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LA NUIT DU 12 de Dominik Moll : la critique du film [Cannes 2022]

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Spectateurs


Nom : La Nuit du 12
Père : Dominik Moll
Date de naissance : 2021
Majorité : 13 juillet 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h54 / Poids : NC
Genre : Drame, Policier

Livret de Famille : Bastien BouillonBouli LannersJohann Dionnet…

Signes particuliers : Entre le drame et le film policier. 

Synopsis : À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.

 

DES HOMMES ET DES FLICS

NOTRE AVIS SUR LA NUIT DU 12

L’AVIS de Nicolas Rieux

Entre Harry, un ami qui vous veut du bien en 2000 et Seules les Bêtes en 2019, on a pu ressentir l’impression d’avoir un peu perdu Dominik Moll même si le cinéaste n’est pas vraiment resté inactif (les films Lenny et Le Moine, les séries Tunnel et Eden). 2022 est en tout cas l’année de sa véritable résurrection après un premier retour en grâce avec son excellent thriller dramatique Seules les Bêtes. Pour faire simple et direct, La Nuit du 12 est probablement son meilleur film à ce jour. Étonnant car le sujet ne se prêtait pas forcément à l’éblouissement. Au petit matin d’un 13 octobre, la PJ de Grenoble est appelée pour enquêter sur le meurtre d’une adolescente brûlée vive durant la nuit dans un petit village paumé du coin. Qu’attendre d’un tel pitch à part une énième enquête policière pour trouver le coupable ? Rien sur le papier, tout chez Dominik Moll.

 

En France, 20% des affaires criminelles restent irrésolues. C’est l’une de ses histoires que raconte le film. Premier effet de surprise. D’ordinaire, le cinéma (policier surtout) aime les débuts et les fins, il aime le suspense de la résolution d’une affaire, pas ce qui reste en suspens. C’est pourtant le choix étonnant d’un Dominik Moll qui prévient d’emblée, il s’apprête à nous raconter une enquête qui n’a pas de fin, qui va laisser un mystère frustrant pour le spectateur mais surtout pour cette brigade de flics qui vont tous devoir vivre avec le souvenir hantant d’avoir échoué. A jamais, cette affaire restera un fantôme niché dans un coin de leur tête. L’intelligence du film est de parvenir à un parfait équilibre entre la tension haletante de l’enquête et le regard humain sur ces policiers confrontés à l’horreur. Débarrassé de (presque) tout artificiel dramaturgique, La Nuit du 12 est un film qui survole le superficiel pour venir s’harnacher à un réalisme de chaque instant. Réalisme dans le portrait très humain de ces policiers, leur vie, leurs faiblesses, leurs angoisses. Réalisme dans la conduite minutieuse de leur enquête. Réalisme dans la confection des scènes policières ou intimes. Réalisme enfin dans la peinture du système judiciaire défaillant et manquant souvent cruellement de moyens. A l’arrivée, Moll signe un film passionnant, écrit et filmé avec une précision horlogesque. Une œuvre immense et puissante dans un genre pourtant d’ordinaire si balisé.

 

L’AVIS de Bart Sampson

La Nuit du 12 de Dominik Moll (Harry un ami qui vous veut du bien, Seules les bêtes) est un très beau film qui défend avec passion et conviction deux propos différents. Il rend hommage au travail méticuleux de la Police Judiciaire afin de résoudre des « Cold Case », en l’occurrence dans ce film la mort par aspersion d’essence et mise à feu d’une jeune fille (dès le début du film), et en parallèle il propose une réflexion sur la violence faite aux femmes. Comme le dit Anouk Grinberg qui interprète la juge, « il y a quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes ». Le film n’élude aucune vérité parfois tues. Le blues des inspecteurs qui perdent leurs familles à force de s’investir dans leur travail, le cynisme des hommes vis-à-vis des femmes émancipées qui « l’ont bien cherché ». La photographie est admirable (normal puisque Dominik Moll est un disciple de Laurent Cantet) et les acteurs remarquables, avec en tête de liste Bastien Bouillon, un comédien donc on va entendre encore beaucoup parler dans l’avenir. Mention également à un Bouli Lanners magnétique à l’écran.

 

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