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LA VIE DE CHÂTEAU de Modi Barry et Cédric Ido : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : La vie de château
Pères : Modi Barry et Cédric Ido
Date de naissance : 2017
Majorité : 09 août 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h21 / Poids : NC
Genre
: Comédie

 

Livret de famille : : Jacky Ido, Tatiana Rojo, Jean-Baptiste Anoumon, Zirek Ahmet, Gilles Cohen, Felicite Wouassi, Eric Abrogoua, Ralph Amoussou…

Signes particuliers : Vous connaissiez les blockbusters destinés au marché chinois, découvrez une petite production destinée au marché du 10éme arrondissement.

LA TCHATCHE EST UN ART

LA CRITIQUE DE LA VIE DE CHÂTEAU

Résumé : Charles est un « sapeur » qui met son charisme au profit de son travail de rabatteur pour un salon de coiffure. La concurrence de plus en plus difficile lui donne envie de changer de vie, et pourquoi pas d’ouvrir son propre salon. Un ami lui propose une toute autre mission : Celui de surveiller sa petite amie qu’il soupçonne de ne pas être fidèle.

Depuis le temps que les milliers de parisiens étaient impatients de voir enfin leur ville cosmopolite figurer au cinéma autrement que comme une image de carte postale peuplée de bobos vivant tous dans des duplex, La Vie de Château semblait être une potentielle alternative. Réalisé par un duo de jeunes réalisateurs ayant chacun fait leurs armes au format court, ce projet repose sur l’idée de poser leur caméra dans un coin de Paris très peu représenté à l’écran, celui du Boulevard de Strasbourg, dans le 10ème arrondissement, connu des parisiens pour sa forte communauté africaine. C’est exactement dans ce microcosme bouillonnant que nous plonge ce long-métrage, en tissant toute une galerie de personnages qui semblent davantage sortis d’une production « Nollywoodienne » que d’un film d’Arnaud Desplechin. Les cinéphiles apprécieront d’ailleurs de voir, dans les premières minutes, les noms de chacun de ces protagonistes affichés à l’écran. Cette idée de mise en scène (l’une des rares du film) leur rappellera ce que faisait jadis Spike Lee, qui reste, avant de se faire broyer par la grosse machine hollywoodienne, l’un des rares réalisateurs à avoir filmé la communauté afro-américaine dans des œuvres grand public grâce à une habile écriture. Cependant, nous en sommes ici loin, car il apparaît vite évident que l’introduction des personnages ne débouche sur aucune intrigue solide.

Avec pour seul véritable enjeu la concurrence entre deux salons de coiffure concomitants, il est impossible de nier que le scénario de La Vie de Château fait du sur-place. L’inévitable sous-intrigue romantique entre le personnage principal et la jolie fille du quartier, et les touches d’humour apportées par le bagout de certains personnages secondaires, n’y viendront rien changer. Même l’observation du métier de rabatteur, qui semblait être le cœur du projet à en croire la bande-annonce, se retrouve mise de côté au profit de scènes de dialogues, parfois amusantes mais rarement indispensables, et d’une histoire de filature qui deviendra l’unique moteur d’un scénario pour le moins léger. Malgré le capital sympathie de tous ces habitants du quartier de Château d’Eau, ils n’en restent pas moins des stéréotypes sans épaisseur qui, pire encore, ne connaîtront aucune évolution entre le début et la fin de l’histoire. Fort heureusement, leur interprétation est assurée par des acteurs qui parviennent à les rendre crédibles, voire attachants. L’éclectisme ethnique, qui empêche au résultat d’être qualifié de « communautariste », est également garanti par la présence de Gilles Cohen, mais aussi d’interprètes kurdes, hindous ou chinois. Sur un plan purement formel, les réalisateurs jouent la carte d’une mise en scène se voulant documentaire en multipliant les plans illustratifs sur le quotidien des nombreux citadins présents dans la rue.

On notera au passage qu’aucune scène n’illustre l’intimité d’un de ces personnages, les rares scènes en intérieur se faisant dans des boutiques ou une boîte de nuit. Aucune d’entre elles n’est filmée dans un appartement afin d’illustrer pleinement le mode de vie précaire de ces parisiens, et ainsi assurer la rupture avec l’image bourgeoise souvent visible au cinéma. Un constat qui peut même rendre discutable le qualificatif « sociale », de cette petite comédie. Il semble évident, à la vue de leur travail, que Modi Barry et Cédric Ido n’ont pas eu d’autre intention que celle de filmer leur quartier en improvisant une petite histoire avec quelques amis acteurs. Les riverains du boulevard de Strasbourg où a été tourné ce long-métrage se plairont à voir leur quartier sur grand écran. Souhaitons-lui donc une longue exploitation au Brady, le cinéma à quelques pas du lieu de tournage. Au-delà de ce public très limité, le film n’a finalement que peu d’intérêt car il ne fait que véhiculer un cliché de plus, pittoresque mais peu touristique, de la plus belle ville du monde.

BANDE-ANNONCE :

Par Julien Dugois

 

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