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LA LUNE DE JUPITER de Kornél Mundruczó : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Jupiter Holdja
Père : Kornél Mundruczó
Date de naissance : 2017
Majorité : 22 novembre 2017
Type : Sortie en salles
Nationalité : Hongrie
Taille : 2h03 / Poids : NC
Genre
: Drame, Fantastique

 

Livret de famille : Zsombor Jéger, Gyorgy Cserhalmi, Merab Ninidze…

Signes particuliers : Un drame fantastique qui peine à prendre de l’altitude à cause de sa lourdeur.

JUPITER’S DESCENDING

LA CRITIQUE DE LA LUNE DE JUPITER

Résumé : Un jeune migrant se fait tirer dessus alors qu’il traverse illégalement la frontière. Sous le coup de sa blessure, Aryan découvre qu’il a maintenant le pouvoir de léviter. Jeté dans un camp de réfugiés, il s’en échappe avec l’aide du Dr Stern qui nourrit le projet d’exploiter son extraordinaire secret. Les deux hommes prennent la fuite en quête d’argent et de sécurité, poursuivis par le directeur du camp. Fasciné par l’incroyable don d’Aryan, Stern décide de tout miser sur un monde où les miracles s’achètent. 

Le Hongrois Kornél Mundruczó est un enfant de Cannes. Un cinéaste qui y est quasiment né, qui y a grandi, et qui est là, à chaque fois, gravissant une à une les marches rouges, mais pas qu’elles. Parce qu’avec son petit dernier, le drame fantastique La Lune de Jupiter, Mundruczó a aussi gravi les échelles des compétitions. Après plusieurs films présentés dans la section « Un regard Regard » (Johanna en 2005 et l’excellent White Dog en 2014), le voici qui débarque dans le grand bain et vient concourir pour la prestigieuse Palme d’Or. L’année de la confirmation suprême pour le cinéaste engagé de Budapest ? Certainement pas.

Et dire que l’on parlait d’un prix de la mise en scène pour le film alors que Mundruczo se contente de balancer deux-trois plan-séquences totalement gratuits, quelques tours de passe-passe empruntés au Fils de l’homme, et le même motif stylistique recyclé tout au long de son long-métrage. Il aurait fallu oser mais comme Cannes ose tout (le choix du prix à Sofia Coppola n’a pas été digéré par 99% de la Croisette), il y avait de quoi se préparer à une attaque. Avec Jupiter’s Moon, Mundruczó aura signé l’un des plus beaux calvaires de cette édition 2017. Le terme est dur pour un film nourri de nobles ambitions alors qu’il se frotte courageusement à la parabole politique, mais le résultat est tellement abstrait, tellement pompeux, et tellement lourd, qu’il devient difficile de s’abandonner pour dériver au contact de cette illustration fumeuse et foireuse, sentant l’arnaque au génie à des kilomètres. Il est important de prendre le temps pour laisser mûrir le film de Mundruczó, seule solution pour comprendre où le cinéaste souhaitait en venir avec son récit aux allures d’écran de fumée particulièrement déroutant et opaque. Alors que des migrants syriens tentent d’entrer clandestinement en Hongrie, la police des frontières les traque impitoyablement, n’hésitant pas à faire feu et à tuer. Parmi eux, Aryan est touché de plusieurs balles mortelles dans sa fuite. C’est à ce moment-là qu’il entre en lévitation et s’élève inexplicablement dans le ciel, avant de retomber au sol… vivant. Ramené dans un camp de réfugiés, Aryan va être ausculté par le docteur Stern, médecin corrompu tombé en disgrâce après une bourde sur une table d’opération. Ce dernier va être le témoin de ce « miracle ». Un miracle qui va bouleverser ses convictions selon lesquelles la religion est le pire des fléaux sur Terre. Conscient du potentiel de ce pouvoir incroyable, Stern va vouloir utiliser Aryan à des fins mercantiles, avant de rebrousser chemin et d’entamer un douloureux processus de rédemption mystique et surtout moral.

Avec Jupiter’s Moon, Mundruczó attaque frontalement le gouvernement du Premier Ministre hongrois Viktor Orbán, eurosceptique, ultraconservateur borderline, et opposé à toute politique d’accueil des migrants. Utiliser le cinéma de genre pour déployer un film politisé, engagé et rageur, voilà qui avait tout pour plaire à la fois à Cannes et aux cinéphiles amoureux des expériences audacieuses. Mais quel échec ! Au lieu d’approcher ses intentions avec humilité et sincérité, Mundruczó sombre lentement mais sûrement dans le pensum ultra-chargé, à tel point qu’il en deviendrait presque grotesque. Indigeste et pontifiant, Jupiter’s Moon passe complètement à côté de son sujet, tant sur la forme que sur le fond. Le récit (censé être haletant) s’abîme dans une redondance narrative et visuelle tragique, redondance alourdie par des motifs mystico-spiritualo-politiques aussi prétentieux que risibles. De son côté, le propos engagé s’évapore derrière une méthodologie bien trop opaque pour emporter, d’autant que Jupiter’s Moon part dans tous les sens et perd le spectateur sur la route de son chemin de croix passablement pénible. Détaché de toute émotion et connexion avec le spectateur, Jupiter’s Moon finit par vite devenir un espèce d’objet froid, distant, ennuyeux, sinistre et sentencieux, qui provoque le rire à ses. A commencer par son allégorie christique aussi pesante qu’un parpaing de plomb et aussi peu subtile qu’un cake au chocolat de supermarché. Ayran s’élève dans les cieux en ouvrant les bras devant le monde, son père était charpentier. Non mais sérieusement ?!

EXTRAIT :

Par Nicolas Rieux

 

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