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L’ORDRE DES MÉDECINS de David Roux : la critique du film

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La Mondo-Note :

Carte d’identité :
Nom : L’ordre des Médecins
Père : David Roux
Date de naissance : 2018
Majorité : 23 janvier 2019
Type : Sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h33 / Poids : NC
Genre : Drame

Livret de famille : Jérémie Renier, Marthe Keller, Zita Hanrot…

Signes particuliers : La promesse d’une cinéaste à suivre.

UN FILM FORT SUR LE DEUIL

LA CRITIQUE DE L’ORDRE DES MÉDECINS

Synopsis : Simon, 37 ans, est un médecin aguerri. L’hôpital, c’est sa vie. Il côtoie la maladie et la mort tous les jours dans son service de pneumologie et a appris à s’en protéger. Mais quand sa mère est hospitalisée dans une unité voisine, la frontière entre l’intime et le professionnel se brouille. L’univers de Simon, ses certitudes et ses convictions vacillent…

Encore un film sur les médecins et le milieu hospitalier ? Oui et non. Car si L’Ordre des Médecins se passe bien dans un hôpital et si le personnage principal est effectivement un pneumologue d’un grand CHU gérant des cancers à longueur de journée, l’intérêt de cette première réalisation du jeune cinéaste David Roux est ailleurs. Issu d’une famille de docteurs (dont un frère réellement pneumologue aux soins intensifs d’un hôpital), David Roux s’est fondu quelque jours dans ce décor si particulier pour puiser une authenticité devenu le moteur d’écriture de ce premier long né d’une situation qu’il a véritablement vécu, lorsque sa mère fut hospitalisée en urgence dans un service voisin de celui de son frangin. De ses yeux, il a pu assister à un choc entre le professionnel et l’intime, choc devenu le point de départ de son film. Emmené par le trop rare Jérémie Rénier, entouré de Marthe Keller et de Zita Hanrot (à qui Rénier a récemment confié le rôle principal de son long-métrage Carnivores), L’Ordre des Médecins est un premier effort assez remarquable, qui braque au passage les projecteurs sur David Roux, cinéaste à suivre.

Ecrire sur ce que l’on connaît quand on débute une carrière est toujours une bonne idée afin de s’assurer une base de travail que l’on maîtrisera mieux, à condition d’avoir un minimum de talent bien entendu. Et justement, du talent, David Roux semble en avoir à revendre à la découverte de cet Ordre des Médecins, drame aussi poignant que captivant. Un réel talent d’écriture tout d’abord, qui saute aux yeux à travers la finesse qui anime ce premier effort. Finesse dans le portrait dressé des personnages, dans le saisissement à vif des sentiments qui les muent et dans les états psychologiques qu’ils traversent en affrontant des situations compliquées et particulières. Finesse dans la mise en scène aussi, cette première réalisation brillant par son refus de la démonstration facile, de l’orchestration impudique ou du surlignage émotionnel. Poussé par une exigence de vérité, David Roux promène sa caméra dans les couloirs de cet hôpital en s’attachant constamment à une humanité poignante qui prédomine sur tout artifice de mise en scène. Juste d’un bout à l’autre, authentique dans son approche de ces hommes et femmes confrontés à la maladie et à la mort et contraint de se protéger derrière une épaisse carapace émotionnelle, et formidable de subtilité dans la manière dont il rend l’évolution de ses personnages et la complexité de ce qu’ils vivent, L’Ordre des Médecins surpasse le caractère anxiogène de son sujet, lui préférant une pudeur et une sensibilité qui touchent en plein cœur, pour devenir un film universel qui parlera à tous.

Car si le monde médical ne nous est pas forcément familier, David Roux ne va l’exploiter que comme un cadre destiné à renforcer le vrai sujet de fond de son drame bouleversant, à savoir le deuil. Et là, c’est à quelque chose de totalement universel que se frotte le cinéaste avec la peur de la mort inéluctable de nos parents, passage obligé pour tout un chacun, redouté mais pourtant dans l’ordre naturel des choses. Avoir choisi le prisme d’un médecin travaillant dans l’hôpital même où est hospitalisée en urgence sa mère malade, est sans conteste la bonne idée du film. Car si le deuil des parents est un sujet moult fois traité au cinéma, cet angle original lui apporte un regard différent. Habitué à être celui qui soigne, le médecin incarné par un formidable Jérémie Rénier se retrouve dans la peau de celui qui attend, qui affronte, qui angoisse. Sauf que sa position de docteur au sein même de l’établissement le pousse premier spectateur du déclin progressif de sa mère. Une excellente trouvaille de scénario puisque cette dynamique devient vite un moyen d’affirmer ce dont parle vraiment L’Ordre des Médecins : le fait que l’on sera tous, tôt ou tard, spectateur impuissant de la mort de nos parents, et l’angoisse et la douleur seront les mêmes pour tous, que l’on soit médecin, magasinier ou banquier.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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