience paternelle dans une œuvre à la croisée des chemins entre le personnel et le commun. Dans Nos âmes d’enfants, il est autant question de la manière d’élever un enfant dans notre monde actuel que du rapport que nos enfants entretiennent avec ce monde actuel et celui à venir. Plus clairement, ce quatrième long-métrage est un mélange de fiction et de documentaire. La fiction, c’est celle d’un homme qui vient prêter main forte à sa sœur et garder son neveu quelques jours. Artiste, Johnny mène un grand projet, il parcourt le pays pour interviewer des enfants sur la manière dont ils imaginent le monde de demain. Le documentaire, c’est cette partie justement, ces entretiens authentiques et non scénarisés avec des gamins des quatre coins des Etats-Unis, qui livrent leurs ressentis quant au futur qui les attend.
Sur le papier, Nos Âmes d’enfants avait tout pour être une grande œuvre prête à laisser une trace indélébile, un film fort liant l’intime et des réflexions existentielles sur le monde et sa marche en avant perçue par celles et ceux qui auront à l’appréhender. Deux comédiens formidables (l’excellent Joaquin Phœnix et le jeune Woody Norman), un cinéaste surdoué, que pouvait-il arriver à Nos Âmes d’enfants ?

 

S’empêtrer dans son intellectualisme fondateur justement. Malgré tous les efforts entrepris pour donner tonalité, épaisseur et profondeur au film, difficile de supporter sur la durée son perpétuel ronronnement. On a parfois l’impression que Nos Âmes d’enfants tourne en boucle sur lui-même pour finalement n’aller nulle part et que les jolies escales qui rythment son parcours sont comme des oasis artificielles. Un comble pour une œuvre qui pourtant joue en partie, la carte de l’authenticité documentaire. C’est le plus grand problème du film, il paraît ironiquement sur-écrit, sur-pensé, trop ténu dans son costume d’odyssée initiatique balancée entre douce mélancolie et délicate lumière. Et tout cela se fait au détriment de la pure émotion, pourtant recherchée mais qui peine à prendre forme.
S’efforçant à tout prix d’être beau et intelligent avec son propos volontaire mais qui sonne assez creux et son imagerie auto-contemplative à la lisière d’une pub pour Apple, Nos Âmes d’enfants s’embourbe dans ses considérations philosophiques vaporeuses donnant involontairement à son ton doux et chaleureux, un air mélancolico-dépressif chichiteux. Il y avait pourtant une profonde sincérité dans la démarche de Mike Mills mais curieusement, elle se fane pour produire l’effet inverse, une sensation de posture boboïsée semblable à du sous Wim Wenders croisé avec du vague Noah Baumbach. Bilan, de très belles intentions poétiques étouffées par une proposition qui ne laisse pas grand chose derrière elle, à commencer par cette envie d’évoquer le monde de demain par le prisme des enfants qui l’habiteront.

 

 

Par Nicolas Rieux

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