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BLACK WIDOW de Cate Shortland : la critique du film

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Carte d’identité :
Nom : Black Widow
Père : Cate Shortland
Date de naissance : 2019
Majorité : 07 juillet 2021
Type : sortie en salles
Nationalité : USA
Taille : 2h14 / Poids : NC
Genre : Action, Super-héros

Livret de famille : Scarlett Johansson, Florence Pugh, David Harbour, ray Winstone, Rachel Weisz, William Hurt…

Signes particuliers : Correct et divertissant mais aussi très terne et impersonnel, Black Widow se regarde mais n’emporte rien, à commencer par l’adhésion.

 

LES ADIEUX A SCARLETT JOHANSSON

NOTRE AVIS SUR BLACK WIDOW

Synopsis : Natasha Romanoff, alias Black Widow, voit resurgir la part la plus sombre de son passé pour faire face à une redoutable conspiration liée à sa vie d’autrefois. Poursuivie par une force qui ne reculera devant rien pour l’abattre, Natasha doit renouer avec ses activités d’espionne et avec des liens qui furent brisés, bien avant qu’elle ne rejoigne les Avengers.

La « Phase IV » démarre. Non, on ne parle pas du calendrier de vaccination anti-Covid mais de la Phase IV du Marvel Cinematic Universe. Et c’est Black Widow qui a l’honneur d’en faire le lancement. Une idée étonnante tant le personnage semble appartenir au passé et aux « anciens » Avengers. Précisons que le projet Black Widow avait émergé en 2016 au lendemain de Civil War et avant le dytique Endgame/Infinity War. Logique puisque c’est là que se situe l’action de ce prequel centré sur le personnage incarné par Scarlett Johansson. Vu d’aujourd’hui, Black Widow semble donc sortir au mauvais moment, chose étrange quand on connaît le sens impeccable du timing chéri par Marvel depuis toutes ces années. Sauf que tout est plus complexe que ça. Effectivement, l’intrigue de Black Widow paraît « datée » dans l’univers (tout comme le film cela dit calqué sur des standards d’avant) mais ce qu’elle amène au détour de son histoire, prépare pas mal de choses pour l’avenir. Et le film de se replacer presque logiquement à sa bonne place sans l’être. Le syndrome « Black Widow » au fond, qui n’a jamais vraiment trouvé sa place dans toutes ces pitreries super-héroïques ?

Entre le mouvement féministe qui souffle actuellement sur Hollywood et le fait que Black Widow est probablement le personnage féminin le plus « majeur » du MCU, il était presque logique de voir Marvel en confier la réalisation à une femme. Comme DC l’a fait jadis pour Wonder Woman. Plus surprenant, le nom de Cate Shortland aux commandes du blockbuster, la cinéaste australienne n’ayant pas un bagage très imposant derrière elle (les méconnus Berlin Syndrome ou Lore). Néanmoins, tout aussi « féminin » soit-il devant et derrière la caméra, on ne sent jamais de discours spécifique dans ce Black Widow. Pas plus mal d’un côté (car au fond c’était moins le sujet que dans Captain Marvel) mais dans le même temps symptomatique du problème principal du film de Cate Shortland : son impersonnalité. Black Widow est très générique dans son approche. Là où les Iron Man, Captain America et autres Thor voire même Wanda Vision et Loki côté séries ont une identité narrative et visuelle, Black Widow semble dépourvu de tout, très effacé, très généraliste. On pourra à la limite lui reconnaître une certaine noirceur, quoique Marvel lisse toujours les choses en cours de route pour ne pas glisser dans le « trop sombre ». Par ce qu’il raconte (plus que par la manière dont il le raconte), Black Widow est effectivement plus noir, plus « dur » qu’une bonne partie des autres marvelleries. Mais ça reste assez léger pour insuffler un vrai ton au film et c’est exactement ce qui lui manque, un ton qui en ferait un film « Black Widow » et non juste un « Marvel de plus » semblable à d’autres (tellement semblable qu’à plat, son intrigue est d’ailleurs entièrement construite/copiée sur celle de Captain America : Le Soldat de l’Hiver).

Pour le reste, avouons que Cate Shortland a fait le job pour divertir. De loin, Black Widow n’est pas le pire Marvel vu jusque-là, bien au contraire, même s’il paraît avoir 8-10 ans d’âge par rapport à la production actuelle. Le film est en tout cas plutôt sympathique sur un plan purement « spectacle », avec tous les ingrédients nécessaires pour un divertissement estival de bonne facture. De l’action bien sûr, avec notamment le choix de longues séquences plutôt qu’une accumulation de petites, pas mal d’humour aussi via les personnages de Florence Pugh (la sœur de Natasha Black Widow Romanoff) et surtout de David Harbour (le shériff de Stranger Things qui incarne ici The Red Guardian – la Némésis soviétique de Captain America). Au passage, les deux comédien(ne)s donnent au film son meilleur visage, Florence Pugh par l’intensité et la qualité de son jeu injectant beaucoup d’humanité à ses scènes, et David Harbour par son côté décalé. Et enfin, l’ingrédient pour enrober le gâteau, une tentative d’émotion via le développement d’un lourd passé familial à la sauce Marvel (on aime les pseudo tragédies grecques et autres shakespeareries chez Marvel).

Plein de références le reliant habilement au reste du MCU, Black Widow fait le job sans briller. On regrettera en revanche son assommante longueur. Clairement, le film aurait gagné à s’amputer d’une vingtaine de minutes pour mieux ramasser son histoire et son action plutôt que de s’étendre au risque de voir beaucoup décrocher, notamment dans un final interminable.

Et maintenant ? Place à la suite. Avec Black Widow, Scarlett Johansson a très certainement fait ses adieux à sa longue période Marvel (quoiqu’on sait jamais avec eux). Des adieux pas forcément flamboyants cinématographiquement parlant mais classieux dans la manière dont la comédienne a partagé l’écran avec sa partenaire, l’introduite Florence Pugh (un passage de flambeau ?) et dans la manière dont elle a accepté de se moquer un peu d’elle-même et de son incarnation de Black Widow durant 8 films.

Bilan, Black Widow se regarde comme un pop corn movie honnête qui ne démérite pas… mais qui ne fait aucune étincelle non plus. On s’amuse « un peu », on sourit « un peu », quelques séquences apportent « un peu » d’émotion (merci Florence Pugh encore), Scarlett Johansson a droit à une sortie du MCU avec les honneurs d’un baroud -presque- solo… Mais globalement, le film est un peu trop terne, un peu trop plat, à l’image du personnage finalement, toujours présente mais dont le MCU n’a jamais trop su que faire. Dépourvu de toute créativité, il ne lui reste que son efficacité pour faire ronronner le moteur et la machine. C’est un peu dommage car certaines thématiques étaient intéressantes, car Florence Pugh apporte un vrai plus, parce que l’idée du Red Guardian aurait mérité d’être mieux exploitée. Mais c’était surtout un film d’adieu pour Scarlett Johansson et ce centrage l’empêche d’exprimer au mieux ce qu’il avait pour lui à ses entournures.

BANDE-ANNONCE :

Par Nicolas Rieux

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