Mondociné

MARCHÉ NOIR de Abbas Amini : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs

 

Nom : Koshtargah
Père : Abbas Amini
Date de naissance : 2021
Majorité : 05 janvier 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : Iran
Taille : 1h42 / Poids : NC
Genre : Drame, Polar

Livret de Famille : Amirhosein FathiMani HaghighiBaran Kosari

Signes particuliers : Entre le polar et le drame social, le nouveau film choc venu d’Iran après La Loi de Téhéran, primé au festival du film policier de Reims. 

 

LES REGLES DE TEHERAN

NOTRE AVIS SUR MARCHE NOIR

Synopsis : Expulsé de France, Amir retourne vivre chez sa famille en Iran. Par solidarité avec son père, il se retrouve impliqué dans un crime et va devoir fréquenter le trafic de devises étrangères au marché noir. Mais la culpabilité le ronge…

Tout ceux qui ont la chance de le découvrir en salles ne sont pas prêt d’oublier La Loi de Téhéran, polar iranien considéré (à juste titre) comme l’un des meilleurs films de l’année 2021. Bonne nouvelle, les festivités de 2022 s’ouvre avec son petit cousin, Marché Noir, « l’autre polar iranien » qui avait impressionné l’an passé au festival du film policier de Reims où il avait raflé le prix du jury. Troisième long-métrage du réalisateur Abbas Amini, Marché Noir est l’histoire d’une spirale, celle dans laquelle se retrouve Amir, un ancien exilé en France revenu au pays après été expulsé. Quand son père l’appelle un soir paniqué, Amir rapplique sur son lieu de travail. Le paternel vient de trouver plusieurs cadavres dans la chambre froide de l’abattoir dont il est le gardien. Craignant que le drame lui retombe dessus, il convainc son fils de l’aider à cacher les corps, avec l’aval de son patron.

Ce début en trompe-l’œil nous laisse croire que Marché Noir ne va être qu’un film sur la culpabilité cristallisée par un étau qui se resserre sur une famille. Loin de là. Petit à petit, le film d’Abbas Amini prend de l’envergure quand il dévie pour aborder d’autres questions dont celle du titre, à savoir le marché noir où se monnaye très cher les devises étrangères, plus particulièrement les recherchés dollars américains alors que la monnaie locale s’est écroulée et que le trafic parallèle bat son plein.

 

D’un côté, Marché Noir manque parfois d’une conduite un peu plus rectiligne, le film s’éparpillant un peu au gré de ses multiples sujets. De l’autre, cette dispersion illusoire lui confère une densité assez impressionnante. Comme La Loi de Téhéran avant lui, Marché Noir entremêle le polar âpre et le drame sociétal interrogeant une société iranienne angoissée et gangrenée par ses problèmes, notamment économiques. Mais ce n’est (encore) pas tout. A travers une relation père-fils compliquée, Marché Noir interroge aussi le fossé générationnel qui s’est creusé entre anciens qui survivent et jeunes qui essaient de migrer en rêvant d’une meilleure vie ailleurs. Et à travers la peur de ce père qui craint de tout perdre, maison comme travail, le film scrute aussi l’angoisse de tout perdre dans une société devenue très instable et précaire.
Le propos social est omniprésent dans Marché Noir mais Abbas Amini n’en oublie pas pour autant qu’il réalise un polar. Dans La Loi de Téhéran, la tension était constante, soutenue par un rythme tendu d’un bout à l’autre. Dans Marché Noir, elle grimpe plus lentement, comme un filet qui se referme progressivement sur des personnages qui perdent la maîtrise de leur destin. La force du film (et de ce nouveau cinéma iranien en général) réside ici, dans cette capacité à toujours mettre l’humain au centre des histoires décuplant leur puissance haletante en les ancrant dans une réalité plus que tangible.

 

Par Nicolas Rieux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux