Mondociné

AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT de Claire Denis : la critique du film

Partagez cet article
Spectateurs


Nom : Avec amour et acharnement
Mère : Claire Denis
Date de naissance : 2022
Majorité : 31 août 2022
Type : sortie en salles
Nationalité : France
Taille : 1h56 / Poids : NC
Genre : Drame, Romance

Livret de Famille : Juliette BinocheVincent LindonGrégoire Colin

Signes particuliers : De bonnes intentions plombées par le cinéma prétentieux de Claire Denis. 

Synopsis : C’est Paris et c’est déjà l’hiver. Sarah et Jean s’aiment, ils vivent ensemble depuis plusieurs années. C’est un amour qui les rend heureux et plus forts. Ils ont confiance l’un en l’autre. Le désir ne s’est jamais affadi. Un matin, Sarah croise par hasard François son ancien amant, ce François qui lui a présenté Jean, ce François qu’elle a quitté pour Jean sans hésiter.

L’AMOUR FORT, L’AMOUR FOU

NOTRE AVIS SUR AVEC AMOUR ET ACHARNEMENT

Juliette Binoche – Vincent Lindon. Pour son nouveau long-métrage quatre ans après sa fable science-fictionnelle High Life, la réalisatrice Claire Denis filme l’amour fou entre un couple déstabilisé par une personne du passé qui ressurgit. Drame orchestré autour d’un triangle amoureux, Avec Amour et Acharnement avait séduit le festival de Berlin qui l’avait couronné du prix de la mise en scène. Un de plus sur l’étagère de la cinéaste qui, depuis, a raflé le Grand Prix à Cannes pour son film d’après, Stars at Noon.

 

Avec Amour et Acharnement débute bien, magnifiquement bien. Avant de devenir Avec Amour et Délitement. Il y a tout d’abord cette entame, au sublime poétique, probablement l’une des plus belles et des puissantes scènes d’ouverture que l’on verra au cinéma cette année. Un couple qui se câline dans une mer turquoise au son d’une mélodie enivrante. Claire Denis filme l’amour comme une terre de paradis, la beauté et la douceur bercent, enchantent, emportent. Mais du soleil bleu des vacances, on passe le ciel gris parisien. Apres ces images idylliques qui invitent à l’apaisement, Claire Denis infuse au retour à la maison, une mystérieuse tension palpable. On ne sait pas pourquoi, de quoi, d’où elle vient, quelle en est la teneur… Elle s’installe juste, dans l’air, dans la musique, dans les cadrages qui se resserrent sur les visages, dans les dialogues plus secs, dans les silences et les regards. Malheureusement cette entame formidable sera le meilleur visage du nouveau film de la metteur en scène.
Ensuite, Avec Amour et Acharnement tombe dans une étrange inertie, en grande partie faute d’enjeu durant plus d’une heure. Avec sa sensibilité singulière, la cinéaste filme (bien, faut l’admettre) un couple qui semble voguer sur un fil. De loin, on comprend les intentions de Claire Denis, qui scrute l’amour qui rend fou à travers la formation lancinante d’un triangle amoureux. C’est ainsi que l’on perçoit ses personnages, comme des fous pas toujours rationnels dans ce qu’ils font, dans ce qu’ils racontent. Mais c’est dans ce parti pris volontairement extrême justement qu’elle prend un risque et s’abîme. Dans Avec Amour et Acharnement, la folie romanesque de ses personnages est souvent filmée à la lisière du grotesque avec quantité de scènes presque absconses, exagérées pour mieux souligner l’idée mais au risque de basculer dans le ridicule où tout sonne faux. Les échanges sur-dialogués et attitudes sont souvent désarmants de non-sens ou d’étrange fausseté (pseudo-réaliste), comme si Claire Denis s’essayait à l’antinomie en donnant dans la farce tragique pour illustrer la toxicité de l’amour chez des êtres instables. Le décalage devient alors un ton confusant qui perturbe plus qu’il ne séduit, empêchant la formulation de l’émotion.

Avec Amour et Acharnement se veut sensoriel, aimant à susciter l’interrogation, la frustration, le malaise, le vertige voire la terreur quand il prend les oripeaux du film d’épouvante par sa manière de susciter la tension. Clivante comme toujours, Claire Denis y déconstruit les codes et conventions du drame amoureux en choisissant le ressenti psychologique et charnel plutôt que l’explication des motivations de ses personnages, mais elle enferme son film dans une cathédrale chichiteuse où la pureté du geste est balayée par une extrême prétention artistique mal dissimulée. Ses comédiens sont formidables mais les partis pris de mise en scène ne rendent pas toujours justice à leur performance.

Par Nicolas Rieux

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Close
Première visite ?
Retrouvez Mondocine sur les réseaux sociaux